Ce jeudi 28 mars 2024, dans un message adressé aux catholiques du diocèse de Sonsonate, au Salvador, le Pape François a encouragé les fidèles ayant une dévotion pour la célèbre statue de Jésus le Nazaréen, à glorifier Dieu dans leur service à la famille et à la société.
Message du Saint-Père à l'occasion du 420e anniversaire
de la Confrérie de Jésus Nazaréen de Sonsonate (El Salvador) :
À Son Excellence Révérendissime
Mgr Constantino Barrera
Évêque de Sonsonate
et à tous les dévots de Jésus Nazaréen
Chers frères et sœurs,
Je vous remercie de m'avoir associé à la commémoration de l'arrivée de l'image du Jésus Nazaréen dans ces terres en 1604, et de m'avoir donné l'occasion de me joindre à votre célébration en ce Vendredi Saint solennel.
Il est significatif de voir comment le Seigneur se sert de notre pauvre langage pour nous faire parvenir le message divin. Aujourd'hui encore, nous attendons, comme l'ont fait nos ancêtres il y a plus de 400 ans, de voir apparaître l'image du Jésus Nazaréen. Mais que voulons-nous voir ? Une belle statue ? Une œuvre d'art précieuse ? L'agitation de la foule ? Rien de tout cela, comme chaque année, si nous nous penchons à la porte de nos maisons, c'est pour voir Jésus arriver, rappelant d'une certaine manière l'attitude du Peuple d'Israël, quand chacun, à l'entrée de sa tente, suivait du regard Moïse allant à la rencontre de la Gloire de Dieu (cf. Ex 33, 8 ).
Comme Moïse, nous aussi pouvons monter en la présence du Seigneur pour converser avec Lui, "face à face, comme un homme parle avec un ami" (cf. 11). Nous pouvons le faire dans la prière, si nous imitons sa foi. Dans cette prière, Moïse demandait au Seigneur quelque chose que nous aussi cherchons, qu'Il "lui indique sa voie" (cf. Ex 33, 13). Dieu lui promit : "Je marcherai avec toi et je te donnerai le repos" (v. 14), et avec cette confiance le prophète traversa le désert. Cependant, Dieu étant si grand, Moïse n'eut pas l'occasion de voir son visage (cf. v. 20) et face aux épreuves de la vie, sa confiance fut souvent ébranlée. Nous, en revanche, nous pouvons contempler le visage divin et sentir ses pieds marcher à nos côtés. C'est cette promesse que Dieu nous fait quand le Nazaréen dévie ses pas pour entrer dans notre quartier, traverser notre rue et s'arrêter à la porte de nos maisons. Son regard d'amour dépouillé nous scrute et nous interpelle, comme il le fait avec saint Pierre, en nous disant : "M'aimes-tu ?" (cf. Lc 22, 61 ; Jn 21, 15-17).
Frères, malgré notre indignité, nos ingratitudes continuelles, répondons-lui toujours avec générosité : "Seigneur, tu sais que je t'aime". Car, en répondant ainsi, nous revivons dans notre vie l'attitude des Israélites, qui restaient "prosternés", chacun à l'entrée de sa tente, quand la Gloire de Dieu descendait sur eux (cf. 10). Dans cette attitude d'adoration, montrons-nous dociles aux mouvements de son Esprit qui, comme la nuée de feu, guide nos pas dans ce désert (cf. Ex 40, 37).
Que ce serait triste si chaque année, en ce Vendredi Saint, nos cœurs restaient simplement à "regarder du balcon" une curieuse scène, sans se prosterner au passage de Jésus, sans entendre comme Pierre son invitation à le suivre (cf. Jn 21, 19). Quel dommage si nous ne comprenions pas que c'est en nous accrochant à sa Croix que nous sommes capables de marcher avec Lui, et si nous ne percevions pas que c'est Lui qui porte ce joug afin que nous puissions trouver notre repos.
Frères, aujourd'hui le Seigneur, comme chaque année, comme à chaque instant, vient à notre rencontre, suivons-le, en le portant sur nos épaules, en le consolant dans la plaie ouverte de nos frères qui souffrent. Demandons-lui de nous montrer comment nous devons "glorifier Dieu" par notre vie, en faisant de notre service une louange, dans le travail quotidien, en famille, dans l'engagement à créer une société plus fraternelle, en somme, dans le témoignage de bien que nous pouvons tous donner, indépendamment de la vocation à laquelle nous avons été appelés (cf. Jn 21, 19).
Que le Jésus Nazaréen du Calvaire vous bénisse et que sa Mère douloureuse vous garde. Et s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi.
Fraternellement,
Rome, Saint-Jean de Latran, 22 mars 2024, Vendredi de la Passion.
François
L'Osservatore Romano, Année CLXIV n°72, jeudi 28 mars 2024, p.10.