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- Le pape François s'est adressé aux jeunes de Scholas Occurrentes à Cascais au Portugal. - Il a salué la diversité de Scholas Occurrentes où chacun peut s'exprimer librement au-delà des différences de religion ou d'origine. - Les crises dans la vie sont nécessaires pour avancer et grandir. - Devant la fresque, le Pape invite à toujours transformer le chaos en cosmos. - Il faut parfois se salir les mains pour ne pas se salir le coeur. - Le Pape invite à réfléchir : est-on celui qui blesse, qui aide, ou qui fuit par peur ? - Le Pape fait une dernière touche à la fresque, transmise virtuellement dans le monde, donne sa bénédiction et demande aux jeunes de prier pour lui.
Texte en intégralité :
Question n° 1 (POR)
Bonjour. Scholas ! Scholas ! Scholas !
Quand cela m'a été présenté, je n'ai pas hésité à l'accepter et à l'embrasser car c'est un espace où tout le monde partage ses émotions et ses sentiments. C'est un espace où chacun apporte ce qu'il a de valeurs éthiques et morales pour le bien-être de la communauté, indépendamment de sa religion ou de son origine. Je viens de Guinée-Bissau et je suis musulman, mais je me sens partie prenante de cet espace. En tant que musulman, je ressens l'obligation et le devoir de me joindre et de faire partie de ce mouvement. Car ce que l'islam prône également, c'est la coexistence harmonieuse entre les croyances, entre les différentes croyances. Et il encourage et se soucie du bien-être de la communauté. Il nous dit ce que nous devons faire, que nous devons prendre soin de notre prochain et, pour cette raison, j'aimerais demander pourquoi Scholas est un espace auquel tout le monde s'identifie et pourquoi tant de diversité pour créer une œuvre d'art.
Pape :
Scholas rend cela possible, que chacun se sente interprété. Avec un grand respect, mais pas un respect statique, un respect dynamique qui met en mouvement, pour agir, pour s'exprimer en faisant, comme ce tableau dont vous m'avez parlé, celui du Corral, qui est une chapelle Sixtine peinte par vous. (Applaudissements). Scholas vous met en mouvement, Scholas vous fait respecter l'autre, et écouter l'autre qui a quelque chose à vous dire, et l'autre vous écoute car vous avez quelque chose à lui dire. Scholas vous montre le chemin pour avancer, vous fait avancer. Scholas est une rencontre en marchant, tous, quel que soit le pays, quelle que soit la religion, il suffit de regarder en avant et de marcher ensemble. Et cela est constructif, comme les trois kilomètres et demi de mur peint que vous avez faits pour arriver ici.
Question n° 2 (POR)
Je voudrais continuer un peu dans la direction de la diversité pour aborder le thème qui a été à la base de nos deux mois de travail, qui est le chaos. Nous, en tant que groupe, et moi-même individuellement, avons eu l'occasion de visiter différentes communautés, différentes personnes, de religions différentes, de cultures différentes, et cela nous a donné une merveilleuse opportunité de plonger toujours plus profondément, non seulement en nous-mêmes, mais aussi dans toute la communauté, pour découvrir le vrai sentiment qu'elles éprouvent, les vraies souffrances qu'elles ressentent, et ainsi leur donner l'opportunité de s'exprimer avec un coup de pinceau, avec une ligne sur le mur. Leur donner l'opportunité de s'exprimer ! Et cela nous implique inévitablement, touche notre cœur et nous fait réfléchir : avons-nous ce sentiment ? Ces souffrances font-elles partie de nous, de notre vie ensemble ? Alors j'aimerais demander : que serait notre existence sans le chaos originel ? Merci.
Pape :
Tu parles de chaos, d'accord. C'est la crise. Savez-vous d'où vient le mot "crise" ? Quand on tamisait le blé, on passait au crible [en espagnol "cribar" : il souligne la parenté entre "crise" et "cribar"]. Et les crises chez les personnes sont des situations de la vie, des événements, des problèmes organiques, des mauvaises humeurs ou des bonnes humeurs. Cela vous fait passer au crible, c'est-à-dire le tamiser, et vous devez choisir. Une vie sans crises est une vie aseptique. Vous aimez boire de l'eau ? Vous aimez ? Si je vous donne de l'eau distillée, quelle horreur ! L'eau distillée, c'est une eau sans crise. Une vie sans crises, c'est comme de l'eau distillée, elle n'a aucun goût. Elle ne sert à rien. Juste pour la mettre dans l'armoire et fermer la porte. Les crises doivent être acceptées, il faut les accepter et les résoudre. Parce que rester dans la crise n'est pas bon non plus, c'est un suicide continu. C'est comme être toujours en train d'arriver, d'arriver. Vous devez parcourir les crises, vous devez les accepter. Et rarement seul. Et c'est aussi important dans le groupe Scholas. Marcher ensemble pour affronter les crises ensemble, résoudre les problèmes. L'important est d'avancer et de grandir ensemble. Allez, même simplement pour manger une feijoada.
