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| Sujet: La douleur est un lieu de rencontre avec la compassion de Dieu Jeu 20 Avr 2023 - 15:45 | |
| Le Pape François a reçu, ce jeudi matin 20 avril 2023, en audience, les membres de la Commission pontificale biblique. Il n’a pas prononcé son discours, dans lequel il revient sur le regard de foi porté dans la Bible sur la maladie et la souffrance.
Aux membres de la Commission biblique pontificale : Monseigneur le Cardinal,
Chers membres de la Commission biblique pontificale !
Je suis heureux de vous accueillir à la fin de votre session plénière annuelle. Je remercie le Cardinal Luis Ladaria pour son adresse de salut et pour l'exposition qu'il nous a offerte sur le thème que vous avez abordé : La maladie et la souffrance dans la Bible. Il s'agit d'un sujet qui concerne tout le monde, croyants et non-croyants. La nature humaine, en effet, blessée par le péché, porte inscrite en elle la réalité de la limite, de la fragilité et de la mort.
Ce thème répond, en outre, à une préoccupation qui me tient particulièrement à cur, à savoir que la maladie et la finitude dans la pensée moderne sont souvent considérées comme une perte, une non-valeur, une gêne qu'il faut minimiser, contrer et annuler à tout prix. On ne veut pas se poser la question de leur signification, peut-être parce qu'on en craint les implications morales et existentielles. Pourtant, personne ne peut échapper à la recherche de ce "pourquoi" (cf. Saint Jean-Paul II, Lett. Ap. Salvifici dolis, 9).
Même le croyant peut parfois chanceler devant l'expérience de la douleur. C'est une réalité qui fait peur et qui, lorsqu’il entre et assaille, peut laisser l'homme bouleversé, jusqu’à en briser la foi. La personne est alors placée devant un carrefour : elle peut permettre à la souffrance de la conduire au repli sur elle-même, jusqu'au désespoir et à la rébellion ; ou elle peut l'accueillir comme une occasion de croissance et de discernement sur ce qui compte vraiment dans la vie, jusqu'à la rencontre avec Dieu.
Cette dernière est la vision de la foi que nous trouvons dans l'Écriture Sainte.
L'homme de l'Ancien Testament vit la maladie par la pensée constamment adressée à Dieu : il s'en remet à Lui dans les moments des larmes (cf. Sal 38), il implore la guérison dans l'infirmité (cf. Sal 6,3 ; Is 38) et il revient souvent, dans les moments d'épreuve, avec des mouvements de conversion (cf. Sal 38,5.12 ; 39,9 ; Is 53,11).
Dans le Nouveau Testament vient l'événement Jésus (cf. Jn 3, 16) : le Fils qui révèle l'amour du Père, sa miséricorde, son pardon et sa recherche constante de l'homme pécheur, égaré et blessé. Ce n'est pas par hasard que l'activité publique du Christ est marquée en grande partie par le contact avec les malades. Les guérisons miraculeuses sont une des caractéristiques principales de son ministère (cf. Mt 9,35; 4,23): elle réhabilite les lépreux et les paralytiques (cf. Mc 1,40-42; 2,10-12); elle guérit la belle-mère de Simon et le serviteur du centurion (cf. Mt 8,5-15); elle libère les démoniaques et soigne tous les malades qui s'en remettent à Lui (cf. Mc 6,56).
Sa compassion pour eux et les nombreuses guérisons qu'il accomplit sont présentées comme le signe que "Dieu a visité son peuple" (Lc 7, 16) et que le Royaume des cieux est proche (cf. Lc 10, 9): elles révèlent son identité divine, sa mission messianique (cf. Lc 7, 20-23) et son amour pour les faibles jusqu'à s'identifier à eux, quand il dit : "J'étais malade et vous m'avez visité" (Mt 25, 36). Le point culminant de cette identification se produit dans la Passion, de sorte que la Croix du Christ devient le signe par excellence de la solidarité de Dieu avec nous et, en même temps, la possibilité pour nous de nous unir à Lui dans l'oeuvre salvifique (cf. Col 1, 24). Même après la Résurrection, quand le Seigneur confie aux disciples le mandat de continuer son oeuvre, il leur dit de soigner les malades, en imposant leurs mains sur eux et en les bénit en son nom (cf. Mc 16, 15-18).
La Bible n'offre pas ainsi une réponse banale et utopique à la question sur la maladie et la mort, ni une réponse fataliste, qui justifie tout en l'attribuant à un jugement divin incompréhensible, ou pire à un destin inexorable devant lequel il ne reste plus qu'à se pencher sans comprendre. L'homme biblique se sent plutôt invité à affronter la condition universelle de la douleur comme lieu de rencontre avec la proximité et la compassion de Dieu, Père bon, qui, avec une infinie miséricorde, prend en charge ses créatures blessées pour les soigner, les relever et les sauver.
Ainsi, dans le Christ, la souffrance se transforme en amour et la fin des choses de ce monde devient espérance de résurrection et de salut, comme nous le rappelle l'auteur du livre de l'Apocalypse (cf. Ap 21,4). En substance pour le chrétien, l'infirmité est aussi un don grand de communion, avec lequel Dieu le rend participant de sa plénitude de bien précisément à travers l'expérience de sa faiblesse.
En réalité, la façon dont nous vivons la douleur nous parle de notre possibilité d'aimer et de nous laisser aimer, de notre capacité à donner un sens aux événements de l'existence à la lumière de la charité et de notre disponibilité à accueillir la limite comme occasion de croissance et de rédemption [1]. C'est ce que soulignait saint Jean-Paul II quand, à partir de son vécu personnel, il indiquait le chemin de la souffrance comme voie pour s'ouvrir à un amour plus grand (cf. Lett. Ap. Salvifici dolis, 20).
Enfin, un dernier aspect de l'expérience de la maladie que je voudrais souligner est qu'elle nous enseigne à vivre la solidarité humaine et chrétienne, selon le style de Dieu qui est proximité, compassion et tendresse. La parabole du bon Samaritain nous rappelle que se pencher sur la douleur des autres n'est pas pour l'homme un choix optionnel, mais plutôt une condition indispensable, tant pour sa pleine réalisation en tant que personne que pour la construction d'une société inclusive et vraiment orientée vers le bien commun (cf. Lett. Enc. Frères tous, 67-68).
Chers membres de la Commission biblique pontificale, je vous exprime à tous mes remerciements et mes encouragements personnels pour le travail difficile que vous accomplissez au service de la Parole de Dieu, à travers la recherche et l'enseignement. Vous vous occupez d'un des domaines les plus importants de l'inculturation de la foi, qui est une partie fondamentale de la mission de l'Eglise. Rappelez-vous, cependant, que votre oeuvre grandira d'autant plus que vous saurez accueillir personnellement le mystère de l'Incarnation dans votre vie de foi.
C'est pourquoi je vous souhaite une poursuite fructueuse de votre travail, j'invoque sur vous la lumière de l'Esprit Saint et de coeur je vous bénis. Et n'oubliez pas de prier pour moi. Merci !
_______________________________________ [1] Voir Homélie à l'occasion du Jubilé des malades et des personnes handicapées, 12 juin 2016.
------------------------------------------------------- Source : www.vatican.va | |
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