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 Le Pape insiste sur la centralité de la terre

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MessageSujet: Le Pape insiste sur la centralité de la terre   Le Pape insiste sur la centralité de la terre Icon_minitimeSam 31 Jan 2015 - 18:47

Le Pape insiste sur la centralité de la terre ANSA625401_LancioGrande

Samedi 31 Janvier 2015

Le Pape insiste sur la centralité de la terre


« Il n’y a pas d’humanité sans culture de la terre », le Pape François l’a rappelé en recevant samedi matin au Vatican la Confédération nationale des agriculteurs qui produisent en circuit court, à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de sa fondation. Cultiver est « une activité typiquement humaine et fondamentale ».« Dans le travail des agriculteurs il y a en effet l’accueil du don précieux de la terre qui vient de Dieu, mais il y a aussi sa valorisation dans le travail tout aussi précieux pour les hommes et les femmes, appelés à répondre avec audace et créativité à la mission confiée depuis toujours à l’homme, qui de cultiver et de garder la terre (cfr Gen 2,15) ». « Le verbe "cultiver" évoque le soin que l'agriculteur a pour sa terre parce qu’elle donne des fruits qui seront partagés ». « Combien d'attention, de passion et de dévouement dans tout cela », souligne le Saint-Père qui insiste sur le rôle central de l’agriculture.

« Le travail de ceux qui cultivent la terre, en y consacrant du temps et de l’énergie, mérite donc d'être reconnu et valorisé, même dans les choix politiques et économiques concerts. Il s’agit d'éliminer les obstacles qui pénalisent une activité si précieuse et qui la font souvent apparaitre peu attrayante aux yeux des jeunes générations. Il est également important d’être attentif au détournement déjà trop répandu des terres agricoles vers d'autres activités, qui apparaissent plus rentables ». Le Saint-Père dénonce alors la domination du « Dieu argent » et met en garde contre « la tentation de vendre la terre mère ». Cette réflexion sur la centralité du travail agricole met en relief une question essentielle : celle de « la pauvreté et de la faim, qui, malheureusement, touche encore une grande partie de l'humanité ». Le Concile Vatican II, indique le Pape, « a rappelé la destination universelle des biens de la terre (cf. Gaudium et Spes, 69), mais dans la réalité le système économique exclu de nombreuses personnes qui ne peuvent jouir de ces biens ».

Les nations doivent protéger la Création :

Le Saint-Père dénonce une nouvelle fois « la culture du déchet et du gaspillage, qui dans le cas des aliments atteint des proportions inacceptables, et qui couplée à d'autres facteurs, est à l’origine de misère et de souffrance pour de nombreuses familles ». Le système de production et de distribution de la nourriture doit donc être repensé en profondeur. « Comme nous l’ont appris nos grands-parents, affirme le Pape : avec le pain on ne plaisante pas ! Le pain participe d’une certaine façon de la sacralité de la vie humaine, et donc il ne peut être traité simplement comme une marchandise (cf. Evangelii gaudium, 52-60) » .Le Pape met ensuite en relief un autre aspect : celui de la préservation de la terre. « L'homme est appelé non seulement à cultiver la terre, mais il est aussi appelé à en prendre soin ( …) alors qu’il est devenu de plus en plus difficile de cultiver la terre dans un contexte accéléré de changement climatique et de phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus plus fréquents ».

« Comment continuer à produire de la bonne nourriture pour tous quand la stabilité du climat est menacé, quand l'air, l'eau et le sol perdent de leur pureté à cause de la pollution ? Il est donc très important de mettre en place des mesures pour prendre soin de la Création, il est vraiment urgent que les nations parviennent à participer à cet objectif fondamental ». Pour réaliser une agriculture respectueuse de l'environnement, pour faire en sorte de cultiver la terre tout en en prenant soin, le Saint-Père propose une voie de réflexion : il invite à « retrouver l’amour pour la terre considérée comme "mère", à faire alliance avec elle, afin qu’elle puisse continuer à être, comme Dieu le veut, source de vie pour toute la famille humaine ».
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Source : http://www.news.va/fr/news/le-pape-insiste-sur-la-centralite-de-la-terre

Discours intégral du pape François :


Je vous souhaite la bienvenue à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la fondation de la Confédération nationale des cultivateurs. Je remercie votre Président pour les aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. J'étends mes salutations au Conseil ecclésiastique national et aux conseillers des régions, signes de l'attention spéciale que l’Église réserve à votre activité.

L'expression « cultivateurs directs » fait référence à l'action de « cultiver », qui est une activité typiquement humaine et fondamentale. Dans le travail des agriculteurs, en fait, il y a l'accueil du don précieux qui vient de Dieu, mais il y a aussi la valorisation du travail également précieux des hommes et des femmes, appelés à répondre avec audace et créativité à la mission confiée depuis toujours à l'homme, celle de cultiver et de prendre soin de la terre (Cf. Gn 2,15). Le verbe « cultiver » remet à l'esprit le soin que l'agriculteur a pour sa terre pour qu'elle donne du fruit et qu'il soit partagé : combien d'attention, combien de patience, combien de dévouement dans tout cela ! On crée un rapport familial et la terre devient la « sœur » terre.

