Les universités, un lieu où l’esprit s’ouvre aux horizons

Le Pape a reçu en audience, ce lundi 9 mai 2022, le recteur, des professeurs et étudiants de l’université de Macerata en Italie. Il a souligné la place essentielle des universités pour permettre la croissance des personnes et ainsi de la société, mais également pour construire une culture de la rencontre.


Chers amis de l'Université de Macerata, soyez les bienvenus !

Je vous salue tous chaleureusement et remercie Monsieur le Recteur pour son introduction. J'ai été frappé par le fait qu'en présentant votre Athenaeum, il l'ait fait sur un horizon très large : l'amitié entre l'Occident et l'Orient ; la rencontre entre différentes cultures; le drame de la guerre ; le phénomène migratoire - une citation intéressante de Sénèque ! - ; la paix... Mais ceci, en fait, c'est l'université ! L'université est - ou du moins elle devrait être - le lieu où l'esprit s'ouvre aux horizons du savoir, aux horizons de la vie, du monde, de l'histoire. Partant naturellement d'un point de vue précis, de l'étude approfondie et méthodique d'un champ disciplinaire, mais toujours dans l'ouverture, toujours pour une connaissance intégrale du monde et de l'homme.

Et cet horizon, pour ainsi dire, est doublé si l'on pense que chaque personne , donc chaque étudiant qui franchit le seuil de l'université et la fréquente pendant quelques années, chacun d'eux est, en soi, un univers . Dans l'université, donc, deux univers se rencontrent : celui du monde, du savoir, et celui de l'homme ; pas de l'homme générique, qui n'existe pas, mais justement de cette personne, de ce jeune homme, de cette jeune femme, avec son histoire et sa personnalité, ses rêves et ses qualités intellectuelles, morales, spirituelles..., ses limites . Chaque personne est un univers, que seul Dieu connaît pleinement, avec un respect sans pareil.

C'est là, je dirais, le défi de l'université : réunir ces deux horizons, celui du monde et celui de l'intime, pour qu'ils puissent dialoguer, et de ce dialogue naît une croissance de l'humanité.. Une croissance avant tout de l'étudiant lui-même, qui se forme, mûrit dans la connaissance et la liberté, dans la capacité de penser et d'agir, de participer de manière critique et créative à la vie sociale et civile, avec sa propre compétence culturelle et professionnelle. Je me souviens des réflexions de St. John Henry Newman sur l'université, où il écrit que dans le milieu universitaire le jeune homme « forme une habitude mentale qui dure toute une vie, dont les attributs sont la liberté, l'équité, le calme, la modération et la sagesse », et ajoute : « J'appellerais cela le fruit spécifique de l'enseignement dispensé par l'université, par rapport à d'autres lieux ou modes d'enseignement, et c'est le but principal d'une université dans ses soins aux étudiants. » ( L'idée de l'université, 1873, V, 1). Cette idée d'université n'a rien à voir avec ce que les Lumières nous ont laissé, remplissant nos têtes de choses. C'est toute la personne qui doit y être impliquée, ses affections et la manière de sentir non seulement de penser et aussi la manière d'agir. Il y a une harmonie humaine, ne pas penser l'université comme une fabrique de macrocéphales qui alors ne savent que faire de leurs mains ou de leur cœur. Cette idée humaine de l'université est importante.

Cette croissance humaine des personnes ne peut avoir qu'un effet positif sur la société. Par conséquent, investir dans la formation, les écoles et les universités est le meilleur investissement pour l'avenir d'un pays. Nous le savons, nous l'entendons souvent répéter, mais des décisions cohérentes ne sont pas toujours prises.

Je voudrais souligner un autre aspect, également abordé par le Recteur : celui de la rencontre entre différentes cultures. Nous sommes bien conscients que ce n'est pas automatique. Il ne suffit pas de réunir des professeurs et des étudiants d'horizons différents. Il faut développer une culture de la rencontre. Et certainement l'université est un lieu privilégié pour le faire. Macerata a été le berceau d'un grand "champion" de cette culture qui est le Père Matteo Ricci. Il était grand non seulement pour les choses qu'il a faites qu'il a écrites, mais il est grand parce qu'il était un homme de rencontres, un homme de la culture de la rencontre, un homme qui est allé au-delà d'être un étranger ; il est devenu citoyen du monde parce qu'il était « citoyen du peuple ». C'est la culture de la rencontre. Et certainement l'université est un lieu privilégié pour avoir cette rencontre. Macerata a été le berceau de ce grand champion : je vous félicite parce que non seulement vous gardez sa mémoire et promu des études sur lui, mais essayez de mettre à jour son exemple de dialogue interculturel. Combien il est nécessaire aujourd'hui, à tous les niveaux, d'emprunter avec détermination cette voie, celle du dialogue ! Comme les puissances du monde sont habituées au chemin de l'exclusion, à la culture du jetable ! Il n'y a pas besoin de dialogue, la voie du dialogue. "Mais perdre du temps avec le dialogue ?". Oui, perdre du temps car cela porte alors ses fruits d'une manière plus grande et plus belle.

Chers amis, je vous remercie de votre visite et je vous souhaite le meilleur pour l'Université. Je vous bénis cordialement ainsi que toute la communauté universitaire. Et je vous demande de bien vouloir prier pour moi.

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