« Freiner un certain rythme de consommation et de production et apprendre à comprendre et à contempler la nature » : c’est l’invitation du pape François alors que le monde est pris dans la tourmente de la pandémie du Covid-19. Il répond à distance au journaliste britannique Austen Ivereigh, pour la presse anglophone « The Tablet » (Londres) et « Commonweal » (New York).
Texte publié dans le quotidien du Vatican :
La première question portait sur la façon dont le pape vit la pandémie et l’isolement.La Curie essaie de continuer de travailler, de vivre normalement, en organisant des tours afin qu’il n’y ait jamais trop de personnes ensemble. C’est bien pensé. Nous respectons les mesures établies par les autorités sanitaires. Ici, à la Maison Sainte-Marthe deux services ont été fixés pour le déjeuner, ce qui aide à atténuer le flux. Chacun travaille à son bureau ou de chez lui, avec les outils numériques. Tout le monde travaille, personne n’est oisif.
Comment est-ce que je le vis spirituellement ? Je prie davantage, parce que je crois que je dois le faire, et je pense aux gens. Cela me préoccupe beaucoup : les gens. Penser aux gens est une onction, cela me fait du bien, cela m’arrache à l’égoïsme. Évidemment, j’ai mes égoïsmes : mon confesseur vient le mardi, alors je mets de l’ordre dans ce genre de choses. Je pense à mes responsabilités actuelles et à ce qui viendra après. Quel sera, dans cet après, mon service en tant qu’évêque de Rome, en tant que chef de l’Église ? Cet après a déjà commencé à se montrer tragique, douloureux, et c’est pour cela qu’il est nécessaire d’y penser dès maintenant.
À travers le Dicastère pour le Développement humain intégral, nous avons organisé une commission qui travaille sur ce point et qui se réunit avec moi. Ma plus grande préoccupation – au moins, celle que je perçois dans la prière – est de savoir comment accompagner le peuple de Dieu et être plus proche de lui. C’est le sens de la messe de sept heures du matin en live streaming, suivie par un grand nombre de personnes qui se sentent accompagnées ; et de certaines de mes interventions, ainsi que du rite du 27 mars sur la Place Saint-Pierre. Et d’un travail plutôt intense de présence, par le biais de l’Aumônerie apostolique, pour accompagner les situations de faim et de maladie. Je vis ce moment avec beaucoup d’incertitude. C’est un temps de grande inventivité, de créativité.
Dans la deuxième question, Austen Ivereigh fait allusion au roman I promessi sposi (Les fiancés) d’Alessandro Manzoni, qui se situe au temps de la peste de Milan en 1630, et qui décrit les comportements de différents ecclésiastiques. Il demande comment le pape voit la mission de l’Église en ce moment.Le cardinal Federigo est un véritable héro de cette peste à Milan. Toutefois, dans un chapitre, on dit qu’il passait en saluant les gens, mais retiré dans sa chaise à porteurs, peut-être derrière la fenêtre, pour se protéger. Le peuple n’avait pas apprécié. Le peuple de Dieu a besoin que le pasteur soit à ses côtés, qu’il ne se protège pas trop. Aujourd’hui, le peuple de Dieu a besoin d’avoir le pasteur tout près de lui, avec l’abnégation de ces capucins, qui faisaient cela.
La créativité du chrétien doit se manifester en ouvrant des horizons nouveaux, en ouvrant les fenêtres, en ouvrant à la transcendance vers Dieu et vers les hommes, et il doit se mesurer à nouveau à son foyer. Il n’est pas facile de rester enfermé chez soi. Il me revient à l’esprit un vers de L’Énéïde qui, dans le contexte de la défaite, donne le conseil de ne pas baisser les bras. Préparez-vous à des temps meilleurs, parce qu’à ce moment-là, cela nous aidera à nous souvenir de ce qui s’est passé maintenant. Prenez soin de vous pour un avenir qui viendra. Et quand viendra cet avenir, cela vous fera du bien de vous souvenir de ce qui s’est passé.
