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| Sujet: François: la beauté de la foi n'est pas un souvenir de musée Dim 21 Mai 2023 - 12:07 | |
| Le Pape François a accueilli, ce samedi 20 mai 2023, au Vatican, les pèlerins de l’archidiocèse de Spolète-Norcia, venus à Rome en cette année jubilaire qu’ils vivent, à l’occasion de l'anniversaire de la dédicace de la cathédrale Santa Maria Assunta de Spolète. Il a invité dans son discours à chercher les trésors et la beauté de la foi, exhortant à privilégier l’intercession en tant que chrétiens.
Aux participants au pèlerinage du archidiocèse de Spoleto-Norcia : Chers frères et sœurs, petits frères, petites sœurs, bienvenue à tous!
Je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie d'être venus en pèlerinage à Rome pour l'Année jubilaire que vous vivez à l'occasion de l'anniversaire de la dédicace de la cathédrale Santa Maria Assunta à Spoleto.
Je sais que sa façade, apparue à la télévision de nombreuses fois ces dernières années, est devenue familière à tous les Italiens. Mais je sais surtout que c'est une très belle église. La beauté attire, et je voudrais vous dire quelque chose sur la beauté. Car communiquer la foi est avant tout une question de beauté. Mais la beauté ne s'explique pas, elle se montre, elle se fait voir; on ne peut pas convaincre de la beauté, il faut la témoigner. C'est pourquoi dans l'Église ce qui est témoigné est plus important que ce qui est prêché. Et votre cathédrale, avec ses magnifiques chapelles, abrite des histoires de vie et de foi, elle renferme sainteté et beauté. C'est un témoignage d'histoire, de vie, de beauté, de sainteté. Certes, c'est une beauté qui doit être recherchée, qui doit être mise en lumière, comme le fait un restaurateur lorsqu'il redécouvre les couleurs d'une fresque ancienne. Ainsi en est-il dans l'Église, où ce qui n'apparaît pas aux yeux est plus précieux que ce qui se voit : la prière, la charité faite en secret, la force du pardon ne font pas la une des journaux; tout comme les sacrifices des pasteurs, la vie de nombreux "saints du quotidien", le témoignage des parents, des familles, des personnes âgées... Voilà, je vous souhaite d'être des découvreurs de beauté, des chercheurs des trésors de la foi; de ne pas vous arrêter à la surface des choses, mais de voir au-delà, en appréciant et en embrassant le patrimoine de sainteté et de service qui est la richesse de l'Église. Et aussi de l'accroître, car la foi ne peut pas rester un souvenir du passé, quelque chose de "muséal", non; mais elle revit toujours dans la joie de l'Évangile, dans la communauté faite de personnes, dans l'assemblée de ceux qui expérimentent la miséricorde et se reconnaissent par grâce frères et sœurs aimés de Dieu.
Chercher la beauté, c'est aller au cœur des choses, pas à l'apparence. Dans l'Église, il n'est plus temps de se concentrer sur des aspects secondaires, des aspects extérieurs; il est temps de regarder vers la communauté des origines et de se concentrer sur les vraies priorités, qui sont la prière, la charité et l'annonce. Je sais que vous vous efforcez de donner vie à une action apostolique plus authentique. Renouveler la pastorale demande des choix, et ces choix doivent partir de ce qui compte le plus. N'ayez pas peur de mettre à jour les modalités de l'évangélisation, de la catéchèse, du ministère du pasteur et du service des agents pastoraux, pour passer d'une pastorale de conservation, où l'on s'attend à ce que les gens viennent, à une pastorale missionnaire, où l'on s'entraîne à ouvrir le cœur à l'annonce, à sortir des "introversions pastorales". Quand le cœur ne reste pas fermé et triste à ruminer les choses qui ne vont pas, mais s'ouvre, comme le fait un prêtre qui se dépense pour son peuple, une famille qui engendre la vie, un jeune qui choisit de ne pas penser seulement à s'amuser mais de se mettre en jeu pour Dieu et pour les autres, alors l'Évangile passe de manière authentique, à travers la beauté du témoignage. Souvenons-nous toujours de cela: le témoignage de la vie communique la beauté de la foi. Le témoignage de la vie communique la beauté de la foi. "Regarde, étudie, comme notre foi est belle..." - "Je ne la comprends pas, je ne la vois pas. Je la vois dans le témoignage des chrétiens". Si je me dis chrétien et que je témoigne de non-chrétien ou de mondain, cela ne sert à rien. Il y a une cohérence entre ce que je crois et comment je vis ce que je crois : cette cohérence est tant souhaitée.
