Aux Pèlerins de l'Institut Maestre Pie Filippini

Je salue les Sœurs Pieuses Philippines, la Mère Générale et vous tous, fidèles des diocèses de Viterbo et Civitavecchia-Tarquinia, accompagnés de leurs Evêques respectifs et de vos prêtres. Un salut cordial également aux maires et autres autorités ici présentes. Et à vous, garçons de première communion !

Je participe à votre joie pour le 350e anniversaire de la naissance de Sainte Lucie Filippini. Cette année jubilaire est un temps précieux pour chacun de vous : c'est comme un retour aux sources pour puiser de nouvelles énergies pour l'avenir ; mais c'est aussi l'occasion de remercier le Seigneur et de lui demander aussi d'être les canaux de cette même grâce que Sainte Lucie a accueillie et généreusement distribuée à tant de personnes. Je voudrais partager avec vous deux brèves réflexions : une plus directement adressée à l'Institut des Maîtres Pieux Philippins ; l'autre pour vous tous, dévots de Sainte-Lucie.

Cher Pieux Maestre, votre mission est déjà exigeante à partir du nom de Maestre. Maître est celui qui enseigne. Cependant, un proverbe dit qu'on n'enseigne pas ce que l'on sait, mais ce que l'on est. Aux autres, nous transmettons ce que nous sommes à l'intérieur. Il ne suffit pas de se remplir la tête d'idées, ce n'est pas d'éduquer ; éduquer, c'est transmettre la vie. Et être enseignant, c'est vivre une mission. Par contre, si on fait de bons discours, mais que la vie va dans un autre sens, on risque de n'être que des acteurs qui jouent un rôle, mais pas des éducateurs.

L'exemple de votre Fondatrice peut vous aider à vivre cette mission. Sainte-Lucie est généralement représentée avec le crucifix à la main ou en train de le montrer du doigt. Elle a su en enseigner beaucoup, d'abord parce qu'elle-même n'a cessé d'être disciple de Jésus Maître et de se tenir devant sa chaise, c'est-à-dire la croix. Elle tenait devant ses yeux Dieu qui donne la vie et se sentait appelée à faire de la vie un don. Il transmettait ainsi aux autres ce qu'il gardait dans son cœur : non des sermons, non des théories, mais des contenus et de la vie, des contenus de vie. Sa mission éducative n'était pas autre chose que son expérience mystique.

Chères sœurs, tout cela nous rappelle que nous ne pouvons pas nous contenter d'« enseigner » Jésus ; Jésus témoigne d'abord de lui-même. C'est ainsi que la foi se transmet. Dieu ne se communique que s'il vit dans notre vie, s'il comble nos affections, s'il unit nos pensées et inspire nos actions. Et quelle en est la preuve ? Notre ouverture aux autres : celui qui connaît le Seigneur ne s'enferme pas dans la sacristie, mais vit pour servir, sans se soucier d'où ni de ce qu'on lui demande de faire. Service vivant, car le service est le grand enseignement du Maître, venu pour servir et non pour être servi (cf. Mc 10, 45).

On parle souvent des difficultés de la vie religieuse, du manque de vocations, etc. Je voudrais vous donner quelques conseils, qui ne représentent pas la solution immédiate de ces problèmes, mais la principale manière de les affronter : nous ne sommes pas appelés avant tout à « mettre Jésus au centre, comme si nous étions les protagonistes ; nous sommes appelés d'abord à nous éloigner du centre qui lui appartient, à vivre la consécration comme un appel au service. C'est ce qui permet à Jésus d'agir en nous comme il le souhaite et de nous apprendre à vaincre la résignation et la nostalgie, à lire notre époque complexe, à emprunter courageusement de nouveaux chemins en phase avec son temps. Cela vous fera du bien de vous souvenir de l'image de Sainte Lucie avec le Crucifix à la main : pas à nous, mais à Lui appartient le centre ; et nous serons de bons enseignants si nous restons des disciples, appelés chaque jour à servir, avec joie !

Une seconde pensée, adressée à vous tous qui célébrez Sainte Lucie Filippini. Cette femme avait un secret : elle vivait avec une confiance constante en Dieu, parce qu'il - disait-elle - « ne peut pas laisser d'être mon père ». Je voudrais vous répéter ces mots : il ne peut pas cesser d'être mon père. Souvent, dans la vie, on s'inquiète parce qu'on doit laisser derrière nous beaucoup de choses : quelques sécurités, les années de notre jeunesse, un peu de santé, peut-être des êtres chers, et j'en passe... Bon, si dans la vie il y a des gens et des choses qui il faut tôt ou tard partir, il y a une présence qui ne nous quittera jamais, une certitude fondamentale qui nous accompagnera toujours et que rien ni personne ne pourra jamais effacer : Dieu ne peut pas cesser d'être mon père. C'est beau! Le répétons-nous tous ensemble ? Dieu ne peut pas cesser d'être mon père. Une autre fois, plus forte : Dieu ne peut pas cesser d'être mon père. Portez cette pensée dans votre cœur. Tout peut échouer, mais pas la tendresse de Dieu. Souvenons-nous toujours de cela, surtout dans les moments sombres : Dieu ne nous abandonne jamais, car il ne peut pas nous laisser en tant que père. Nous répétons ensemble : Dieu ne peut pas cesser d'être mon père.

Nous chérissons cette bonne nouvelle dans nos cœurs, ce qui renforce la confiance. Je vous souhaite de pouvoir l'annoncer à ceux que vous rencontrez, de raviver en eux aussi l'espoir. Il y a tellement besoin aujourd'hui; c'est une mission qui concerne chacun de nous. Bonne mission donc : je vous donne à tous ma bénédiction et je vous demande, s'il vous plaît, de prier pour moi. Merci!

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