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Messages : 5949 Date d'inscription : 17/03/2013
| Sujet: Voyage apostolique à Singapour : Conférence de presse du Saint-Père au cours du vol de retour Ven 20 Sep 2024 - 14:50 | |
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Matteo Bruni
Nous y voilà. Bonjour, Votre Sainteté. Merci pour ces jours - beaucoup de jours - de voyage. Merci aussi de nous faire ressentir la joie des gens plus que notre fatigue. Et maintenant, quelques questions des journalistes qui ont voyagé avec vous. Les premières, comme le veut la tradition.
Pape François
Tout d'abord, je tiens à vous remercier tous pour ce travail, pour cette compagnie au cours du voyage, qui est très importante pour moi. Ensuite, je voudrais féliciter la « doyenne », car Valentina Alazraki fait son 160e voyage avec celui-ci ! Je ne lui dirai pas qu'elle doit prendre sa retraite, mais qu'elle doit continuer !
Maintenant, posez vos questions. Et merci beaucoup !
Matteo Bruni
Bien. La première question est posée par une journaliste de Singapour, Votre Sainteté : Pei Ting Wong (The Streits Times). Elle posera sa question en anglais et je la traduirai pour vous.
Pei Ting Wong (The Streits Times)
Pape François, je suis heureux que vous alliez bien au moment de votre retour à Rome. J'espère que vous avez apprécié votre visite à Singapour et la nourriture locale. Nous venons de vivre l'expérience de Singapour et nous pouvons partir de là. D'une manière générale, qu'avez-vous apprécié le plus à Singapour : la culture, les gens ? Avez-vous été surpris par ce que vous avez vu ? Et que peut apprendre Singapour des trois autres pays que nous avons visités, en particulier de votre message sur la compensation équitable pour les travailleurs migrants à faibles revenus : qu'est-ce qui a inspiré ce message, quelle était la réflexion qui le sous-tendait ? Et l'autre question - excusez-moi, j'en ai une autre - : vous avez dit que Singapour avait un rôle très spécial à jouer sur la scène internationale. Que peut faire Singapour dans ce monde de conflits, et comment le Vatican, en tant qu'allié diplomatique, peut-il y contribuer ? Je vous remercie.
Pape François
Je vous remercie. Tout d'abord, je ne m'attendais pas à trouver Singapour dans cet état. Certains l'appellent le New York de l’Orient : un pays développé, propre, des gens polis, une ville avec de grands gratte-ciel et aussi une grande culture interreligieuse. La réunion interreligieuse à laquelle j'ai assisté à la fin était un modèle, un modèle de fraternité. Ensuite, j'ai également vu, en parlant des migrants, des gratte-ciel pour les travailleurs. Les gratte-ciel luxueux et les autres sont bien faits et propres, et j'ai beaucoup aimé cela. Je n'ai pas senti de discrimination, je ne l'ai pas sentie. J'ai été impressionné par la culture. Avec les étudiants, par exemple, le dernier jour : je suis resté impressionné par la culture. Le rôle international : j'ai vu que la semaine prochaine il y a une “Formule 1”, je crois... Le rôle international est celui d'une capitale qui attire les cultures et c'est important. C'est une grande capitale. Je ne m'attendais pas à trouver quelque chose comme ça.
Pei Ting Wong
Il y a l'autre question : Singapour peut-elle tirer des enseignements des trois pays - Papouasie-Nouvelle-Guinée, Indonésie et Timor-Oriental ?
Pape François
Vous savez, on peut toujours apprendre quelque chose, car chaque personne et chaque pays ont une richesse différente. C'est pourquoi la fraternité dans la communication est importante. Par exemple, quand je pense au Timor-Oriental, j'ai vu beaucoup d'enfants là-bas, alors qu'à Singapour, je n'en ai pas vu autant. C'est peut-être une chose à apprendre...
Pei Ting Wong
Oui, nous avons un faible taux de natalité.
Pape François
Ont-ils peur ? Quel est votre taux de natalité ?
