Le Pape a célébré la messe d’ordination de neuf nouveaux prêtres du diocèse de Rome en ce dimanche 25 avril, 4e dimanche de Pâques et 58e Journée mondiale de prière pour les vocations. Sous la coupole de la Basilique Saint-Pierre, le Saint-Père les a exhorté à suivre le «style du Seigneur», fait de proximité, de tendresse et de compassion.
Neuf diacres de diverses nationalités sont devenus prêtres par l’imposition des mains de l’évêque de Rome, conférée devant une assemblée fournie, distances sanitaires néanmoins respectées.
Devant ces ordinands de 26 à 43 ans, le Souverain Pontife a prononcé une partie de l’homélie rituelle prévue pour l’occasion. Il a ainsi rappelé que le prêtre, choisi parmi le peuple de Dieu, doit continuer la «mission personnelle» du Christ Jésus, «maître, prêtre et pasteur».
Puis François, improvisant sa prédication, a détaillé en quoi consiste le «style du Seigneur» que le prêtre cherche à imiter.
Prendre soin des brebis et du feu de la prière
Il s’agit avant tout d’être des «pasteurs qui avancent avec le peuple de Dieu», a-t-il souligné en ce dimanche dit «du Bon Pasteur». La vie sacerdotale n’est pas à envisager comme une «carrière», mais comme un «service». «Proximité, compassion, tendresse» en sont les trois caractéristiques.
Le Souverain Pontife s’est ensuite arrêté sur les quatre dimensions de la proximité. Proximité avec Dieu, «dans la prière, dans les sacrements, dans la messe». «Un prêtre qui ne prie pas éteint lentement le feu de l’Esprit qui est en lui», a-t-il averti. Proximité avec l’évêque, une figure paternelle, garante de l’unité, à qui le prêtre, son collaborateur, doit s’adresser humblement. Proximité entre prêtres, qui se manifeste dans un dialogue direct en toutes circonstances, et dans le bannissement des commérages. Proximité enfin avec «le saint peuple fidèle de Dieu», la plus importante aux yeux du Pape après la proximité avec le Seigneur. «N’oubliez pas d’où vous êtes venus, a-t-il demandé aux ordinands, de votre famille, de votre peuple… Ne perdez pas le flair du peuple de Dieu».
Imiter le Christ pauvre et crucifié
Le sacerdoce doit aussi être imprégné «de compassion et de tendresse», a poursuivi François. «Ne fermez pas votre cœur aux problèmes», a-t-il recommandé aux futurs prêtres, «soyez miséricordieux, soyez ceux qui pardonnent, parce que Dieu pardonne tout, il ne se fatigue pas de pardonner». La tendresse est celle du frère, du père, qui «fait sentir que tu es dans la Maison de Dieu».
Enfin le Pape a exhorté les neuf diacres à s’éloigner «de la vanité, de l’orgueil de l’argent». «Le diable entre par les poches», a-t-il mis en garde. «Soyez pauvres, (…) des pauvres qui aiment les pauvres», a insisté François, autrement l’on devient un prêtre «fonctionnaire» ou «entrepreneur», attaché à son affaire, et qui ne ressemble plus au «Christ pauvre et crucifié». «Éloignez-vous de l’argent», a résumé l’évêque de Rome. «Et cherchez la consolation en Jésus, cherchez la consolation en Notre Dame - n'oubliez pas la Mère (…)», a-t-il indiqué en conclusion de son homélie. «Portez les croix - il y en aura dans vos vies - dans la main de Jésus et de la Vierge».
Les neuf nouveaux prêtres – venant d’Italie, du Brésil, de Colombie et de Roumanie – ont suivi leur formation dans plusieurs instituts du diocèse de Rome: le grand Séminaire Pontifical Romain, le Collège diocésain Redemptoris Mater, et le Séminaire de Notre Dame du Divin Amour. C’est dans la Ville éternelle qu’ils exerceront désormais leur ministère.
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Source : www.vaticannews.va/fr/Texte de l'Homélie du pape François :
Chers frères, ces fils qui sont nôtres ont été appelés à l’ordre du sacerdoce. Réfléchissons attentivement à quel ministère ils seront élevés dans l’Église.