Prendre soin du temps présent, mais pour l’avenir. Tout cela avec créativité. Une créativité simple, qui invente tous les jours quelque chose. En famille, il n’est pas difficile de la découvrir. Mais il ne faut pas fuir, chercher des évasions aliénantes, qui ne sont pas utiles pour le moment.
La troisième question concerne les politiques des gouvernements pour répondre à la crise.Certains gouvernements ont pris des mesures exemplaires, avec des priorités bien définies, pour défendre la population. Mais nous nous rendons compte que toutes nos pensées, que cela nous plaise ou non, sont structurées autour de l’économie. On dirait que, dans le monde financier, il est normal de sacrifier. Une politique de la culture du rejet. De fond en comble. Je pense par exemple à la sélectivité prénatale. Aujourd’hui, il est très difficile de rencontrer dans la rue des personnes qui ont le syndrome de Down. Quand on découvre cela sur les échographies, on les retourne à l’envoyeur. Une culture de l’euthanasie, légale et occulte, où l’on donne aux personnes âgées des médicaments jusqu’à un certain point. Je pense à l’encyclique du pape Paul VI, Humanae vitae. La grande problématique sur laquelle se concentraient à l’époque les défenseurs de la pastorale était la pilule. Et ils ne se rendirent pas compte de la force prophétique de cette encyclique qui anticipait le néo-malthusianisme alors en préparation dans le monde entier. C’est un avertissement de Paul VI par rapport à la vague du néo-malthusianisme que nous voyons aujourd’hui dans la sélection des personnes en fonction de leur possibilité de produire, d’être utiles : la culture du déchet. Les sans-abris restent des sans-abris. Il y a quelques jours, j’ai vu une photo de Las Vegas, où on les avait mis en quarantaine dans un parking. Et les hôtels étaient vides. Mais un sans-abri ne peut pas aller dans un hôtel. Ici, on la voit à l’oeuvre, la théorie du déchet.
Dans la question suivante, Ivereigh demande si l’impact de la crise peut amener à revoir nos modes de vie, à une conversion écologique et à des sociétés et des économies plus humaines.Un proverbe espagnol dit ceci : « Dieu pardonne toujours ; nous, quelquefois ; la nature, jamais ». Nous n’avons pas écouté les catastrophes partielles. Qui, aujourd’hui, parle des incendies en Australie ? Et du fait qu’il y a un an et demi, un bateau a traversé le Pôle Nord, devenu navigable parce que la glace a fondu ? Qui parle des inondations ? Je ne sais pas si c’est la vengeance de la nature, mais c’est certainement sa réponse.
Nous avons une mémoire sélective. Je tiens à insister sur ce point. J’ai été impressionné par la célébration du soixante-dizième anniversaire du débarquement en Normandie. Il y avait des personnalités importantes de la politique et de la culture internationale. Et on fêtait l’événement. Certes, il est vrai que ce fut le début de la fin de la dictature, mais personne ne se souvenait des 10 000 jeunes gens tombés sur cette plage. Quand je suis allé à Redipuglia, pour le centenaire de la fin de la première Guerre mondiale, on voyait un beau monument avec des noms dans la pierre, et rien d’autre. J’ai pleuré en pensant à Benoît XV (au « massacre inutile »), et de même à Anzio, le jour des défunts, en pensant à tous les soldats nord-américains enterrés là-bas. Chacun d’eux avait une famille, j’aurais pu être à la place de chacun d’eux.
Aujourd’hui, en Europe, quand on commence à entendre des discours populistes ou des décisions politiques de type trop sélectif, il n’est pas difficile de se souvenir des discours d’Hitler en 1933, plus ou moins les mêmes que ceux de certains hommes politiques aujourd’hui. Il me revient encore à l’esprit un vers de Virgile : Meminisce iuvabit. Cela fera du bien de retrouver sa mémoire, parce que la mémoire nous aidera. Aujourd’hui, il est temps de retrouver la mémoire. Ce n’est pas le premier fléau de l’humanité. Les autres sont désormais réduits à des anecdotes. Nous devons retrouver la mémoire de nos racines, de la tradition, qui est un « mémorial ». Dans les Exercices de saint Ignace, toute la première semaine et ensuite la contemplation pour parvenir à l’amour dans la quatrième semaine, suivent entièrement le signe de la mémoire. C’est une conversion par la mémoire.
