Dans une lettre adressée, ce vendredi soir 19 mai 2023, à Mgr Alexis-Mitsuru Shirahama, évêque d’Hiroshima, où se tient le sommet du G7, le Pape François réaffirme l’inadéquation de l’arme nucléaire pour répondre aux menaces contemporaines: «Elle n'est qu'un multiplicateur de risques qui n’offre qu’une illusion de paix».
À Son Excellence Très Révérend Alexis-Mitsuru Shirahama
Évêque d'Hiroshima :
Alors que le sommet du G7 se réunit à Hiroshima pour discuter des questions urgentes auxquelles est actuellement confrontée la communauté mondiale, je tiens à vous assurer de ma proximité spirituelle et de ma prière pour que le sommet soit fructueux. Le choix d'Hiroshima comme lieu de la rencontre est particulièrement significatif à la lumière de la menace continue de recours aux armes nucléaires. Je me souviens de la profonde impression que m'a laissée la visite émouvante du Mémorial de la Paix lors de mon voyage au Japon en 2019. Debout là, en prière silencieuse et pensant aux victimes innocentes de l'attaque nucléaire survenue des décennies plus tôt, j'ai voulu réaffirmer la conviction ferme du Saint-Siège que "l'utilisation de l'énergie atomique à des fins de guerre est, aujourd'hui plus que jamais, un crime, non seulement contre l'homme et sa dignité, mais contre toute possibilité d'avenir dans notre maison commune" (Discours au Mémorial de la Paix, 24 novembre 2019).
C'est à cet avenir que les hommes et les femmes responsables regardent maintenant avec inquiétude, surtout à la suite de l'expérience d'une pandémie mondiale et de la persistance de conflits armés dans diverses régions, y compris la guerre dévastatrice qui se déroule sur le sol ukrainien. Les événements de ces dernières années ont montré que seule l'unité, la fraternité et la solidarité peuvent permettre à notre famille humaine de chercher à guérir les blessures et à construire un monde juste et paisible.
En effet, il devient de plus en plus évident que dans le monde multipolaire du vingt-et-unième siècle, la recherche de la paix est étroitement liée au besoin de sécurité et à la réflexion sur les moyens les plus efficaces pour la garantir. Cette réflexion doit nécessairement prendre en compte le fait que la sécurité globale doit être intégrale, capable d'englober des questions telles que l'accès à la nourriture et à l'eau, le respect de l'environnement, les soins de santé, les sources d'énergie et la répartition équitable des biens du monde. Un concept intégral de sécurité peut servir à renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale entre acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, sur la base de la profonde interconnexion entre ces questions, ce qui rend nécessaire l'adoption d'une approche de coopération multilatérale responsable.
Hiroshima, comme "symbole de la mémoire", proclame avec force l'insuffisance des armes nucléaires pour répondre efficacement aux grandes menaces actuelles à la paix et pour garantir la sécurité nationale et internationale. Il suffit de considérer l'impact humanitaire et environnemental catastrophique qui résulterait de l'utilisation d'armes nucléaires, ainsi que le gaspillage et la mauvaise allocation des ressources humaines et économiques qu'entraîne leur production.
Nous ne devons pas non plus sous-estimer les effets du climat de peur et de suspicion persistant généré par la simple possession de ces armes, qui compromet la croissance d'un climat de confiance mutuelle et de dialogue. Dans ce contexte, les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive représentent un multiplicateur de risques qui ne donne qu'une illusion de paix.
Assurant ma prière pour vous et pour ceux qui sont confiés à votre soin pastoral, je me joins à la prière pour que le sommet du G7 à Hiroshima témoigne d'une vision prospective en jetant les bases d'une paix durable et d'une sécurité stable et durable à long terme. Avec gratitude pour votre engagement au service de la justice et de la paix, j'envoie de tout cœur ma bénédiction.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 19 mai 2023.