Aux participants à la rencontre de la communauté catholique Shalom

Je remercie Moysés et Maria pour leur introduction, et je vous remercie de vos témoignages. Je vais essayer de répondre aux questions que vous m'avez posées ; elles sont arrivées. Je salue le Cardinal Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie et le Cardinal Scherer, si humble ; il est venu nous accompagner. Merci. Merci.

Je voudrais tout d'abord souligner une chose que nous avons entendue de Moysés. Il a dit que la Communauté Shalom est née il y a quarante ans lors d'une célébration eucharistique, au moment de l'offertoire. C'est important ! Elle n'est pas née "à la table" avec un beau plan pensé par lui ou quelqu'un d'autre. Elle est née dans la prière, dans la liturgie. Il vient à l'esprit - avec les proportions requises - l'épisode des Actes des Apôtres, lorsque Paul et Barnabé sont envoyés en mission : il se produit pendant une prière communautaire où l'Esprit Saint demande de leur réserver deux pour la mission aux païens (cf. Ac 13, 1-3). C'est l'Esprit Saint qui fait vivre l'Eglise - ne l'oublions pas -, qui la fait avancer. Et cela le fait surtout dans la prière, de manière spéciale dans la liturgie. La liturgie n'est pas une belle cérémonie, un rituel où sont au centre nos gestes ou, pire, nos vêtements, non ! La Liturgie est l'action de Dieu avec nous, et il faut être attentif à Lui : à Lui qui parle, à Lui qui agit, à Lui qui appelle, à Lui qui envoie... Et ce n'est pas hors du temps et de l'histoire, non, dans la réalité historique, dans les situations. Merci, Moysés, parce que votre expérience nous le rappelle.

Je reprends les questions. Toi, Fabiola, tu m'as demandé comment persévérer dans l'amitié avec Dieu dans un monde frénétique, et comment "contaminer" cette expérience dans les milieux de vie. Je dirais : rappelons-nous le verbe que répète tant de fois l'évangéliste Jean : "rester". "Restez en moi" - dit Jésus, "restez dans mon amour" (15,4.9). "Restez". Si nous restons unis au Christ comme des trous dans la vigne, nous persévérons et même "nous contagions". Tout d'abord, si nous restons en Lui par la prière, l'écoute de la Parole, l'adoration, le Rosaire, alors la sève de l'Esprit Saint passe de Lui en nous et nous pouvons persévérer. Mais nous aussi pouvons "infecter", ne doutons pas !, l'a promis Lui : celui qui reste en Lui porte beaucoup de fruit, dit le Seigneur (cf. Jn 15, 5). Le fruit est l'amour, et c'est l'amour du Christ qui touche le coeur des personnes, partout où nous sommes, dans chaque milieu. C'est à nous que revient l'engagement de rester en Lui, le reste le fait l'Esprit Saint. C'est Lui le protagoniste, pas nous : c'est Lui. N'oublie pas ça. Toujours le protagoniste de la croissance de l'Eglise est l'Esprit Saint ; même de la croissance de mon âme.

Bertrand, vous avez témoigné que vous avez été impressionné par le style jeune de la première rencontre avec la communauté "Shalom", et vous avez demandé comment il est possible de maintenir cet esprit en vie, et aussi quelle est l'importance du protagonisme des jeunes dans l'Eglise. Ecoute, pour conserver un esprit jeune, il faut rester ouvert à l'Esprit Saint : c'est Lui qui renouvelle les coeurs, renouvelle la vie, renouvelle l'Eglise, renouvelle le monde. Nous ne parlons pas de jeunesse physique, mais de jeunesse d'esprit, celle qui apparaît dans les yeux de certains vieux plus que dans ceux de certains jeunes ! Ce n'est pas une question d'état civil. Et puis une autre chose, comme l'a dit saint Jean-Paul II aux JMJ de 2000, "ceux qui restent avec les jeunes restent jeunes" (cf. Veillée à Tor Vergata). Si un vieil homme s'isole, il évite les jeunes, il vieillit plus tôt. Au lieu de cela, il est beau et enrichissant d'être un peu avec les garçons, avec les adolescents, avec les jeunes ; non pas pour les "copier" - c'est ridicule -, non pas pour faire des sermons, mais pour les écouter, parler avec eux, raconter quelques expériences... Et quant au protagonisme, je dirais deux choses. La première est le protagonisme de la sainteté. Je pense à Carlo Acutis, comme exemple récent ; mais d'abord à Piergiorgio Frassati, d'abord à Gabriele dell'Addolata, à Teresa di Gesù Bambino, à Francesco et Chiara d'Assise, qui étaient jeunes, et ainsi de suite jusqu’à la première et parfaite disciple : Marie de Nazareth - jeune -, qui était une fille quand elle a dit "me voici". Tous ceux-ci ont édifié l'Église et l'édifient encore par leur témoignage, en répondant à la grâce de Dieu. Deuxième aspect : en tant que pasteurs, envers les jeunes, nous devons apprendre à ne pas être paternalistes. Nous impliquons parfois les jeunes dans les initiatives pastorales, mais pas jusqu'au bout. Nous risquons de les "utiliser" un peu, pour faire bonne figure. Mais je me demande : les écoutons-nous vraiment ? Merci, Bertrand.