Cette crise nous touche tous : riches et pauvres. C’est un appel à l’attention contre l’hypocrisie. Je suis préoccupé par l’hypocrisie de certaines personnalités politiques qui disent vouloir affronter la crise, qui parlent de la faim dans le monde et qui, tout en en parlant, fabriquent des armes. Le temps est venu de nous convertir de cette hypocrisie en acte. C’est le temps de la cohérence. Ou nous sommes cohérents, ou nous perdons tout.
Vous me parlez de conversion. Toute crise est un danger, mais c’est aussi une opportunité. Et c’est une opportunité de sortir du danger. Aujourd’hui, je crois que nous devons freiner un certain rythme de consommation et de production (Laudato si’, 191) et apprendre à comprendre et à contempler la nature. Et à nous reconnecter à notre environnement réel. C’est une opportunité de conversion. Oui, je vois des signes initiaux de conversion vers une économie moins liquide, plus humaine. Mais nous ne devrons pas perdre la mémoire une fois passée la situation présente, nous ne devrons pas l’archiver et revenir là où nous étions avant. C’est le moment de faire un pas. De passer de l’usage et d’un usage abusif de la nature à la contemplation. Nous, les hommes, nous avons perdu la dimension de la contemplation ; le temps est venu de la retrouver.
Et à propos de contemplation, je voudrais m’arrêter sur un point : c’est le moment de voir le pauvre. Jésus nous dit que « des pauvres, vous en aurez toujours avec vous ». Et c’est vrai. C’est une réalité, nous ne pouvons pas la nier. Ils sont cachés, parce que la pauvreté a honte. À Rome, en pleine quarantaine, un policier a dit à un homme : « Vous ne pouvez pas rester dans la rue, vous devez rentrer chez vous ». La réponse a été : « Je n’ai pas de maison. Je vis dans la rue ». Découvrir la quantité de personnes qui sont marginalisées… et comme la pauvreté fait honte, nous ne la voyons pas. Ils sont là, nous passons à côté d’eux, mais nous ne les voyons pas. Ils font partie du paysage, ce sont des objets. Sainte Teresa de Calcutta les a vus et a décidé d’entreprendre un chemin de conversion. Voir les pauvres signifie leur rendre leur humanité. Ce ne sont pas des choses, ce ne sont pas des déchets, ce sont des personnes. Nous ne pouvons pas pratiquer une politique d’assistance comme pour les animaux abandonnés. Et pourtant, bien souvent, les pauvres sont traités comme des animaux abandonnés. Nous ne pouvons pas pratiquer une politique d’assistance et partielle.
Je me permets de donner un conseil : l’heure est venue de descendre dans le sous-sol. Le roman de Dostoievski, Les Carnets du sous-sol, est connu. Et il y en a un autre, plus bref : Souvenirs de la maison des morts, où les gardiens d’un hôpital carcéral traitent les pauvres prisonniers comme des objets. Et en voyant comment ils se comportent avec l’un d’eux qui venait de mourir, un autre détenu s’exclame : « Cela suffit ! Lui aussi, il avait une mère ! ». Nous devons nous redire cela très souvent : ce pauvre a eu une mère qui l’a élevé avec amour. Nous ne savons pas ce qui s’est passé ensuite, dans sa vie. Mais cela aide de penser à cet amour qu’il a reçu, aux espérances d’une mère. Nous affaiblissons les pauvres, nous ne leur donnons pas le droit de rêver de leur mère. Ils ne savent pas ce qu’est l’affection, beaucoup vivent dans la dépendance de la drogue. Et voir cela peut nous aider à découvrir la pitié/piété, cette ‘pietas’ qui est une dimension à l’égard de Dieu et à l’égard du prochain.
