Les laïcs : "être des témoins de liberté dans le monde numérique"

Le 5 novembre 2023, le Pape François a adressé un message, diffusé ce jour,  aux participants du 13ème Festival de la Doctrine sociale de l'Église, les félicitant pour leur engagement à traduire concrètement les enseignements de l'Évangile dans la société. Il souligne l'importance pour les chrétiens, et notamment les laïcs, d'être des témoins de liberté dans le monde numérique en promouvant une communication basée sur la vérité et l'amour. Le Pape les encourage à s'engager dans l'éducation à la culture du don et du bien commun.


Sainte Marthe, le 5 novembre 2023

Je salue cordialement d'abord le président de la Fondation Segni Nuovi, Alberto Stizzoli qui, depuis quelques années, avec un groupe nombreux de laïcs, le Comité scientifique et les amis qui soutiennent concrètement l'initiative, poursuit l'importante initiative du Festival de la Doctrine sociale de l'Église.

Je salue vous tous, professionnels, entrepreneurs, professeurs et laïcs engagés, qui prenez part à la 13ème édition du Festival de la doctrine sociale de l'Église. Je remercie les organisateurs qui, avec passion et dans le silence, portent en avant cette initiative pour traduire concrètement dans la société les enseignements de l'Évangile. Vous êtes précisément vous, laïcs professionnels, qui ne vous épargnez pas et représentez l'une des convergences exprimées dans le Rapport de Synthèse de la première Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des évêques (4-29 octobre 2023) : « Si la mission est une grâce qui engage toute l'Église, les fidèles laïcs contribuent de manière vitale à la réaliser dans tous les milieux et dans les situations les plus ordinaires de chaque jour. Ce sont eux surtout qui rendent présente l'Église et qui annoncent l'Évangile dans la culture du milieu numérique, qui a un impact si fort dans le monde entier, dans les cultures jeunes, dans le monde du travail, de l'économie et de la politique, des arts et de la culture, de la recherche scientifique, de l'éducation et de la formation, dans le soin de la maison commune et, de manière particulière, dans la participation à la vie publique » (n°8, lett. d).

Le thème que vous avez choisi cette année, "#socialement libres", rappelle quelques questions de grande actualité surtout pour la culture numérique qui influence les rapports entre les personnes et, par répercussion, la société. Le symbole @ cité dans le mot "socialement", désignait anciennement l'unité de mesure et, par la suite, a pris la valeur comptable, pour aboutir à l'utilisation commune dans le courrier électronique avec le sens de "chez". De l'histoire arrive, donc, une indication pour vivre aujourd'hui la liberté dans les médias sociaux. C'est signalé par ce "chez" qui indique proximité, contact, expression intime de liberté, à "conserver" dans son propre cœur. Le réseau que nous voulons n'est pas fait « pour piéger, mais pour libérer, pour garder une communion de personnes libres. L'Église elle-même est un réseau tissé par la communion eucharistique, où l'union ne se fonde pas sur les "j'aime", mais sur la vérité, sur l'"amen", par lequel chacun adhère au Corps du Christ, en accueillant les autres » (Message pour la 53ème Journée mondiale des communications sociales). Dans cette tension et dans cette confiance s'exprime la liberté personnelle et communautaire. Par rapport à la vélocité informative, qui provoque une voracité relationnelle, l'amen est une sorte de provocation pour aller au-delà de l'aplatissement culturel pour donner plénitude au langage, dans le respect de chaque personne. Que personne ne soit promoteur d'une communication du rebut à travers la diffusion de messages de haine et la distorsion de la réalité en ligne ! La communication atteint sa plénitude dans le don total de soi à l'autre personne. Dans ce rapport de réciprocité se développe la trame de la liberté.

Vous vous rappellerez le célèbre récit de la multiplication des pains et des poissons dans l'Évangile de Marc (Mc 6,34-44). Souvent l'attention reste pointée sur le fait en lui-même : environ cinq mille hommes purent se rassasier avec ce que Jésus avait mis à leur disposition. En réalité, l'évangéliste est bien plus intéressé par la manière avec laquelle Jésus rassasie la foule, qui l'a rejoint sur les rives du lac de Tibériade. « Jésus vit une grande foule, il eut pitié d'eux, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses » (Mc 6,34). Tout d'abord Jésus enseigne : le premier nourriture réside dans la vérité dont il est le narrateur dans l'histoire, dont il s'est fait parabole vivante. De plus, les gens font tout pour pouvoir l'écouter, même plusieurs kilomètres à pied. Pourquoi ? Marc laisse entendre que la foule perçoit l'autorité sans pareil du Maître de Nazareth. Celle-ci lui venait sans doute de ce qu'il disait : souvent il s'agit d'enseignements difficiles à assimiler, parce que très exigeants. Mais, encore plus, son autorité lui vient de son engagement personnel et de son être visage et parole du Père dans les tournants de l'existence humaine : il a pitié des gens, il a les mêmes sentiments que les personnes qu'il a en face de lui, il ne les regarde pas de haut en bas, il fait siens leurs problèmes, il prend soin d'eux.

Sa communication est vraie parce qu'inspirée par l'amour pour ceux qui l'écoutent, parfois même distraitement. En fait, à l'enseignement suit le don du pain et de la pitance : Jésus s'intéresse à toute la personne, c'est-à-dire à la personne dans son intégralité. Jésus, comme il est évident, n'est pas un leader solitaire. Pour atteindre chacun des participants, il demande la collaboration des disciples. Même eux doivent entrer dans sa logique de l'engagement personnel. Il n'y a pas de don évangélique qui n'inclut aussi un peu du donateur lui-même : « Vous-mêmes, donnez-leur à manger » (Mc 6,37). C'est là la liberté à laquelle le disciple est appelé : celle de celui qui s'engage avec intelligence et amour pour faire grandir l'autre.

Voilà, alors, l'importance d'être témoins de liberté dans un monde de conflits. Je vous souhaite à tous de pouvoir traduire le hashtag du "#socialement", en promouvant avec intelligence des actions et initiatives de bien commun. Engagez-vous dans l'éducation à la culture du don. « Nous avons reçu la vie gratuitement, nous n'avons pas payé pour elle. Donc nous pouvons tous donner sans attendre quelque chose en retour de la personne que nous aidons » (Fratelli Tutti, 140).

Que le Seigneur vous bénisse ! Et, s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi !

Fraternellement,

FRANÇOIS

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