Aux participants au pèlerinage du diocèse d'Asti (Italie)

Chers frères et soeurs, bonjour et bienvenue !

Je remercie l'Evêque et suis heureux d'accueillir votre pèlerinage, qui renouvelle en moi les souvenirs et les sentiments de la visite à Asti, en novembre dernier, pour la fête du Christ Roi.

Cette journée et demie que j'ai passée entre vous pour moi a été une consolation, un peu de revenir aux racines. Un moment de grande chaleur humaine - fait avec du bois piémontais, qui ne chauffe pas tout de suite, mais après un certain temps et ensuite dure ! -. Un moment de famille, au sens large : famille d'origine, les racines, les rencontres avec mes parents ; famille de l'Église, la célébration dans la cathédrale, avec la participation de tout le peuple de Dieu ; et puis famille de la communauté civile, la collaboration avec les autorités, la présence des gens. Ce sentiment de chaleur humaine que je disais n'est pas seulement une émotion, non, c'est de la chaleur humaine astigienne, c'est votre truc ! Il s'est allumé en moi en regardant vos visages joyeux, en sentant votre affection, en voyant qu'il y a une famille qui va de l'avant, qui marche sur la route de l'Evangile, avec toutes les limites et les difficultés. Et j'ai vu cela dans les lettres que les habitants d'Asti m'ont écrites, beaucoup de lettres, et certaines d'entre elles racontaient des problèmes et comment on pouvait les résoudre. Une très grande proximité. Pour moi aussi, ces lettres ont été une consolation. J'espère avoir répondu à toutes, je ne sais pas.

Alors nous pouvons nous arrêter un peu sur ce mot : la famille. Parce que c'est une réalité qui a tellement changé, et qui change, et pourtant la famille reste une valeur clé. Mais savez-vous quand il y a eu la vraie "révolution" de la famille ? Savez-vous qui l'a fait ? Il est facile de répondre, parce que les nouveautés, les vraies, à ce monde n'en a apporté qu'un : Jésus Christ. C'est lui qui a fait la vraie révolution de la famille. Et même la famille, Lui, l'a renouvelée, l'a transformée. Comment ça ? Un épisode de l'Evangile nous le dit, où il y a une de ces paroles de Jésus qui nous laissent déconcertés, nous mettent en crise. Les trois synoptiques Matteo, Marco et Luca le racontent. Jésus est en train de prêcher au milieu de ses disciples et d'autres personnes et à un moment donné ils lui disent : "Ici, dehors, ta mère et tes parents te cherchent". Rappelez-vous ce que Jésus répond ? Il tourne le regard sur ceux qui sont autour de Lui et dit : "Voici ma mère et mes frères !". Et il ajoute : "Car celui qui fait la volonté de mon Père est pour moi frère, soeur et mère" (cf. Mt 12,46-50 ; Mc 3,31-35 ; Lc 8,19-21). Cette parole de Jésus, si on y réfléchit bien, engendre une nouvelle façon de comprendre la famille.

Vous voyez ? Au début, je me suis adressé à vous en vous appelant "frères et soeurs". Ce n'est pas juste une formule, une expression conventionnelle. Non, non. C'est une réalité, une réalité nouvelle générée par Jésus Christ. Et comme je vous le disais, cette parole de Jésus a radicalement renouvelé la famille, de sorte que le lien le plus fort, le plus important pour nous chrétiens n'est plus celui du sang, mais c'est l'amour du Christ. Son amour transforme la famille, la libère des dynamiques de l'égoïsme, qui découlent de la condition humaine et du péché, la libère et l'enrichit d'un lien nouveau, encore plus fort mais libre, non dominé par les intérêts et les conventions de la parenté, mais animé par la gratitude, la reconnaissance, le service réciproque.

Frères et soeurs d'Asti, j'ai voulu partager cette réflexion avec vous parce que dans votre terre se trouvent les racines paternelles de ma famille. Les racines sont importantes ! Et nous rendons grâce à Dieu pour le don de la vie et pour ceux qui nous l'ont transmise. Mais surtout, nous rendons grâce parce que Jésus Christ nous a appelés à faire partie de sa famille, dans laquelle ce qui compte est de faire la volonté du Père qui est aux cieux. Et cette nouvelle famille de Jésus, tout en donnant un sens nouveau aux relations familiales - entre les époux, entre parents et enfants, entre frères -, fait en même temps "augmenter" aussi la vie de la communauté ecclésiale et de la communauté civile. Par exemple, il fait grandir la gratuité, le respect, l'accueil, et d'autres valeurs humaines.

Et ici je retrouve le sens de l'expression "Frères tous", que vous avez choisie comme nom pour le nouvel Ambulatoire destiné aux personnes les plus défavorisées. "Frères tous" signifie que là, dans ce milieu, la famille formera les personnes qui seront soignées avec les médecins, les infirmières et tous les autres bénévoles qui travailleront. Une famille pour ce travail de soigner les malades.

Et ainsi, dans la ville, dans les villages, dans les paroisses, le mot "fraternité" n'est pas seulement une belle façon de dire, un idéal pour les rêveurs, mais il a un fondement, Jésus-Christ, qui nous a tous rendus frères et soeurs, et il a une route, l'Évangile, c'est-à-dire la voie pour marcher dans l'amour, dans le service, dans le pardon, dans porter les poids les uns des autres.

Voilà, très chers amis, un point de réflexion que je partage avec vous en repensant à l'expérience vécue à Asti. Je vous remercie beaucoup d'être venus ; saluez ceux qui n'ont pas pu venir.

Et maintenant je vous invite à prier ensemble le "Notre Père", et ensuite je vous donne la bénédiction, à vous et à toute la communauté diocésaine.
Et n'oubliez pas de prier pour moi ! Merci.

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