En plus de la beauté, je voudrais partager avec vous un deuxième mot qui, je crois, vous concerne particulièrement. Le mot est intercession. Votre cathédrale, dédiée à la Mère de Dieu, a son effigie la plus représentative dans la "Santissima Icone". Cette image représente la Vierge les mains levées, intercédant pour nous : "intercesseuse". Et c'est "une icône qui parle" : en effet, son cartouche donne voix à l'image. Il le fait à travers un dialogue entre Jésus et sa Mère, un dialogue presque dramatique, avec le Christ qui dit : "Que demandes-tu, ô Marie ?", et Elle répond : "Le salut des vivants". Il rétorque : "Mais ils provoquent le dégoût". Et elle : "Aie pitié d'eux, mon Fils". Lui : "Mais ils ne se convertissent pas!", et Elle : "Et toi, sauve-les par grâce". C'est par cette intercession que la Vierge touche le cœur du Fils. Et ce n'est pas une image poétique, c'est la vérité. Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous - nous disons dans l'Ave Maria. Et elle prie pour nous. Nous lui demandons de prier pour nous et elle le fait, elle parle au Fils. L'intercession a une dimension intéressante, c'est porter les autres devant le Seigneur, lutter avec Lui à travers la prière, savoir insister, non seulement et pas tant pour nos amis et pour les personnes qui nous sont chères, comme on le fait généralement, mais surtout pour ceux qui sont loin, pour ceux qui ne sont pas des nôtres, pour ceux qui nous critiquent, pour ceux qui ne connaissent pas l'amour de Dieu. Une Église qui intercède, qui prie pour les autres, qui porte le monde au Seigneur sans devenir mondaine, est une Église toujours vivante, toujours vibrante, toujours belle. Combien de fois, cependant, le virus de la plainte s'insinue parmi nous, parce que "les choses qui ne vont pas sont nombreuses", "les temps passés étaient meilleurs", "le pasteur précédent était meilleur", et cette musique de se plaindre. Se plaindre est une chose amère, laide, savez-vous ? Vous semble-t-il que c'est une chose douce ? Non. Il amère le cœur, la plainte. Et Sainte Thérèse, qui était bonne, qui savait diriger, disait : "Malheur à ceux qui se plaignent et disent : "On m'a fait une injustice"". Malheur. Parce que les pleurnichards sont comme ces femmes qui autrefois allaient pleurer aux funérailles, devant le défunt. Et elles pleuraient, pleuraient... leur tâche était de se plaindre et de pleurer. Laid, mauvais métier et mauvaise figure de la personne qui vit en se plaignant toujours. Le chrétien ne peut pas se laisser piéger dans les filets de cette mondanité fatiguée et énervante, mais il est appelé à redécouvrir la beauté qu'il a reçue par grâce et à intercéder, c'est-à-dire à attirer la beauté sur les autres.
Chers frères et sœurs, que ce jubilé vous aide à renforcer vos racines, afin que vous, de la vallée de Spoleto et des montagnes de Nursini, de votre basilique séculaire, à l'école de Marie et de votre patron le martyr Saint Ponziano, puissiez vous réjouir de la beauté de l'amour de Dieu et d'être Église, et vous sentir appelés à intercéder. Je vous souhaite cela tout en vous bénissant de tout mon cœur. Et je vous demande une faveur : en vous arrêtant dans la cathédrale de Spoleto près de la Santissima Icone, n'oubliez pas de prier pour moi. Merci.
-------------------------------------------------- Source : www.vatican.va | |
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