Pei Ting Wong
Moins de 1,2 %, moins que le Japon, pour autant que je sache.
Pape François
L'avenir, ce sont les enfants ! Pensez-y. Je vous remercie. Oh, encore une chose : vous, les Singapouriens, vous êtes si sympathiques. You smile, smile…
Matteo Bruni
La deuxième question, Votre Sainteté, est posée par Delfim De Oliveira, journaliste à GMN TV au Timor-Oriental. Il posera sa question en portugais, mais nous en avons la traduction.
Delfim De Oliveira, GMN TV (Grupo Média Nacional) du Timor-Oriental
Saint-Père, je vous remercie pour cette opportunité. Votre dernier message lors de la messe à Taci Tolu est la nouvelle la plus populaire actuellement au Timor. Vous avez utilisé l'expression “crocodiles” pour attirer l'attention des Timorais sur la présence de crocodiles au Timor oriental. Que vouliez-vous dire par là?
Pape François
J'ai pris l'image de crocodiles qui viennent sur la plage. Le Timor-Oriental a une culture simple, familiale, joyeuse, une culture de la vie, il a beaucoup d'enfants, beaucoup, et moi, quand je parlais des crocodiles, je parlais des idées qui peuvent venir de l'extérieur pour ruiner cette harmonie que vous avez. Je vous dis une chose : je suis tombé amoureux du Timor-Oriental ! Une autre chose ?...
Delfim De Oliveira, GMN TV (Grupo Média Nacional)
Le peuple timorais est majoritairement catholique ; à l'heure actuelle, il y a une forte présence de sectes au Timor-Oriental : l'expression “crocodiles” pourrait-elle également faire référence aux sectes présentes au Timor ?
Pape François
Peut-être. Je n'en parle pas, je ne peux pas, mais cela pourrait être le cas. Parce que toutes les religions doivent être respectées, mais une distinction est faite entre la religion et la secte. La religion est universelle, n'importe quelle religion ; la secte est restrictive, c'est un petit groupe qui a toujours une autre intention. Merci et bravo à votre pays.
Matteo Bruni
La troisième question est posée par Francisca Christy Rosana (Tempo Media Group), une journaliste indonésienne qui, comme vous le savez, a fêté son anniversaire il y a quelques jours.
Francisca Christy Rosana (Tempo Media Group)
Merci, Pape François : je suis Francisca, du magazine Tempo. J'espère que vous avez passé un moment inoubliable en Indonésie, car les habitants du pays, et pas seulement les catholiques, vous attendaient depuis longtemps. Mes questions sont les suivantes : nous avons réalisé que le pays se bat encore pour la démocratie. Quelle est votre impression et quel est votre message pour nous ? Et la dernière question : la Papouasie et l'Indonésie ont parfois le même problème que la Papouasie-Nouvelle-Guinée : les investissements dans le secteur minier sont réservés aux oligarques et, pendant ce temps, les locaux et les autochtones ne profitent pas des avantages de cette activité. Qu'en pensez-vous et que peut-on faire pour y remédier ? Merci, Pape François.
Pape François
Je dirais qu'il s'agit d'un problème commun aux pays en voie de développement. C'est pourquoi ce que dit la doctrine sociale de l'Église est important : il doit y avoir une communication entre les différents secteurs de la société. Vous avez dit que l'Indonésie est un pays en voie de développement, et peut-être que l'une des choses qui doit être développée est précisément cela : la relation sociale. Mais j'ai été heureux de cette visite dans votre pays. Très bien, très beau !
Matteo Bruni
Votre Sainteté, la presse de Papouasie-Nouvelle-Guinée a suivi votre voyage avec beaucoup d'intérêt, mais il ne vous a malheureusement pas été possible d'avoir un journaliste sur ce vol. Je voudrais donc profiter de cette occasion pour vous demander si vous avez quelque chose à nous dire sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en particulier sur Vanimo, un endroit où, je pense, vous vouliez personnellement vous rendre.