Et toi, Dilma, tu as témoigné de la joie de l'amitié avec les frères et soeurs les plus pauvres. Et demandez-vous comment nous pouvons cultiver cette amitié, et en faire profiter d'autres aussi. Je ne vous donne qu'un exemple : une jeune nonne, inconnue à l'époque, a répondu à l'appel de Dieu lui disant de rester près des derniers de Calcutta. Elle s'appelait soeur Teresa. Où a-t-il trouvé la force d'aller chaque jour dans les rues pour ramasser les mourants ? Il la trouvait dans son Seigneur Jésus, qu'il recevait et adorait chaque matin et Il lui disait : "J'ai soif". Et puis elle sortait et elle le reconnaissait dans les visages de ces gens abandonnés. Et nous savons ce qui s'est passé : d'abord quelques femmes, puis des dizaines, puis des centaines de jeunes femmes ont suivi son exemple, et d'autres se portent volontaires. Près d'ici, à cent mètres d'où nous sommes maintenant, il y a une maison, appelée "Don de Marie", où les Missionnaires de la Charité accueillent certaines personnes. Je te laisse ça comme réponse et comme provocation.

Et enfin Madalena et Jacqueline, vous nous avez apporté le charme de la première heure. Votre question concerne le chemin présent et futur de la Communauté "Shalom". Et cela demande donc une réponse un peu longue, qui s'adresse à tout le monde.

Votre Communauté est caractérisée dès le début par le courage créatif, l'accueil et un grand élan missionnaire. Courageux. À l'époque, Moysés était un jeune ; aujourd'hui pauvre, il est vieux, vieil homme. Ces traits distinctifs se retrouvent encore aujourd'hui dans les initiatives qui sont menées dans différents pays, à savoir le courage créatif, l'accueil, l'élan missionnaire. Ce travail que vous amenez dans différents pays a donné vie, au fil des ans, à une réalité ecclésiale qui comprend désormais non seulement des jeunes, mais aussi des familles, des célibataires engagés dans la mission, des prêtres. Beaucoup de choses. Je bénis avec vous le Seigneur pour cela et je vous dis : par la grâce de Dieu, gardez vivants ces dons, le courage créatif, l'accueil et l'élan missionnaire. S'il te plaît, ne va pas au musée, non ! Vous n'êtes pas des gens de musée, mais qui marchent avec courage créatif, avec l'accueil et avec l'élan missionnaire. Merci. Merci.

Votre nom est "Shalom". Cette parole n'est pas un slogan, elle vient de l'Évangile, elle vient des lèvres et du coeur de Jésus Ressuscité, qui, apparaissant aux disciples au Cénacle, dit : "Paix à vous !" (Jn 20, 19.21.26). C'est "Shalom", paix à vous. Cette paix du coeur que vous avez reçu de votre rencontre personnelle avec Jésus ressuscité et de l'expérience de son amour infini. Cette paix vous a réconcilié avec Dieu, avec vous-même, avec les autres et maintenant vous essayez de la transmettre aussi à toutes les personnes que vous rencontrez. Le mot "Shalom" est également gravé dans le "Tau", le crucifix que vous portez au cou, comme signe d'élection et d'appel à être partout disciples de Jésus.