Vraiment, il n'y a pas d'humanité sans culture de la terre ; il n'y a pas de bonne vie sans la nourriture qu'elle produit pour les hommes et les femmes de tous les continents. L'agriculture démontre donc son rôle central.

L’œuvre de ceux qui cultivent la terre, lui consacrant généreusement temps et énergie, se présente comme une vraie et particulière vocation. Elle mérite d'être reconnue et valorisée en conséquence, également dans les choix politiques et économiques concrets. Il s'agit d'éliminer les obstacles qui pénalisent une activité si précieuse et qui souvent la font apparaître peu attractive aux nouvelles générations, même si les statistiques enregistrent une croissance du nombre des étudiants dans les écoles et les instituts Agricoles, qui laissent prévoir une augmentation du nombre des emplois dans le secteur agricole. Dans le même temps il faut prêter attention à la soustraction déjà trop répandue des terres agricoles pour les consacrer à d'autres activités, peut-être plus rentables en apparence (Cf. Message pour la Journée de l'action de grâce, 9 novembre 2014). Ici aussi domine le dieu argent ! Comme ces personnes qui n'ont pas de sentiments, qui vendent leur famille, leur mère, ici la tentation est de vendre la terre mère.

De telles réflexions sur l'aspect central du travail agricole porte notre regard sur deux points critiques : la première est celle de la pauvreté et de la faim, qui concerne encore malheureusement une vaste partie de l'humanité. Le Concile Vatican II a rappelé la destination universelle des biens de la terre (Cf. Gaudium et spes, 69), mais en réalité le système économique dominant en exclut de nombreux de leur juste bénéfice. L'absolutisation des règles du marché, une culture de l'exclusion et du gaspillage qui, dans le cas de la nourriture, a des proportions inacceptables, additionnée à d'autres facteurs, cause misère et souffrance pour tant de familles. Il faut donc repenser profondément le système de production et de distribution de la nourriture. Comme nous l'ont enseigné nos anciens, on ne plaisante pas avec le pain ! Quand j'étais petit, je me souviens que quand du pain tombait par terre, on nous apprenait à le prendre, à l'embrasser et à le remettre sur la table. En quelque sorte, le pain participait à la sacralité de la vie humaine, et pour cela il ne pouvait pas être traité seulement comme une simple marchandise (Cf. Exhort. ap. Evangilii gaudium, 52-60).

Mais – pour venir au second point critique – il est aussi important de rappeler que dans le livre de la Genèse, chapitre 2, verset 15, l'homme n'est pas seulement appelé à cultiver la terre, mais aussi à en prendre soin. Les deux aspects sont d'ailleurs étroitement liés : tous les agriculteurs savent bien combien il est plus difficile de cultiver la terre en une époque d'accélération des changements climatiques et d'événements météorologiques extrêmes toujours plus fréquents. Comment continuer à produire une bonne nourriture pour la vie de tous, quand la stabilité climatique est à risque, quand l'air, l'eau et le sol même, perdent leur pureté à cause de la pollution ? Vraiment nous nous apercevons de l'importance d'une action circonstanciée de soin de la création ; vraiment il est urgent que les Nations réussissent à collaborer pour cet objectif fondamental.

Le défi est : comment réaliser une agriculture à faible impact environnemental ? Comment faire de telle sorte que notre manière de cultiver la terre soit en même temps aussi une manière d'en prendre soin. En fait, c'est seulement ainsi que les futures générations pourront continuer à l'habiter et à la cultiver.

Face à ces interrogations, je voudrais adresser une invitation et une proposition. L'invitation est celle de retrouver l'amour de la terre en tant que « mère » – dirait saint François – de laquelle nous sommes tirés et à laquelle nous sommes appelés à retourner constamment. De là vient une proposition : prendre soin de la terre, en faisant alliance avec elle, afin qu'elle puisse continuer à être, comme Dieu le veut, source de vie pour la famille humaine entière. C'est le contraire de l'exploitation de la terre, comme si cette dernière n'avait pas de rapport avec nous – elle n'est alors plus la mère -, et de son affaiblissement et son abandon parce qu'elle ne sert à rien.

Votre tradition incarne quotidiennement l'histoire de cette alliance : l'histoire d'une agriculture sociale au visage humain, faite de relations solides et vitales entre l'homme et la terre : la terre nous donne des fruits mais elle a aussi une autre qualité pour nous : la terre prend soin de notre santé, la terre est la sœur et la mère qui soigne et guérit. L'inspiration éthique, qui motive et soutient votre action à la lumière de la doctrine sociale Catholique, rapproche depuis les origines la mission de la Coldiretti et celle de l’Église, et leur collaboration a porté tant de bons fruits à la société italienne.

Chers amis, je souhaite que votre travail de culture et de soin de la terre soit bien considéré et valorisé ; je vous invite à donner toujours la primauté aux instances éthiques avec lesquelles en tant que chrétiens vous affrontez les problèmes et défis de vos activités.

S'il vous plaît, je vous demande de prier pour moi et de tout cœur je vous bénis.
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