Pape François
J'ai aimé le pays et j'ai vu un pays en voie de développement fort. Ensuite, j'ai voulu aller à Vanimo pour trouver un groupe de prêtres et de religieuses argentins qui y travaillaient, et j'ai vu une très belle organisation, très belle ! Dans tous les pays, l'art est très développé : danses, autres expressions poétiques... Mais en Papouasie-Nouvelle-Guinée, c'est impressionnant, et à Vanimo, le développement de l'art est impressionnant. Cela m'a beaucoup impressionné. Les missionnaires que j'ai visités sont dans la forêt, ils vont dans la forêt pour travailler. J'ai aimé Vanimo, et le pays aussi. Je vous remercie.
Matteo Bruni
Merci, Votre Sainteté. La question suivante est posée par Stefania Falasca, qui écrit également pour un site web en Chine (Tianou Zhiku).
Stefania Falasca (Tianou Zhiku)
Bonsoir, Saint-Père. Malheureusement, je ne parle pas chinois ! Nous venons de Singapour, un pays dont la population est majoritairement chinoise et qui est un modèle de coexistence harmonieuse et pacifique. Et justement, à propos de la paix, je voulais savoir ce que vous pensiez, étant donné la proximité aussi avec la Chine continentale, des efforts déployés par la Chine pour obtenir un cessez-le-feu dans les régions en conflit, comme la bande de Gaza : en juillet, la “Déclaration de Pékin” a été signée à Pékin pour mettre fin aux divisions entre les Palestiniens. Et puis, s'il y a une possibilité de collaboration pour la paix entre la Chine et le Saint-Siège. Une dernière chose : nous sommes proches du renouvellement de l'accord Chine-Saint-Siège sur la nomination des évêques. Êtes-vous satisfait ou non des résultats du dialogue jusqu'à présent ?
Pape François
Je commencerai par la dernière : je suis content des dialogues avec la Chine, le résultat est bon, même pour la nomination des évêques, nous travaillons avec bonne volonté. Et pour cela, j'ai entendu la Secrétairerie d'État me dire comment les choses se passaient : je suis content. L'autre chose, c'est la Chine : pour moi, la Chine est ilusión [un désir], en ce sens que j'aimerais visiter la Chine, parce que c'est un grand pays ; j'admire la Chine, je respecte la Chine. C'est un pays avec une culture millénaire, une capacité de dialogue, de compréhension mutuelle qui va au-delà des différents systèmes de gouvernement qu'il a connus. Je crois que la Chine est une promesse et une espérance pour l'Église. La collaboration est possible, et certainement pour les conflits. Actuellement, le cardinal Zuppi va dans cette direction et entretient également des relations avec la Chine.
Matteo Bruni
Merci Votre Sainteté. La question suivante est posée par Anna Matranga (CBS News), qui vous connaissez.
Anna Matranga (CBS News)
Bonsoir, Votre Sainteté. Vous avez toujours défendu la dignité de la vie. Au Timor oriental, un pays où le taux de natalité est très élevé, vous avez dit que vous sentiez la vie palpiter et exploser en raison du grand nombre d'enfants. À Singapour, vous avez pris la défense des travailleurs migrants. En vue des prochaines élections aux États-Unis, je voudrais vous demander : quel conseil pouvez-vous donner à un électeur catholique qui doit choisir entre un candidat favorable à l'interruption de grossesse et un autre qui voudrait expulser 11 millions d'immigrés ?
