Ce matin, lors de l’homélie de la messe à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François s’est arrêté sur les trois façons de vivre la pauvreté dans la vie du chrétien.
Le Pape a centré son homélie sur la question de la richesse, de l’attachement excessif aux biens, en partant de l’extrait de l’Évangile de Luc dans lequel le Christ invite les disciples à partir sur les routes dans une logique de pauvreté : «Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales.» Le disciple attaché à l’argent ou aux richesses n’est donc pas un vrai disciple.
Toute l’homélie du Pape François a donc été centrée sur les «trois étapes» de la pauvreté dans la vie des disciples, les trois façons de la vivre. La première est de se détacher de l’argent et des richesses, et «c’est la condition pour commencer la route». Il faut avoir un «cœur pauvre», car «si dans le travail apostolique il y a des structures ou des organisations qui semblent être un signe de richesse», il faut bien les utiliser, mais avec détachement, a averti le Pape. Le jeune homme riche de l’Évangile, en effet, a bouleversé le cœur de Jésus mais n’a pas été capable ensuite de suivre le Seigneur parce qu’il avait «le cœur attaché aux richesses». «Si tu veux suivre le Seigneur, choisis la voie de la pauvreté», le cœur détaché des richesses. Le disciple «doit être pauvre», a expliqué François.
La pauvreté des persécutions à cause de l’Évangile
La deuxième forme de pauvreté est celle des persécutions. Toujours dans l’extrait de l’Évangile du jour, en effet, le Seigneur invite les disciples «comme des agneaux au milieu des loups». Et aujourd’hui aussi il y a beaucoup de chrétiens persécutés pour l’Évangile, ou calomniés : «Hier, dans la Salle de Synode, un évêque de l’un de ces pays où il y a des persécutions a évoqué le cas d’un jeune catholique pris par un groupe de jeunes qui haïssaient l’Église, des fondamentalistes. Il a été frappé, et ensuite jeté dans une citerne et ils jetaient de la boue, et, à la fin, quand la boue est arrivée au cou : “Pour la dernière fois, est-ce que tu renonces à Jésus-Christ ?” – “Non !”… Ils ont jeté une pierre et ils l’ont massacré. Nous l’avons tous entendu. Et ceci ne date pas des premiers siècles, c’était il y a deux mois ! C’est un exemple. Mais combien de chrétiens aujourd’hui, souffrent de persécutions physiques. “Oh, celui-ci a blasphémé ! À la potence !”»
Le Pape François a aussi rappelé qu’il y a d’autres formes de persécution : «La persécution de la calomnie, des médisances, et le chrétien se tait, il tolère cette “pauvreté”. Parfois il est nécessaire de se défendre pour ne pas créer du scandale… Les petites persécutions dans le quartier, dans la paroisse… petites, mais elles sont l’épreuve d’une pauvreté. C’est la 2e forme de pauvreté que le Seigneur nous demande. La première, c’est de laisser les richesses, de ne pas avoir le cœur attaché aux richesses ; la deuxième, de recevoir humblement les persécutions, de tolérer les persécutions. Ceci est une pauvreté.»
La pauvreté de se sentir abandonné
Il y a ensuite une troisième forme de pauvreté : celle de la solitude, de l’abandon. La Première Lecture du jour en donne un exemple. Elle est tirée de la Seconde Lettre à Timothée, dans laquelle saint Paul, «qui n’avait peur de rien», dit que lors de sa première défense au tribunal, personne ne l’a assisté : «Ils m’ont tous abandonné». Mais il ajoute que le Seigneur lui a été proche et lui a donné de la force. Le Pape François s’arrête donc sur l’abandon du disciple: comme cela peut arriver pour un garçon ou une fille de 17 ou 20 ans, qui avec enthousiasme laisse les richesses pour suivre Jésus, puis tolère «les calomnies, les persécutions quotidiennes, les jalousies, les petites ou les grandes persécutions», et, finalement, «la solitude de la fin».
«Je pense à l’homme le plus grand de l’humanité, et ce qualificatif vient de la bouche de Jésus : Jean-Baptiste, l’homme le plus grand né d’une femme. Un grand prédicateur : les gens allaient vers lui pour se faire baptiser. Comment a-t-il fini ? Seul, dans la prison. Pensez à ce que pouvait être une cellule de prison à l’époque… Seul, oublié, égorgé pour la faiblesse d’un roi, la haine d’un adultère et le caprice d’une jeune fille: c’est ainsi qu’a fini l’homme le plus grand de l’histoire. Et sans aller aussi loin, tant de fois, dans les maisons de retraite où il y a les prêtres ou les sœurs qui ont dépensé leur vie dans la prédication, ils se sentent seuls, seuls avec le Seigneur. Personne ne se souvient d’eux.»
Tous les disciples savent parcourir la route de la pauvreté
Une forme de pauvreté que Jésus a promis à Pierre lui-même, en lui disant : «Quand tu étais un jeune homme, tu allais où tu voulais ; quand tu seras vieux, ils t’amèneront là où tu ne veux pas.» Le disciple est donc pauvre, dans le sens où il n’est pas attaché aux richesses, et ceci est le premier pas. Il est pauvre, ensuite, parce qu’il est «patient devant les persécutions, petites ou grandes», et, troisième pas, il est pauvre parce qu’il entre dans cet état d’esprit de se sentir abandonné à la fin de sa vie.
Le chemin de Jésus, en effet, se termine avec cette prière au Père : «Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?». L’invitation conclusive du Pape est donc celle de prier pour tous les disciples, «prêtres, sœurs, évêques, papes, laïcs», pour qu’ils sachent «parcourir la route de la pauvreté comme le Seigneur le veut».