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 Aux jeunes : ne pas se décourager face à l’avenir

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Aux jeunes : ne pas se décourager face à l’avenir Empty
MessageSujet: Aux jeunes : ne pas se décourager face à l’avenir   Aux jeunes : ne pas se décourager face à l’avenir Icon_minitimeVen 10 Mai 2024 - 21:22

Aux jeunes : ne pas se décourager face à l’avenir Cq5dam.web.800.800


Ce vendredi 10 mai 2024, lors des États généraux de la natalité en Italie, le Pape François a pris la parole pour appeler à agir avec réalisme face à la dénatalité générale, non seulement dans ce pays mais partout en Europe. Il a aussi exhorté tous les acteurs, et notamment les gouvernements, à être prévoyants et les jeunes à être courageux, n’hésitant pas à agir à contrecourant malgré les adversités et les problèmes actuels.

Aux participants à la quatrième édition
des États généraux italiens de la natalité :

Distinguées autorités,
Représentants de la société civile,
chers frères et sœurs, chers jeunes et enfants, bonjour !

Il est agréable d'applaudir lorsque quelqu'un dit "bonjour", car souvent nous ne nous saluons pas. C'est beau, l'applaudissement au "bonjour". Et merci à Gianluigi et à tous ceux qui travaillent pour cette initiative. Je suis heureux d'être encore avec vous, car, comme vous le savez, le thème de la natalité me tient à cœur. Chaque cadeau d'un enfant nous rappelle en effet que Dieu a confiance en l'humanité, comme le souligne la devise "Être là, plus jeunes, plus d'avenir". Notre présence n'est pas le fruit du hasard : Dieu nous a voulus, il a un grand et unique projet pour chacun de nous, sans exception. Dans cette perspective, il est important de se rencontrer, de travailler ensemble pour promouvoir la natalité avec réalisme, vision à long terme et courage. Je voudrais réfléchir un peu sur ces trois mots-clés.

Premièrement : le réalisme. Dans le passé, il n'a pas manqué d'études et de théories qui mettaient en garde contre le nombre d'habitants sur Terre, car la naissance de trop nombreux enfants aurait créé des déséquilibres économiques, un manque de ressources et de la pollution. J'ai toujours été frappé de constater comment ces thèses, désormais datées et depuis longtemps dépassées, parlaient des êtres humains comme s'ils étaient des problèmes. Mais la vie humaine n'est pas un problème, c'est un cadeau. Et à la base de la pollution et de la faim dans le monde, il n'y a pas les enfants qui naissent, mais les choix de ceux qui ne pensent qu'à eux-mêmes, la folie d'un matérialisme débridé, aveugle et envahissant, d'un consumérisme qui, tel un virus maléfique, attaque à la racine l'existence des personnes et de la société. Le problème n'est pas combien nous sommes dans le monde, mais quel monde nous construisons - c'est là le problème -; ce ne sont pas les enfants, mais l'égoïsme, qui crée des injustices et des structures de péché, jusqu'à entrelacer des dépendances malsaines entre systèmes sociaux, économiques et politiques. L'égoïsme rend sourd à la voix de Dieu, qui aime en premier et enseigne à aimer, et à la voix des frères qui sont à nos côtés; il anesthésie le cœur, nous fait vivre de choses, sans plus comprendre pour quoi; il pousse à avoir tant de biens, sans plus savoir faire le bien. Et les maisons se remplissent d'objets et se vident d'enfants, devenant des lieux très tristes (cf. Homélie de la Messe pour la communauté catholique congolaise, 1er décembre 2019). Il ne manque pas de petits chiens, de chats..., ceux-là ne manquent pas. Ce qui manque, ce sont les enfants. Le problème de notre monde n'est pas les enfants qui naissent : ce sont l'égoïsme, le consumérisme et l'individualisme, qui rendent les gens rassasiés, seuls et malheureux.

Le nombre de naissances est le premier indicateur de l'espoir d'un peuple. Sans enfants et jeunes, un pays perd son désir de futur. En Italie, par exemple, l'âge moyen est actuellement de quarante-sept ans – mais il y a des pays du centre de l'Europe où l'âge moyen est de vingt-quatre ans – et on continue à enregistrer de nouveaux records négatifs. Malheureusement, si nous devions nous baser sur cette donnée, nous serions obligés de dire que l'Italie perd progressivement son espoir dans demain, comme le reste de l'Europe : le Vieux Continent se transforme de plus en plus en un continent vieux, fatigué et résigné, si occupé à exorciser les solitudes et les angoisses qu'il ne sait plus goûter, dans la civilisation du don, la vraie beauté de la vie. Et il y a une donnée qui m'a été dite par un démographe. En ce moment, les investissements qui rapportent le plus sont l'industrie des armes et les contraceptifs. Les uns détruisent la vie, les autres empêchent la vie. Et ce sont là les investissements qui rapportent le plus. Quel avenir nous attend ? C'est laid.

Malgré tant de paroles et tant d'engagement, on n'arrive pas à inverser la tendance. Pourquoi ? Parce qu'on ne parvient pas à freiner cette hémorragie de vie ?

La question est complexe, mais cela ne peut et ne doit pas devenir un alibi pour ne pas l'affronter. Il faut de la vision à long terme, qui est le deuxième mot-clé. Au niveau institutionnel, des politiques efficaces, des choix courageux, concrets et à long terme sont nécessaires, pour semer aujourd'hui afin que les enfants puissent récolter demain. Un engagement plus important de tous les gouvernements est nécessaire, afin que les jeunes générations soient mises en mesure de réaliser leurs légitimes rêves. Il s'agit de mettre en œuvre des choix sérieux et efficaces en faveur de la famille. Par exemple, mettre une mère dans la condition de ne pas avoir à choisir entre travail et soin des enfants ; ou encore libérer de nombreux jeunes couples du poids de la précarité professionnelle et de l'impossibilité d'acheter une maison.

