Les membres de la Roaco, l'organisme d'aide aux Églises d'Orient, ont été reçu en audience par le Pape François, ce jeudi 24 juin au Palais apostolique. Le Saint-Père les a remercié pour leur travail précieux, invitant à poursuivre la concentration sur l'essentiel, à savoir l'annonce de l'Évangile dans ces terres martyrisées.
Discours du pape François :
Chers amis,
Je suis heureux de vous rencontrer au terme des travaux de votre session plénière. Je salue le cardinal Leonardo Sandri, le cardinal Zenari, Mgr Pizzaballa, les autres supérieurs du dicastère – qui ont été changés entretemps – les officials et les membres des agences qui composent votre assemblée.
Le fait de se retrouver en présence donne confiance et aide votre travail, alors que l’année dernière, il n’a été possible que de se connecter à distance pour réfléchir ensemble ; mais nous savons que ce n’est pas la même chose : nous avons besoin de nous rencontrer, de mieux faire dialoguer les paroles et les pensées, pour accueillir les demandes et le cri qui parviennent de tant de parties du monde, en particulier des Eglises et des pays pour lesquels vous accomplissez votre œuvre. J’en suis moi-même témoin, parce que c’est précisément dans ce contexte qu’en 2019 j’ai annoncé mon intention de me rendre en Irak et, grâce à Dieu, j’ai pu réaliser ce désir il y a quelques mois. J’ai été content d’insérer, parmi les personnes de ma suite, une de vos représentants, notamment en signe de gratitude pour ce que vous avez fait et ce que vous ferez.
En dépit de la pandémie, vous avez eu des réunions extraordinaires au cours de cette année, pour affronter la situation de l’Erythrée comme pour suivre celle du Liban, après la terrible explosion dans le port de Beyrouth le 4 août dernier. Et à ce propos, je vous remercie pour votre engagement à soutenir le Liban dans cette grave crise ; et je vous demande de prier et d’inviter à le faire pour la rencontre que nous aurons le 1er juillet, avec les chefs des Eglises chrétiennes du pays, afin que l’Esprit Saint nous guide et nous éclaire.
A travers vous, je désire faire parvenir mes remerciements à toutes les personnes qui soutiennent vos projets et qui les rendent possibles : ce sont souvent de simples fidèles, des familles, des paroisses, des bénévoles… qui savent que nous sommes « tous frères » et qui dédient un peu de leur temps et de leurs ressources à ces réalités dont vous prenez soin. On m’a dit qu’en 2020, la Collecte pour la Terre Sainte a pu recueillir environ la moitié de ce qu’elle recueillait les années passées. Les longs mois où les personnes n’ont pas pu se rassembler dans les églises ont certainement pesé, mais également la crise économique générée par la pandémie. Si, d’un côté, elle nous fait du bien parce qu’elle nous pousse à aller à l’essentiel, elle ne peut toutefois pas nous laisser indifférents, notamment si nous pensons aux rues désertes de Jérusalem, sans pèlerins venant se ressourcer dans la foi, mais aussi exprimer leur solidarité concrète avec les Eglises et les populations locales. Je renouvelle donc mon appel à tous, afin que l’on redécouvre l’importance de cette charité, dont parlait déjà saint Paul dans ses Lettres et que saint Paul VI a voulu réorganiser avec l’exhortation apostolique Nobis in animo, en 1974, que je propose à nouveau dans toute son actualité et sa validité.
Au cours de votre réunion, vous vous êtes arrêtés sur différents contextes géographiques et ecclésiaux. Avant tout la Terre Sainte, avec Israël et la Palestine, ces peuples pour lesquels nous rêvons toujours que se dessine dans le ciel l’arc de la paix, donné par Dieu à Noé en signe de l’alliance entre le Ciel et la terre et de la paix parmi les hommes (cf. Gn 9, 12-17). Trop souvent au contraire, même récemment, ces cieux sont traversés par des engins porteurs de destruction, de mort et de peur !
Le cri qui s’élève de la Syrie est toujours présent dans le cœur de Dieu, mais il semble qu’il ne parvienne pas à toucher celui des hommes qui ont en main le sort des peuples. Le scandale de dix années de conflit perdure, avec ses millions de personnes déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du pays, ses victimes et l’exigence d’une reconstruction qui est encore l’otage des logiques de partis et du manque de décisions courageuses pour le bien de cette nation martyrisée.
Outre celle du cardinal Zenari, nonce apostolique à Damas, la présence des représentants pontificaux au Liban, en Irak, en Ethiopie, en Arménie et en Géorgie, que je salue et que je remercie de tout cœur, vous a permis de réfléchir sur la situation ecclésiale dans ces pays. Votre style est précieux, parce qu’il aide les pasteurs et les fidèles à se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire sur ce qui sert à l’annonce de l’Evangile, en manifestant ensemble le visage de l’Eglise qui est Mère et en portant une attention particulière aux petits et aux pauvres. Parfois, il est nécessaire de reconstruire les bâtiments et les cathédrales, y compris celles qui ont été détruits par les guerres, mais il faut avant tout avoir à cœur les pierres vivantes blessées et dispersées.
Je suis avec appréhension la situation provoquée par le conflit dans la région du Tigré, en Ethiopie, sachant qu’elle a également des répercussions sur l’Erythrée voisine. Au-delà des différences religieuses et confessionnelles, nous réalisons combien est essentiel le message de Fratelli tutti, lorsque les différences entre ethnies et les luttes pour le pouvoir qui s’ensuivent sont érigées en système.
Au terme de mon voyage apostolique en Arménie, en 2016, avec le Catholicos Garéguine II, nous avons lâché des colombes dans le ciel, en signe et souhait de la paix dans la région du Caucase tout entière. Malheureusement, ces derniers mois, elle a été encore une fois blessée et je vous remercie pour l’attention que vous avez portée à la réalité de la Géorgie et de l’Arménie, afin que la communauté catholique continue d’être un signe et un ferment de vie évangélique.
Chers amis, merci pour votre présence, merci pour votre écoute et votre œuvre. Je bénis chacun de vous et votre travail. Et vous, s’il vous plaît, continuez de prier pour moi. Merci !