Et en votre nom, il y a aussi le mot "catholique". Vous êtes une communauté catholique. C'est le nom de notre Mère l'Eglise ! Catholique : pourquoi ? Et vous êtes nés dans ses seins. Vous avez valorisé les dons et la vivacité dont est riche l'Eglise au Brésil. Vous avez mis à profit le courant de grâce provenant du Renouveau charismatique, qui a alimenté aussi votre charisme. Vous avez mis au centre la Célébration eucharistique, l'Adoration, la Confession. Vous avez valorisé la prédication, la musique, la prière contemplative individuelle et la prière communautaire. C'est vraiment la richesse "catholique" et la richesse inépuisable qui se trouve dans l'Eglise et à laquelle nous devons toujours puiser. Et quand vous dites "catholique", dites-le.

Votre Communauté est catholique aussi parce qu'elle a toujours marché aux côtés des pasteurs de l'Église. C'est l'archevêque de Fortaleza de l'époque, Don Aloisio Lorscheider, qui a suggéré à Moysés d'offrir quelque chose à Saint-Jean-Paul II, représentant tous les jeunes. Et l'Esprit Saint inspira à Moysés d'offrir sa propre vie. C'était Mons lui-même. Lorscheider, franciscain, à orienter l'identité spirituelle de la jeune communauté en conseillant les écrits de Sainte Thérèse d'Avila. Saint François et Sainte Thérèse sont les inspirateurs de votre chemin spirituel. De nombreux autres bergers vous ont aidé et soutenu. Gardez toujours cet esprit d'obéissance filiale, d'affection et de proximité avec vos bergers. C'est très important. Ne vous éloignez pas des bergers. Là où il y a le pasteur, il y a Jésus. En fait, nous en tant que pasteurs de Jésus.

Chers amis, au cours de ces quarante années de votre histoire, s'est dessinée la physionomie de la communauté - il y a les traits essentiels, constitutifs - mais c'est un processus qui n'est pas encore terminé. Votre fondateur est toujours à votre tête et vous êtes donc encore dans une phase "fondationnelle". Je vous exhorte à rester dociles à l'action de l'Esprit, ouverts à l'écoute réciproque et aux orientations de l'Eglise, pour discerner au mieux comment poursuivre sur votre chemin.

Comme je l'ai dit, votre communauté est née d'un acte d'offrande de soi. C'est une grâce, car elle a suscité et suscite encore chez de nombreux jeunes le désir d'une égale donation. Mais c'est aussi une invitation à la responsabilité et à la prudence. En effet, la proposition de l'offre de soi, sans renoncer à montrer la beauté de la vocation au disciple, doit savoir respecter la liberté des personnes, savoir attendre les différents temps de croissance de chacun et accompagner avec délicatesse et discernement le choix du statut de vie à embrasser et le choix de la vie communautaire. La docilité à l'Esprit Saint, l'expérience et l'écoute de l'Eglise Mère vous enseigneront à éviter toujours toute forme d'ingérence dans la conscience personnelle ; ils vous enseigneront à faire en sorte que les différentes formes de vie commune en votre sein protègent toujours la juste autonomie et les exigences des différentes vocations : des prêtres, des mariés et de ceux qui ont fait un choix de célibat pour la mission.

Chères soeurs et chers frères, nous remercions Dieu pour ce que vous êtes et pour ce que vous faites. Votre charisme est un don de l'Esprit Saint à l'Eglise, à l'Eglise d'aujourd'hui. Bénissons le Seigneur pour les nombreux jeunes qui fréquentent vos groupes, pour les familles qui se sont formées, pour les nombreuses vocations et conversions, pour le soutien que vous apportez à tant de paroisses, pour tout l'apostolat que vous faites dans les milieux les plus divers.

Et vous êtes venus à Rome pour renouveler l'offre de votre vie et pour renouveler, devant le Successeur de Pierre, cet acte fondateur qui fut accompli il y a quarante ans par votre fondateur. Saint François d'Assise, Sainte Thérèse de Jésus vous accompagnent sur votre chemin. Que la Vierge Marie, modèle de toute donation au Seigneur, garde en vous l'esprit de confiance et d'abandon au Père et vous aide à persévérer dans votre choix. Que le Seigneur accueille le don de votre vie, que le Seigneur vous soutienne par sa grâce ; seuls vous ne pouvez rien. Je vous bénis de tout coeur et, s'il vous plaît, je vous demande de prier pour moi. Merci.

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