« Non à la violence au nom de Dieu ! » : c’est l’appel du pape François qui a commencé la troisième journée de son pèlerinage en Terre Sainte, ce lundi matin, 26 mai, par une visite du pape au grand mufti de Jérusalem, sur « l’esplanade des mosquées », à l’emplacement de l’ancien Temple de Jérusalem détruit par les Romains.
L’esplanade est connue pour ses deux mosquées : al-Aksa, avec sa coupole noire et le « Dôme du rocher », à la coupole dorée et aux extraordinaires décorations bleues, dues à des artistes chrétiens syriens. Pour la traiditon musulmane, il est sensé abriter le rocher de la ligature d’Isaac. Le souvenir d’Abraham y est donc particulièrement présent c’est pourquoi le pape l’a évoqué.
Le prince Ghazi de Jordanie, artisan de dialogue interreligieux, a participé à la rencontre avec le grand mufti et avec le président de Conseil suprême musulman, qui s'est achevée par un échange de cadeaux. Elle s'est achevée à 8 h 40 (7h40 à Rome).
« Chers amis, de ce lieu saint, a dit le pape, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux communautés qui se reconnaissent en Abraham :
Respectons-nous et aimons-nous les uns les autres comme des frères et des sœurs !
Apprenons à comprendre la douleur de l’autre !
Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu ! »
Le pape a invité à agir pour la paix : « Travaillons ensemble pour la justice et pour la paix ! »
Il a souligné l'attitude qu'il recommande sans cesse aux chrétiens: "Nous devons être prêts à sortir de nous-mêmes, dociles à l’appel que Dieu nous adresse."
Avec pour clef la miséricorde "à apprendre d’en-haut", ainsi que "la grandeur d’âme, la compassion".
Allocution du pape François :
Fidèles musulmans,
Chers amis,
Je suis reconnaissant de pouvoir vous rencontrer dans ce lieu sacré. Je vous remercie de tout cœur pour l’aimable invitation que vous avez voulu m’adresser, et en particulier, je vous remercie, Excellence, ainsi que le Président du Conseil suprême musulman.
Mettant mes pas dans ceux de mes Prédécesseurs, et en particulier dans le sillage lumineux du voyage de Paul VI, il y a cinquante ans, le premier d’un Pape en Terre Sainte, j’ai vivement désiré venir en pèlerin pour visiter les lieux qui ont vu la présence terrestre de Jésus Christ. Mais mon pèlerinage ne serait pas complet s’il ne prévoyait pas aussi la rencontre avec les personnes et les communautés qui vivent en cette Terre, et donc je suis particulièrement heureux de me retrouver avec vous, fidèles Musulmans, chers frères.
En ce moment, ma pensée va vers la figure d’Abraham, qui vécut comme pèlerin sur ces terres. Musulmans, Chrétiens et Juifs reconnaissent en Abraham, bien que chacun de façon différente, un père dans la foi et un grand exemple à imiter. Il se fit pèlerin, laissant son propre peuple, sa propre maison, pour entreprendre cette aventure spirituelle à laquelle Dieu l’appelait.
Un pèlerin est une personne qui se fait pauvre, qui se met en route, est tendu vers un but grand et désiré, vit de l’espérance d’une promesse reçue (cf. He 11, 8-19). Telle fut la condition d’Abraham, ce devrait être aussi notre attitude spirituelle. Nous ne pouvons jamais nous estimer autosuffisants, maîtres de notre vie ; nous ne pouvons pas nous limiter à rester fermés, sûrs de nos convictions.
Devant le mystère de Dieu, nous sommes tous pauvres, nous sentons que nous devons être prêts à sortir de nous-mêmes, dociles à l’appel que Dieu nous adresse, ouverts à l’avenir que Lui veut construire pour nous.
Dans notre pèlerinage terrestre, nous ne sommes pas seuls : nous croisons le chemin d’autres frères, parfois nous partageons avec eux un bout de chemin, parfois nous vivons ensemble une étape qui nous donne du courage. Telle est la rencontre d’aujourd’hui, et je la vis avec une particulière gratitude : c’est une halte commune heureuse, rendue possible par votre hospitalité, dans ce pèlerinage qu’est notre vie et celle de nos communautés. Nous vivons une communication et un échange fraternels qui peuvent nous donner du réconfort et nous offrir de nouvelles forces pour affronter les défis communs qui se présentent à nous.
Nous ne pouvons pas oublier, en effet, que le pèlerinage d’Abraham a été aussi un appel pour la justice : Dieu l’a voulu témoin de son agir et son imitateur. Nous aussi nous voudrions être témoins de l’agir de Dieu dans le monde et pour cela, justement dans notre rencontre, nous entendons résonner en profondeur l’appel à être artisans de paix et de justice, à demander ces dons dans la prière et à apprendre d’en-haut la miséricorde, la grandeur d’âme, la compassion.
Chers amis, de ce lieu saint, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux communautés qui se reconnaissent en Abraham :
Respectons-nous et aimons-nous les uns les autres comme des frères et des sœurs !
Apprenons à comprendre la douleur de l’autre !
Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu !
Travaillons ensemble pour la justice et pour la paix !