Comme vous le savez, mes frères, le Seigneur Jésus est le seul grand prêtre du Nouveau Testament ; mais en lui, tout le saint peuple de Dieu a également été constitué en peuple sacerdotal. Cependant, parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus a voulu en choisir quelques-uns en particulier, afin qu’exerçant publiquement dans l’Église, en son nom, la fonction sacerdotale en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle d’enseignant, de prêtre et de pasteur.
Après mûre réflexion, nous sommes sur le point d’élever ces frères à l’ordre des prêtres, afin qu’ils coopèrent, au service du Christ enseignant, prêtre et pasteur, à l’édification du corps du Christ, qui est l’Église, pour en faire le peuple de Dieu et le temple saint de l’Esprit.
Quant à vous, fils bien-aimés, qui êtes sur le point d’être promus à l’ordre du sacerdoce, considérez qu’en exerçant le ministère de la doctrine sacrée, vous participerez à la mission du Christ, l’unique enseignant. Vous serez comme lui des pasteurs, c’est ce qu’il veut de vous. Des pasteurs. Des pasteurs du peuple de Dieu saint et fidèle. Des pasteurs qui accompagnent le peuple de Dieu : parfois devant le troupeau, parfois au milieu ou derrière, mais toujours là, avec le peuple de Dieu.
Autrefois – dans le langage d’autrefois – on parlait de la « carrière ecclésiastique », ce qui n’avait pas la même signification qu’aujourd’hui. Ce n’est pas une « carrière » : c’est un service, un service comme celui que Dieu a rendu à son peuple. Et ce service de Dieu à son peuple a des « traces », il a un style, un style que vous devez suivre. Un style de proximité, un style de compassion et un style de tendresse. C’est le style de Dieu. Proximité, compassion, tendresse.
Proximité. Les quatre proximités du prêtre, il y en a quatre. Proximité avec Dieu dans la prière, dans les sacrements, dans la messe. Parler avec le Seigneur, être proche du Seigneur. Il s’est fait proche de nous dans son Fils. Dans toute l’histoire de son Fils. Il a également été proche de vous, de chacun d’entre vous, dans le parcours de votre vie jusqu’à maintenant. Même dans les mauvais moments du péché, Il était là. Proximité. Soyez proche du peuple de Dieu saint et fidèle . Mais avant tout, soyez proches de Dieu dans la prière. Un prêtre qui ne prie pas éteint lentement le feu de l’Esprit qui est en lui. Proximité avec Dieu.
Deuxièmement : la proximité avec l’évêque, et dans ce cas avec le « vice-évêque ». Être proche, parce que dans l’évêque vous aurez l’unité. Vous êtes, je ne veux pas dire des serviteurs – vous êtes les serviteurs de Dieu – mais des collaborateurs de l’évêque. Proximité. Je me souviens d’une fois, il y a longtemps, d’un prêtre qui avait eu le malheur – pour ainsi dire – de faire un « faux pas »… La première chose qui m’est venue à l’esprit a été d’appeler l’évêque. Même dans les mauvais moments, appelez l’évêque pour être près de lui. Proximité de Dieu dans la prière, proximité de l’évêque. « Mais je n’aime pas cet évêque… ». Mais c’est ton père. « Mais cet évêque me traite mal… ». Soyez humble, allez voir l’évêque.
Troisièmement : la proximité entre vous. Et je propose une résolution : de ne jamais dire du mal d’un frère prêtre. Si vous avez quelque chose contre un autre, soyez des hommes, vous portez des pantalons : allez-y et dites-lui en face. « Mais c’est une très mauvaise chose… Je ne sais pas comment il va le prendre… ». Va voir l’évêque, il t’aidera. Mais ne jamais, jamais médire. Ne soyez pas des bavards. Ne tombez pas dans les ragots. L’unité entre vous : dans le conseil presbytéral, dans les commissions, au travail. Proximité entre vous et avec l’évêque.