Descendre dans le sous-sol et passer de la société hyper-virtuelle, désincarnée, à la chair souffrante du pauvre, c’est une conversion nécessaire. Et si nous ne commençons pas par là, la conversion n’aura pas d’avenir. Je pense aux saints de la porte à côté en cette période difficile. Ce sont des héros ! Médecins, volontaires, religieuses, prêtres, professionnels qui remplissent leurs devoirs afin que cette société fonctionne. Combien de médecins et d’infirmiers sont morts ! Combien de prêtres sont morts ! Combien de religieuses sont mortes ! En service, en servant.
Il me revient à la mémoire une phrase dans Les Fiancés, prononcée par le couturier, à mon avis un des personnages les plus simples et les plus cohérents. Il disait : « Je n’ai jamais vu que le Seigneur ait commencé un miracle sans bien le terminer ». Si nous reconnaissons ce miracle des saints à côté de nous, de ces hommes et ces femmes héroïques, si nous savons marcher dans leurs pas, ce miracle se terminera bien, il sera pour le bien de tous. Dieu ne laisse pas les choses à mi-chemin. C’est nous qui les laissons et qui nous en allons. Ce que nous sommes en train de vivre est un lieu de métanoia, de conversion, et c’est pour nous une opportunité. Alors, faisons-le nôtre et avançons.
Une autre question d’Ivereigh concerne la nécessité, pendant ces mois, de repenser à notre façon d’appartenir à l’Église : « Peut-être une Église plus missionnaire, plus créative, moins accrochée aux institutions. Vivons-nous l’urgence d’une « Home Church », d’une Église basée aussi à la maison ? »Moins accrochée aux institutions ? Je dirais plutôt aux schémas. En effet, l’Église est une institution. Il existe une tentation de rêver d’une Église désinstitutionnalisée, par exemple une Église gnostique, sans institutions, ou sujette à des institutions fixes, pour se protéger, et c’est une Église pélagienne. C’est l’Esprit-Saint qui fait de l’Église une institution. Il n’est ni gnostique ni pélagien. C’est lui qui institutionnalise l’Église. C’est une dynamique alternative et complémentaire, parce que l’Esprit-Saint provoque du désordre avec les charismes, mais dans ce désordre, il crée de l’harmonie. Une Église libre ne signifie pas une Église anarchique, parce que la liberté est un don de Dieu. Une Église institutionnalisée signifie une Église institutionnalisée par l’Esprit Saint. Une tension entre désordre et harmonie : c’est celle-ci, l’Église qui doit sortir de la crise. Nous devons apprendre à vivre dans une Église en tension entre le désordre et l’harmonie provoqués par l’Esprit Saint. Si vous me demandez un livre qui puisse vous aider à le comprendre, ce sont les Actes des apôtres. Vous y trouverez la manière dont l’Esprit Saint désinstitutionnalise ce qui ne sert plus et institutionnalise l’avenir de l’Église. C’est celle-ci, l’Église qui doit sortir de la crise.
Il y a quelques semaines, un évêque italien m’a téléphoné. Affligé, il me disait qu’il allait d’un hôpital à l’autre pour donner l’absolution à toutes les personnes qui étaient à l’intérieur, en se tenant dans le hall. Mais des canonistes qu’il avait appelés lui avaient dit de ne pas le faire, que l’absolution n’était permise qu’à travers un contact direct. « Père, que pouvez-vous me dire ? », m’a demandé cet évêque. Je lui ai dit : « Monseigneur, faites votre devoir sacerdotal ». Et l’évêque m’a dit : « Merci, j’ai compris ». Ensuite, j’ai su qu’il donnait des absolutions partout.