Question n° 3 (POR)
Ces deux derniers mois, nous avons beaucoup travaillé pour réaliser la fresque que vous avez vue dehors. Mais cette fresque représente vraiment le chaos. Le chaos qui, très souvent, quand nous le vivons, et quand nous le vivons de près, nous ne comprenons pas, c'est une grande confusion. Ce ne sont que des lignes aléatoires. Mais la vérité est qu'à un moment donné, nous prenons du recul. À cette distance, nous commençons à voir des formes, des couleurs ; nous commençons à trouver un sens dans ce chaos, à penser plus que ce que nous voyons ou entendons habituellement, mais oui, nous arrivons à nous exprimer. Pour moi, par exemple, cela a été une expérience très importante car j'ai moi aussi vécu des moments de grand chaos dans ma vie - je pense que nous les vivons tous - et la vérité est que, écouter l'histoire des autres, s'ouvrir vraiment pour écouter, pour partager et pour accueillir toutes les personnes qui ont participé à cette fresque, a été un privilège pour nous, peut-être plus pour nous que pour eux, pour nous qui sommes ici et qui avons permis que cela se produise. Et tout cela parce que nous recherchons ce sens, nous recherchons tous ce sens profond de percevoir quelque chose de plus grand que le simple fait d'être ici. Alors nous aimerions vous demander : quand vous êtes passé devant la fresque, qu'avez-vous ressenti, qu'avez-vous éprouvé en venant ici, au cœur de cette fresque, qui pour nous est vraiment juste le début ou la fin. Nous ne le savons pas. Et avant que vous ne répondiez, nous aimerions aussi, au nom de tous, vous offrir un pinceau, ce pinceau qui nous représente tous.
Pape :
C'est beau ce que vous avez dit du chaos. Il y avait quelqu'un qui disait que la vie de l'homme, notre vie humaine, consiste à faire du chaos un cosmos, c'est-à-dire donner un sens à ce qui n'a pas de sens, qui est désordonné, chaotique, créer un cosmos, avec un sens, ouvert, invitant, global. Je ne veux pas devenir ici un catéchiste, mais si nous regardons la structure du récit de la Création, qui est un récit mythique, dans le vrai sens du mot "mythe", car le mythe est une forme de connaissance. Alors celui qui a écrit le récit de la Création utilise cette histoire. Entre parenthèses, cela a été écrit longtemps après que le peuple juif ait fait l'expérience de sa libération. C'est-à-dire qu'avant, il y a eu toute l'expérience de l'exode du peuple juif, puis ils regardent en arrière. Et comment l'histoire a-t-elle commencé ? Comment le chaos s'est-il transformé en cosmos ? Et là, dans un langage poétique, on raconte comment Dieu du chaos fait la lumière un jour, fait l'homme un autre jour, et continue de créer des choses et de transformer le chaos en cosmos. C'est la même chose dans notre vie : il y a des moments de crise - je reprends ce mot -, qui sont chaotiques, où vous ne savez plus où vous êtes, nous passons tous par ces moments sombres. Chaos. Et le travail personnel, des personnes qui nous accompagnent, d'un groupe comme celui-ci, c'est de transformer le cosmos. Il m'est difficile dans ce chaos de la Sixtine [rires] de penser qu'il y a un cosmos derrière, car qu'est-ce que le cosmos ? Vous le construisez dans le message que vous portez, dans le chemin qui vous attend. N'oubliez jamais cela : transformer un chaos en cosmos. Et c'est le chemin de chacun. Une vie qui reste dans le chaos est une vie ratée, et une vie qui n'a jamais connu le chaos est une vie distillée, où tout est parfait. Et les vies distillées ne donnent pas la vie, elles meurent en elles-mêmes. Et si une vie personnelle et relationnelle qui a connu la crise comme chaos et lentement à l'intérieur d'elle-même, et dans la communauté, s'est transformée en un cosmos... Chapeau bas !
Une des jeunes de Scholas Ocurrentes en espagnol :
Merci, Pape François, pour vos paroles. Merci !
