A l’occasion de la célébration, ce 8 février 2024, de la 10e Journée Mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, le Pape invite à «ne pas rester immobile» face aux différentes formes d’exploitation, et invite à prier et agir pour la cause de la dignité humaine.
Message du Saint-Père pour la 10e Journée mondiale
de prière et de réflexion contre la traite des personnes :
Cheminer pour la dignité : écouter, rêver, agir
Chères sœurs et chers frères !
Aujourd'hui, en la mémoire liturgique de sainte Joséphine Bakhita, se tient la 10ème Journée Mondiale de Prière et de Réflexion contre la Traite des Personnes. De tout cœur, je me joins à vous, en particulier aux jeunes qui, dans le monde entier, vous efforcez de lutter contre cette tragédie planétaire.
Nous marchons ensemble sur les traces de Sainte Bakhita, la religieuse soudanaise qui, enfant, a été vendue comme esclave et a été victime de la traite. Nous nous souvenons de l'injustice qu'elle a subie, de sa souffrance, mais aussi de sa force et de son chemin de libération et de renaissance à une nouvelle vie. Sainte Bakhita nous encourage à ouvrir les yeux et les oreilles, pour voir l'invisible et écouter les sans-voix, pour reconnaître la dignité de chacun et pour agir contre la traite et toute forme d'exploitation.
La traite est souvent invisible. Les médias, grâce aussi à des reporters courageux, mettent en lumière les servitudes de notre temps, mais la culture de l'indifférence nous anesthésie. Aidons-nous ensemble à réagir, à ouvrir nos vies, nos cœurs à tant de sœurs et de frères qui sont traités comme des esclaves. Il n'est jamais trop tard pour décider de le faire.
Et Dieu merci, de nombreux jeunes sont impliqués dans l'engagement de cette Journée mondiale. Leur élan nous montre la voie, nous dit que contre la traite, il faut écouter, rêver et agir.
Il est essentiel d'avoir la capacité d'écouter ceux qui souffrent. Je pense aux victimes des conflits, des guerres, aux personnes touchées par les effets du changement climatique, aux multitudes de migrants forcés, aux personnes soumises à l'exploitation sexuelle ou au travail, en particulier les femmes et les jeunes filles. Écoutons leur appel à l'aide, laissons-nous interpeller par leurs histoires et, avec les victimes et les jeunes, recommençons à rêver d'un monde où les personnes puissent vivre dans la liberté et la dignité.
Et puis, sœurs et frères, avec la force de l'Esprit de Jésus-Christ, nous devons transformer ce rêve en réalité, par des actions concrètes contre la traite. Engageons-nous à prier et à agir pour cette cause de la dignité : prier et agir aussi bien personnellement, dans les familles, dans les communautés paroissiales et religieuses, dans les associations et les mouvements ecclésiaux, que dans les différentes sphères sociales et dans la politique.
Nous savons qu'il est possible de lutter contre la traite, mais nous devons nous occuper de la racine du phénomène, en éradiquant ses causes. Je vous encourage donc à répondre à cet appel à la transformation, en mémoire de Sainte Joséphine Bakhita, symbole de ceux qui, malheureusement réduits en esclavage, peuvent encore retrouver leur liberté. C'est un appel à ne pas rester immobile, à mobiliser toutes nos ressources dans la lutte contre la traite et à rendre leur pleine dignité à ceux qui en ont été victimes. Si nous fermons les yeux et les oreilles, si nous restons inertes, nous serons complices.
De tout cœur, je vous remercie et vous bénis, vous qui travaillez pour cette Journée, et je bénis tous ceux qui veulent s'engager contre la traite et toutes les formes d'exploitation pour construire un monde de fraternité et de paix.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 8 février 2024
Mémoire de Sainte Joséphine Bakhita
FRANÇOIS