Pape François
Tous deux sont contre la vie, que ce soit celui qui jette les migrants ou celui qui tue les enfants. Les deux sont contre la vie. Je ne peux pas décider, je ne peux pas dire, je ne suis pas américain, je ne vais pas voter là-bas, mais soyons clairs : renvoyer les migrants, ne pas leur donner la possibilité de travailler, ne pas les accueillir, c'est un péché, c'est grave. Dans l'Ancien Testament, il y a un refrain : l'orphelin, la veuve et l'étranger, c'est-à-dire le migrant. Ce sont les trois que le peuple d'Israël doit garder. Celui qui ne garde pas le migrant, fait un manquement, commet un péché, un péché aussi contre la vie de ces gens. J'ai célébré la messe à la frontière, près du diocèse d'El Paso, et il y avait beaucoup de chaussures de migrants qui ont mal fini, là. Aujourd'hui, il y a un flux de migrants en Amérique centrale qui sont souvent traités comme des esclaves, parce qu'on profite d'eux. La migration est un droit, un droit qui existait déjà dans l'Écriture Sainte, dans l'Ancien Testament. L'étranger, l'orphelin et la veuve : il ne faut pas l'oublier. Voilà ce que je pense des migrants. Ensuite, l'avortement. La science dit qu'un mois après la conception, il y a tous les organes d'un être humain, tous. Avorter, c'est tuer un être humain. Que vous aimiez le mot ou non, il s'agit bien d'un meurtre. Cela. L'Église n'est pas fermée parce qu'elle n'autorise pas l'avortement : l'Église n'autorise pas l'avortement parce que c'est tuer, c'est un assassinat, c'est un assassinat. Et sur ce point, nous devons être clairs. Renvoyer des migrants, ne pas les laisser se développer, ne pas les laisser vivre, c'est mal, c'est de la méchanceté. Expulser un bébé du sein de sa mère est un meurtre, parce qu'il y a une vie. Et dans ces domaines, nous devons parler clairement. “Non, mais, cependant... ”. Pas de “mais”. Les deux choses sont claires. L'orphelin, l'étranger et la veuve : ne l'oublions pas.
Anna Matranga (CBS News)
Peut-il y avoir des circonstances dans lesquelles il est moralement permis à un catholique de voter pour un candidat qui est favorable à l'avortement ?
Pape François
En morale politique, on dit généralement que ne pas voter est un mal, pas un bien : il faut voter. Et il faut choisir le moindre mal. Qui est le moindre mal, cette dame ou ce monsieur ? Je ne sais pas, tout le monde doit réfléchir en conscience et faire cela.
Matteo Bruni
Merci, Votre Sainteté. La question suivante est posée par Mimmo Muolo, de “Avvenire”.
Mimmo Muolo, Avvenire
Bonsoir, Votre Sainteté, et merci pour ces journées. Au nom des journalistes italiens, je voudrais vous demander : il y a un risque que le conflit de Gaza s'étende à la Cisjordanie et il y a eu une explosion il y a quelques heures qui a tué 18 personnes, y compris des travailleurs de l'ONU. Quels sont vos sentiments en ce moment ? Et qu'avez-vous envie de dire aux belligérants ? Existe-t-il une possibilité de médiation du Saint-Siège pour parvenir à un cessez-le-feu et à la paix espérée ? Je vous remercie.
Pape François
Le Saint-Siège y travaille. Je vous dis une chose : chaque jour, j'appelle la paroisse de Gaza. Là-bas, dans la paroisse et dans le collège, il y a 600 personnes : des chrétiens et des musulmans, mais ils vivent comme des frères. Ils me racontent des choses graves, des choses difficiles. Je ne peux pas qualifier si cette action de guerre est trop sanglante ou non, mais de grâce, quand on voit les corps des enfants tués, quand on voit qu'en présumant que des combattants sont là, on bombarde une école : c'est mal, c'est mal ! Parfois, on dit qu'il s'agit d'une guerre défensive ou non, mais souvent, je pense qu'il s'agit d'une guerre de trop, de trop... Et - je suis désolé de le dire - mais je ne trouve pas que des mesures soient prises pour faire la paix. Par exemple, à Vérone, j'ai vécu une très belle expérience : un juif, dont la femme était morte dans un bombardement, et un habitant de Gaza, dont la fille était morte, ont tous deux parlé de paix, se sont embrassés et ont donné un témoignage de fraternité. Je dirai ceci : la fraternité est plus importante que le meurtre d'un frère. Fraternité, se donner la main. À la fin, celui qui gagne la guerre trouvera une grande défaite. La guerre est toujours une défaite, toujours, sans exception. Nous ne devons pas l'oublier. C'est pourquoi tout ce qui est fait pour la paix est important. Je voudrais également dire une chose - c'est un peu m’immiscer en politique, mais je tiens à le dire - : je suis très, très reconnaissant au roi de Jordanie pour ce qu'il fait. C'est un homme de paix et il essaie de faire la paix, le roi Abdallah est un homme bien, bon.