Une jeune en portugais :
C'est une joie pour nous de conclure ainsi ce chemin. Mais bien que cette expérience touche à sa fin, nous aimerions penser que l'œuvre ne se terminera jamais. C'est pourquoi aujourd'hui, nous terminerons en commençant. Et ainsi, quand un chemin se ferme, un nouveau chemin s'ouvre. Nous avons décidé d'appeler ce projet : "Vie entre Mondes". En effet, toute la fresque est une expérience et une expression de vie qui naissent de la rencontre de tant de réalités différentes. C'est pourquoi aujourd'hui, nous ferons un saut et nous réunirons un monde physique avec un monde virtuel.
Une jeune en espagnol :
Nous vous demandons, cher François, de nous accompagner jusqu'au mur derrière vous et de nous offrir le dernier coup de pinceau de cette fresque, mais avec un pinceau très particulier, capable de commencer en même temps une œuvre virtuelle qui réussira à réunir les différentes communautés de Scholas dans le monde entier.
José María del Corral, Président de Scholas Ocurrentes :
Pape François, cette vidéo, ce pinceau virtuel dont parlait Eugenia, c'est une arme pour la paix. Elle ressemble à un pistolet car elle va tirer ici, mais au lieu de tuer, ce coup de pinceau que vous donnerez sur le mur, vous le donnerez aussi dans le monde virtuel. En ce moment, il y a des jeunes de Scholas au Mozambique, qui ont installé un dispositif, au Mozambique, à Tofo, pour voir le coup de pinceau que vous donnerez maintenant, et le suivre dans le monde virtuel, car les jeunes veulent que ce soit vous qui unissiez le monde physique au monde virtuel pour que le monde virtuel ne cesse jamais d'être concret et engagé dans la réalité. [applaudissements] Peignons le mur.
Pape :
C'est l'histoire du bon Samaritain, et aucun d'entre nous n'est à l'abri d'être un bon Samaritain. C'est un devoir que nous avons tous. Chacun doit le chercher dans la vie, car chacun termine sa vie [...] il a perdu comme dans la guerre. Le bon Samaritain le trouve jeté à terre, mais avant, il y avait un lévite, il y avait un prêtre, mais ils étaient pressés. Ils ne lui ont pas accordé d'importance. Mais en plus d'être pressés, ils ne pouvaient pas le toucher car il y avait du sang [...] et selon la législation de l'époque, celui qui touchait le sang devenait impur. Je ne sais pas combien de temps il devait se purifier, alors cela l'empêchait de faire son devoir, il ne devait pas toucher. "Meurs mais je ne te touche pas, je ne deviens pas impur. Meurs mais je ne deviens pas impur." N'oubliez pas cela. Combien de fois cela peut-il nous traverser l'esprit : "Meurs mais je ne deviens pas impur." Combien de fois préférons-nous la pureté rituelle à la proximité humaine [...]. Les Samaritains, dans la mentalité de l'époque, étaient des "malheureux", ils étaient tous malheureux et des marchands, ils n'étaient pas purs d'esprit, de cœur, ils étaient marginalisés, mais le bon Samaritain le voit, s'arrête et l'histoire dit qu'il a eu compassion. "Meurs, je m'occupe de ma pureté." Il a eu compassion. Je vous laisse la question : qu'est-ce qui me fait éprouver de la compassion ? Ou bien avez-vous un cœur si aride que vous n'éprouvez pas de compassion ? Que chacun se pose la question. Et puis que se passe-t-il ? Il l'amène dans une auberge et lui trouve une chambre et dit à l'aubergiste : "Regarde, je repasserai dans trois jours. En attendant, prends ceci et si tu en as besoin de plus, je te paierai en revenant." Ce "malheureux" était quelqu'un qui payait. Alors nous avons les voleurs qui tuent, le bon Samaritain qui prend soin et le lévite et le prêtre qui s'en vont pour ne pas devenir impurs. Et Jésus dit : celui-ci entre dans le Royaume des Cieux, car il a eu compassion. Pensez un peu à cette histoire. Où suis-je ? Je fais du mal aux gens ? Où suis-je ? J'évite les difficultés réelles ou je me salis les mains ? Parfois dans la vie, il faut se salir les mains pour ne pas se salir le cœur.
Une jeune, en espagnol :
Merci, cher François, pour ton cadeau, un véritable signe pour continuer à marcher ensemble.
Pape : Maintenant, je vous donne ma bénédiction, mais promettez-moi de demander la bénédiction également pour moi, après.
Priez pour moi, et ceux d'entre vous qui ne le font pas parce qu'ils ne peuvent pas ou parce qu'ils ne se sentent pas prêts, envoyez-moi de l'énergie positive.