Il est également important de promouvoir, au niveau social, une culture de la générosité et de la solidarité intergénérationnelle, pour réviser les habitudes et les modes de vie, en renonçant à ce qui est superflu dans le but de donner aux plus jeunes un espoir pour demain, comme cela se fait dans de nombreuses familles. N'oublions pas : l'avenir des enfants et des petits-enfants se construit aussi avec les dos douloureux de années de labeur et avec les sacrifices cachés des parents et grands-parents, dans l'étreinte desquels se trouve le don silencieux et discret du travail d'une vie entière. Et d'autre part, la reconnaissance et la gratitude envers eux de la part de ceux qui grandissent sont la réponse saine qui, comme l'eau mêlée au ciment, rend la société solide et forte. Ce sont les valeurs à soutenir, c'est la culture à diffuser, si nous voulons avoir un demain.

Troisième mot : courage. Et ici je m'adresse particulièrement aux jeunes. Je sais que pour beaucoup d'entre vous, l'avenir peut paraître inquiétant, et que face à la dénatalité, aux guerres, aux pandémies et aux changements climatiques, il n'est pas facile de maintenir vivante l'espérance. Mais ne vous résignez pas, ayez confiance, car le demain n'est pas quelque chose d'inéluctable : nous le construisons ensemble, et dans cet "ensemble" nous trouvons d'abord le Seigneur. C'est Lui qui, dans l'Évangile, nous enseigne ce "mais je vous dis" qui change les choses (cf. Mt 5,38-48) : un "mais" qui sent le salut, qui prépare un "hors schéma", une rupture. Faisons nôtre ce "mais", tous, ici et maintenant. Ne nous résignons pas à un scénario déjà écrit par d'autres, mettons-nous à ramer pour inverser la route, même au prix d'aller à contre-courant ! Comme le font les mamans et les papas de la Fondation pour la Natalité, qui organisent chaque année cet événement, ce "chantier d'espérance" qui nous aide à réfléchir, et qui grandit, impliquant de plus en plus le monde de la politique, des entreprises, des banques, du sport, du spectacle et du journalisme.

Mais l'avenir ne se construit pas seulement en faisant des enfants. Il manque une autre partie très importante : les grands-parents. Aujourd'hui, il y a une culture qui cache les grands-parents, les envoie à la maison de retraite. Maintenant, c'est un peu changé à cause de la retraite – malheureusement c'est ainsi –, mais la tendance est là : écarter les grands-parents. Je me souviens d'une histoire intéressante. Il y avait une belle famille, où le grand-père vivait avec eux. Mais avec le temps, le grand-père a vieilli, et puis quand il mangeait, il se salissait... Alors le père a fait construire une petite table, dans la cuisine, pour que le grand-père y mange, ainsi ils pouvaient inviter des gens. Un jour, le père rentre à la maison et trouve l'un des petits enfants qui travaillait avec le bois. "Que fais-tu ?" - "Une petite table, papa" - "Mais pourquoi ?" - "Pour toi, pour quand tu seras vieux". S'il vous plaît, n'oubliez pas les grands-parents ! Quand moi, dans l'autre diocèse, je visitais beaucoup les maisons de retraite, je demandais aux grands-parents – je pense à un cas – : "Combien d'enfants avez-vous ?" - "Beaucoup" - "Ah, bien. Et viennent-ils vous rendre visite ?" - "Oui oui, ils viennent toujours". Puis, à la sortie, l'infirmier me disait : "Ils ne viennent jamais". Les grands-parents seuls. Les grands-parents écartés. C'est un suicide culturel ! L'avenir est fait par les jeunes et les vieux ensemble ; le courage et la mémoire, ensemble. S'il vous plaît, en parlant de natalité, qui est l'avenir, parlons aussi des grands-parents, qui ne sont pas le passé : ils aident l'avenir. S'il vous plaît, ayons des enfants, beaucoup, mais prenons aussi soin des grands-parents ! C'est très important.

Chers amis, je vous remercie pour ce que vous faites, merci à vous tous. Merci à toi pour ton courage. Je suis proche de vous et vous accompagne avec ma prière. Et s'il vous plaît, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi. Mais priez pour, pas contre ! Merci.

Ce "pour et non contre" je le dis parce qu'une fois, je terminais une audience et là, à vingt mètres, il y avait une dame, une petite vieille dame, aux yeux très beaux. Elle a commencé à dire : "Viens, viens !". Sympathique. Je me suis approché : "Madame, comment vous appelez-vous ?" – elle m'a dit son nom – "Et quel âge avez-vous ?" – "87" – "Mais que faites-vous, que mangez-vous pour être aussi forte ?" – "Je mange des raviolis, je les fais moi-même". Et elle m'a donné la recette des raviolis. Et puis je lui ai dit : "Madame, s'il vous plaît, priez pour moi" – "Je le fais tous les jours". Et moi, pour plaisanter, je lui ai dit : "Mais priez pour, pas contre !". Et la vieille dame, en souriant, m'a dit : "Faites attention, Père ! Contre, ils prient là-dedans". Maline ! Un peu anticléricale. Et s'il vous plaît : pour, pas contre, pour.

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[1] cf. S. Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis (1987), 36-37; Catéchisme de l'Église Catholique, n. 1869.
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Source : www.vatican.va[/size]
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