Matteo Bruni
La question suivante est posée par Lisa Weiss de la chaîne de télévision allemande ARD
Lisa Weiss, ARD
Saint-Père, merci pour ces journées. Au cours de ce voyage, vous avez parlé très ouvertement, de manière très directe, des problèmes de chaque pays, et pas seulement de ses beautés. C'est précisément pour cette raison que nous nous sommes demandés pourquoi vous n'avez pas parlé du problème de la peine de mort qui existe encore à Singapour.
Pape François
C'est vrai, oui, cela ne m'est pas venu à l'esprit. Mais la peine de mort ne fonctionne pas : lentement, nous devons essayer de nous en débarrasser, lentement. De nombreux pays possèdent cette loi, mais n'exécutent pas la sentence. Aux États-Unis, c'est la même chose pour certains États. Mais la peine de mort doit être abolie. Ce n’est pas bien, ce n’est pas bien.
Matteo Bruni
La question suivante est posée par Simon Leplâtre du journal Le Monde.
Simon Leplâtre, Le Monde
Saint-Père, je tiens tout d'abord à vous remercier pour ce voyage fascinant. Au Timor-Oriental, vous avez parlé des jeunes victimes d'abus sexuels. Naturellement, j'ai pensé à Mgr Belo. En France, nous avons un cas similaire, celui de l'abbé Pierre, fondateur de l'association de bienfaisance Emmaüs, longtemps la figure préférée des Français. Dans les deux cas, le charisme de ces deux personnes a rendu beaucoup plus difficile à croire ce qui s'est passé. Je voudrais vous demander : que savait le Vatican au sujet de l'abbé Pierre et que pourriez-vous dire à toutes ces personnes qui ont du mal à croire qu'une personne qui a fait tant de bien puisse aussi avoir commis des crimes ? En parlant de la France, j'aimerais savoir : Serez-vous à Paris à l'occasion de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame ? Merci beaucoup.
Pape François
Je réponds d'abord à la dernière : je n'irai pas à Paris. Ensuite, la première. Vous avez touché un point très douloureux, très délicat. Des gens bien, des gens qui font le bien - vous avez parlé de l'abbé Pierre - et puis, après avoir fait tant de bien, on s'aperçoit que cette personne est un vilain pécheur. C'est notre condition humaine. Nous ne devons pas dire “couvrons, couvrons, pour que cela ne se voie pas”. Les péchés publics sont publics et doivent être condamnés. Par exemple, l'abbé Pierre est un homme qui a fait beaucoup de bien, mais c'est aussi un pécheur. Nous devons parler clairement de ces choses, et non les cacher. Nous devons tous travailler contre les abus, mais pas seulement contre les abus sexuels, contre tous les types d'abus : abus sociaux, abus éducatifs, changement de mentalité, privation de liberté... Les abus sont, à mon avis, une chose démoniaque, parce que tous les types d'abus détruisent la dignité de la personne, tous les types d'abus tentent de détruire ce que nous sommes tous : l'image de Dieu. Je suis heureux lorsque ces cas surgissent. Et je vais vous dire quelque chose, que j'ai peut-être déjà dit une autre fois : il y a cinq ans, nous avons eu une réunion avec les présidents des conférences épiscopales sur les cas d'abus sexuels et d'autres types d'abus, et nous avons eu une statistique très bien faite, je crois des Nations unies. Quarante-deux à quarante-six pour cent des abus se produisent au sein de la famille ou du voisinage... [interruption] Pour terminer : les abus sexuels sur les enfants, sur les mineurs sont un crime, c'est une honte.