Et quatrièmement : pour moi, après Dieu, la proximité la plus importante est celle avec le peuple de Dieu saint et fidèle. Aucun d’entre vous n’a étudié « pour » devenir prêtre. Vous avez étudié les sciences ecclésiastiques, comme l’Église vous y oblige. Mais vous avez été élus, pris dans le peuple de Dieu. Le Seigneur dit à David : « Je t’ai pris derrière le troupeau ». N’oubliez pas d’où vous venez : votre famille, votre peuple… Ne perdez pas le flair du peuple de Dieu. Paul disait à Timothée : « Souviens-toi de ta mère, de ta grand-mère…. » Oui, d’où tu es venu. Et ce peuple de Dieu… L’auteur de l’épître aux Hébreux dit : » Souvenez-vous de ceux qui vous ont introduit dans la foi. » Prêtres du peuple, pas clercs d’État!
Les quatre proximités du prêtre : proximité avec Dieu, proximité avec l’évêque, proximité avec autres, proximité avec le peuple de Dieu. Le style de la proximité qui est le style de Dieu. Mais le style de Dieu est aussi un style de compassion et de tendresse. Ne fermez pas votre cœur aux problèmes. Et vous en verrez tant ! Quand les gens viennent vous raconter leurs problèmes et se faire accompagner… Perdez du temps à écouter et à consoler. La compassion, qui vous conduit au pardon, à la miséricorde.
S’il vous plaît : soyez miséricordieux, soyez des « pardonneurs ». Parce que Dieu pardonne tout, il ne se lasse pas de pardonner, c’est nous qui nous lassons de demander le pardon. Proximité et compassion. Mais une compassion tendre, avec cette tendresse de la famille, des frères, du père… avec cette tendresse qui te fait sentir être dans la maison de Dieu.
Je vous souhaite ce style, ce style qui est le style de Dieu.
Et puis, j’ai mentionné quelque chose dans la sacristie, mais je voudrais le mentionner ici devant le peuple de Dieu. S’il vous plaît, détournez-vous de la vanité, de l’orgueil de l’argent. Le diable entre « par les poches ». Pensez à ça. Soyez pauvres, comme est pauvre le peuple de Dieu saint et fidèle. Des pauvres qui aiment les pauvres. Ne soyez pas des arrivistes. La « carrière ecclésiastique »… Alors tu deviens un fonctionnaire, et quand un prêtre commence à faire l’entrepreneur, que ce soit de la paroisse ou du collège…, où que ce soit, il perd cette proximité avec le peuple, il perd cette pauvreté qui le rend semblable au Christ pauvre et crucifié, et il devient l’entrepreneur, le prêtre entrepreneur et non le serviteur.
J’ai entendu une histoire qui m’a ému. Un prêtre très intelligent, très pratique, très capable, qui avait beaucoup d’administrations entre les mains, mais il avait le cœur attaché à cette charge. Un jour, il a vu qu’un de ses employés, un vieil homme, avait fait une erreur, alors il l’a réprimandé, il l’a mis dehors. Et ce vieil homme en est mort. Cet homme avait été ordonné prêtre, et il a fini comme un homme d’affaires impitoyable. Ayez toujours cette image, ayez toujours cette image.
Des pasteurs proches de Dieu, de l’évêque, les uns des autres, et du peuple de Dieu. Des pasteurs : des serviteurs comme des pasteurs, pas des entrepreneurs. Et se tenir loin de l’argent.
Et puis, rappelez-vous que cette route des quatre proximités est belle, cette route d’être pasteurs, parce que Jésus console les pasteurs, parce qu’il est le Bon Pasteur. Et cherchez la consolation en Jésus, cherchez la consolation en Marie – n’oubliez pas la Mère – cherchez toujours la consolation là : soyez consolé là.
Et portez vos croix – il y en aura dans notre vie – dans les mains de Jésus et de la Vierge Marie. Et n’ayez pas peur, n’ayez pas peur. Si vous êtes proches du Seigneur, de l’évêque, les uns des autres et du peuple de Dieu, si vous avez le style de Dieu – proximité, compassion et tendresse – n’ayez pas peur, tout ira bien.