Le Souverain pontife a adressé un message aux participants du VIe forum de Paris pour la paix réunissant, ce vendredi 10 novembre 2023, une vingtaine de chefs d'États et de gouvernements, des ministres, dirigeants d’institutions internationales, experts et diplomates, dans la capitale française. La rencontre annuelle a été fondée par l’historien et diplomate français Justin Vaïsse en 2018, voulue cent ans après l’armistice de la Première guerre mondiale.
Message du Saint-Père, signé par le Cardinal Secrétaire d'État Pietro Parolin,
aux participants du 6e Forum de Paris sur la paix [10-11 novembre 2023]
À l’occasion du 6e Forum de Paris sur la Paix, Sa Sainteté le Pape François est heureuse de s’unir à vous par ce message d’encouragement, dans l’espoir que cette rencontre – ayant pour vocation de renforcer le dialogue entre tous les continents afin de promouvoir la coopération internationale et le dialogue – puisse contribuer à la construction d’un monde plus juste, solidaire et pacifique.
Cette année, le Forum se tient dans un contexte mondial extrêmement douloureux. Alors que l’on assiste avec impuissance à la multiplication des conflits armés, avec leur cortège de souffrances, d’injustices et de dommages – parfois irréversibles – à notre maison commune, le Pape souhaite que ce Forum soit un signe d’espérance. Il espère que les engagements qui y seront pris soient de nature à favoriser le dialogue sincère, basé sur l’écoute des cris de tous ceux qui souffrent à cause du terrorisme, de la violence généralisée et des guerres, autant de fléaux qui ne profitent qu’à certains groupes en nourrissant des intérêts particuliers, hélas souvent déguisés par de nobles intentions.
La construction de la paix est un travail lent et patient, qui exige le courage et l’engagement concret de toutes les personnes de bonne volonté ayant à cœur le présent et l’avenir de l’humanité et de la planète. Une paix durable se bâtit au jour le jour, à travers la reconnaissance, le respect et la promotion de la dignité de la personne humaine et de ses droits fondamentaux, parmi lesquels le Saint-Siège reconnaît particulièrement le droit humain à la paix, qui est une condition pour l’exercice de tous les autres droits de l’homme.
Dans l’année qui marque le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous nous devons d’admettre que, pour des millions de personnes sur tous les continents, l’écart persistant entre les engagements solennels pris le 10 décembre 1948 et la réalité reste à combler, et de manière parfois très pressante. Combien de personnes, y compris des enfants, sont privées du droit fondamental et primaire à la vie et à l’intégrité physique et mentale, en conséquence des hostilités entre différents groupes ou différents pays ? Combien de personnes sont, à cause des conflits, privées des droits les plus élémentaires, tels que le droit à l’eau potable et à une alimentation saine, mais aussi le droit à la liberté de religion, à la santé, à un logement correct, à une éducation de qualité, à un travail digne ? Combien d’enfants sont contraints de participer directement ou indirectement aux combats et en portent les cicatrices physiques, psychologiques et spirituelles pendant toute leur vie ?
Tout en réaffirmant le droit inaliénable à la légitime défense, ainsi que la responsabilité de protéger ceux dont l’existence est menacée, nous nous devons d’admettre que la guerre est toujours une « défaite de l’humanité » (Audience générale, 23 mars 2022). Aucune guerre ne vaut les larmes d’une mère ayant vu son enfant mutilé ou mort ; aucune guerre ne vaut la perte de la vie ne serait-ce que d’une seule personne humaine, être sacré, créé à l’image et à la ressemblance du Créateur ; aucune guerre ne vaut l’empoisonnement de notre maison commune ; et aucune guerre ne vaut le désespoir de ceux qui sont forcés à quitter leur patrie et sont privés, d’un moment à l’autre, de leur maison et de tous les liens familiaux, amicaux, sociaux et culturels qui ont été construits, parfois pendant des générations.
La paix ne se construit pas avec les armes mais à travers l’écoute patiente, le dialogue et la coopération, qui restent les seuls moyens dignes de la personne humaine pour résoudre les différends. Le Saint-Père souhaite réitérer l’appel incessant du Saint-Siège à ce que l’on fasse taire les armes, à ce que l’on repense la production et le commerce de ces instruments de mort et de destruction et à ce que l’on emprunte résolument la voie du désarmement progressif mais intégral, afin que l’on puisse enfin faire ressentir haut et fort les raisons de la paix !
En vous remerciant de votre attention, le Pape François souhaite que vos échanges soient riches et fructueux, qu’ils permettent l’écoute et la rencontre de chacun dans la richesse de sa diversité afin de faire grandir la culture de la paix et de porter des fruits concrets de fraternité.
Cardinal Pietro Parolin
Secrétaire d’État de Sa Sainteté