Matteo Bruni
Peut-être, en raison des instructions du commandant de bord, devrions-nous nous asseoir un moment. Si vous voulez reprendre, nous pouvons nous asseoir ici. Entre-temps, nous pouvons peut-être passer à une autre question posée par Elisabetta Piqué, du journal La Naciòn, que vous connaissez bien.
Elisabetta Piqué, La Naciòn
Tout d'abord, merci pour ce beau voyage au bout du monde : il a été le plus long du pontificat. Et en parlant de longs voyages, tout au long de ce voyage, de nombreux collègues m'ont demandé : « Mais allons-nous en Argentine ? ». Vous avez dit à plusieurs reprises que peut-être à la fin de l'année... C'est la première question : allons-nous en Argentine ou pas ? Et la deuxième, sur le Venezuela : comme vous le savez, la situation est dramatique ; au moment où vous étiez en voyage, le président théoriquement élu a dû s'exiler en Espagne. Quel message donneriez-vous au peuple vénézuélien ? Je vous remercie.
Pape François
Je n'ai pas suivi la situation au Venezuela, mais le message que je donnerais aux dirigeants est de dialoguer et de faire la paix. Les dictatures ne servent à rien et finissent mal, tôt ou tard. Lisez l'histoire de l'Église. Je dirais que le gouvernement et le peuple doivent tout faire pour trouver un chemin de paix, pour le Venezuela. Je ne peux pas donner un avis politique car je ne connais pas les détails. Je sais que les évêques ont parlé et que leur message doit être meilleur. Par ailleurs, la question de savoir si j'irai en Argentine n'a pas encore été décidée. J'aimerais y aller, c'est mon peuple, j'aimerais y aller ; mais ce n'est pas encore décidé, parce qu'il y a plusieurs choses à résoudre d'abord. C'est tout?
Elisabetta Piqué, La Naciòn
Du groupe espagnol, au cas où vous partiriez, serait-il possible de faire une escale aux Canaries ?
Pape François
Vous avez lu dans mes pensées. Je pense un peu à cela : aller aux îles Canaries, parce qu'il y a là-bas des situations de migrants qui viennent de la mer, et j'aimerais être proche des dirigeants et des habitants des Canaries. Voilà ce qu'il en est.
Matteo Bruni
Votre Sainteté, nous pouvons peut-être poser une dernière question avant le déjeuner, de la part d'un journaliste indonésien, Bonifasius Josie Susilo Hardianto, de Kompas.Id.
Bonifasius Josie Susilo Hardianto, Kompas.Id
Merci, Saint-Père. Certains pays se retirent de leur engagement pris dans le cadre de l'Accord de Paris, en raison de difficultés économiques, notamment après la pandémie. De nombreux pays hésitent à faire la transition vers des énergies propres, moins basées sur les énergies fossiles. Que pensez-vous de cette situation?
Pape François
Je pense que le problème du climat est grave, très grave. Depuis Paris, qui était le point culminant, les réunions sur le climat se sont dégradées. On parle, on parle mais on n'agit pas. C'est mon impression. J'en ai parlé dans mes deux écrits, Laudato si’ et Laudate Deum.
Matteo Bruni
Nous remercions votre Sainteté...
Pape François
Merci à vous. Merci. Et allez-y, courage. Espérons qu'ils nous donnent à manger maintenant !...
Non, il y a une chose à laquelle je n'ai pas répondu...
Matteo Bruni
Pour compléter la réponse à Simon Leplâtre :
Pape François
Ce que le Vatican savait sur l'abbé Pierre. Je ne sais pas quand le Vatican en a eu connaissance, je ne le sais pas. Je ne le sais pas parce que je n'étais pas là et que je n'ai jamais eu l'idée de faire des recherches à ce sujet. Mais après sa mort, sûrement ; avant, je ne sais pas.
Matteo Bruni
Merci encore, Votre Sainteté, pour cette clarification. Bonne fin de voyage. --------------------------- Source : www.vatican.va | |
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