En d’autres termes, l’Église, c’est la liberté de l’Esprit en cette période, face à une crise, et non une Église enfermée dans les institutions. Cela ne signifie pas que le droit canonique soit inutile : il sert, oui, il aide, et s’il vous plaît, utilisons-le bien, parce qu’il nous fait du bien. Mais le dernier canon dit que tout le droit canonique a du sens pour le salut des âmes et c’est là que nous est ouverte la porte pour sortir et apporter la consolation de Dieu en temps de difficultés.
Vous m’avez parlé de « Home Church ». Nous devons affronter ce temps à la maison avec toute notre créativité. Soit nous déprimons, soit nous nous laissons aliéner – par exemple, avec les moyens de communication qui peuvent nous conduire à des réalités pour nous évader du moment présent – soit encore nous créons. À la maison, nous avons besoin de créativité apostolique, de créativité purifiée de beaucoup de choses inutiles, mais avec la nostalgie d’exprimer notre foi en communauté et en tant que peuple de Dieu. Ou encore : ce qui nous aidera à sortir de notre isolement, c’est cette clôture forcée, mais avec la nostalgie, cette mémoire qui produit la nostalgie et suscite l’espérance.
Le journaliste britannique a enfin demandé au pape François comment vivre ce Carême et cette fête de Pâques si extraordinaires, ainsi qu’un « message particulier pour les personnes âgées isolées, les jeunes enfermés chez eux, et pour ceux qui sont appauvris par la crise ».Vous me parlez de personnes âgées isolées. La solitude et la distance. Combien de personnes âgées ont des enfants qui ne vont pas les voir en temps normal ! Je me souviens, à Buenos Aires, lorsque je visitais les maisons de retraite, je demandais aux hôtes : Comme va votre famille ? « Ah, oui, ça va, ça va ». Ils viennent ? « Oui, ils viennent toujours ». Et ensuite, l’infirmière me disait que cela faisait six mois que les enfants n’étaient pas venus les voir. La solitude et l’abandon, la distance.
Et malgré cela, les personnes âgées continuent d’être les racines. Et elles doivent parler avec les jeunes. Cette tension entre les personnes âgées et les jeunes doit toujours se résoudre dans la rencontre. Parce que le jeune est une jeune pousse, un feuillage, mais il a besoin de la racine ; sinon, il ne peut porter du fruit. La personne âgée est comme la racine. Je voudrais dire aux personnes âgées d’aujourd’hui : je sais que vous sentez votre mort proche et que vous avez peur, mais tournez votre regard de l’autre côté, souvenez-vous de vos petits-enfants et ne cessez pas de rêver. C’est ce que Dieu vous demande : de rêver (Joël 3,1). Qu’ai-je à dire aux jeunes ? Ayez le courage de regarder plus loin et soyez prophètes. Que votre prophétie rencontre le rêve des personnes âgées. C’est aussi dans Joël 3,1.
Les personnes appauvries par la crise sont les personnes dépouillées d’aujourd’hui, qui s’ajoutent à tant d’autres démunis de toujours, des hommes et des femmes qui sont des « démunis » à l’état civil. Ils ont tout perdu ou vont tout perdre. Quel sens cela a-t-il pour moi, aujourd’hui, de tout perdre, à la lumière de l’Évangile ? Entrer dans le monde des « dépouillés », comprendre que celui qui avait auparavant n’a plus maintenant. Ce que je demande aux gens, c’est de prendre sur eux les personnes âgées et les jeunes. Prendre l’histoire sur soi. Prendre sur soi ces personnes démunies.
Et il me vient encore à l’esprit un autre vers de Virgile, quand, après sa défaite à Troie, Énée avait tout perdu et qu’il ne lui restait que deux issues : soit rester là à pleurer et mettre fin à ses jours, soit faire ce qu’il avait dans le coeur, aller ailleurs, aller vers les montagnes pour s’éloigner de la guerre. C’est un vers magnifique : Cessi, et sublato montem genitore petivi. « Je me résignai et, ayant soulevé mon père, je me dirigeai vers les montagnes ». C’est cela que nous devons tous faire aujourd’hui : prendre les racines de nos traditions et monter sur les montagnes.