« Il revient plus à l’évêque de servir que de dominer… Fuyez la tentation de devenir princes. » C’est l’exhortation du pape François en célébrant une messe pour l’ordination épiscopale de trois nouveaux évêques, ce 19 mars 2018, solennité de saint Joseph, en la basilique Saint-Pierre.
Homélie du pape François :
Chers frères et fils bien-aimés,
Réfléchissons avec attention à cette haute responsabilité ecclésiale à laquelle sont appelés nos frères. Notre Seigneur Jésus-Christ, envoyé par le Père pour racheter les hommes, a envoyé à son tour dans le monde les douze apôtres afin que, remplis de la puissance de l’Esprit-Saint, ils annoncent l’Évangile à tous les peuples et que, en les rassemblant sous un unique pasteur, ils les sanctifient et les guident vers le salut.
Pour perpétuer de génération en génération ce ministère apostolique, les Douze se sont attaché des collaborateurs en leur transmettant par l’imposition des mains le don de l’Esprit reçu du Christ, qui conférait la plénitude du sacrement de l’Ordre. Ainsi, à travers la succession ininterrompue des évêques dans la tradition vivante de l’Église, s’est conservé ce ministère principal et l’œuvre du Sauveur se poursuit et se développe jusqu’à nos jours. Notre Seigneur Jésus-Christ, grand-prêtre éternel, est présent au milieu de vous dans l’évêque entouré de ses prêtres.
En effet, c’est le Christ qui, dans le ministère de l’évêque, continue de prêcher l’Évangile du salut et de sanctifier les croyants, à travers les sacrements de la foi. C’est le Christ qui, dans la paternité de l’évêque, fait grandir son corps qu’est l’Église par de nouveaux membres. C’est le Christ qui, dans la sagesse et la prudence de l’évêque, guide le peuple de Dieu dans son pèlerinage terrestre jusqu’au bonheur éternel.
Avec joie et gratitude, accueillez donc nos frères que nous, évêques, par l’imposition des mains, associons aujourd’hui au collège épiscopal. Rendez-leur l’honneur qui est dû à des ministres du Christ et aux dispensateurs des mystères de Dieu, à qui est confié le témoignage de l’Évangile et le ministère de l’Esprit pour la sanctification. Rappelez-vous les paroles de Jésus aux apôtres : « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé ».
Quant à vous, chers frères, élus par le Seigneur, réfléchissez au fait que vous avez été choisis parmi les hommes et pour les hommes, vous avez été constitués pour les choses qui concernent Dieu. Pas pour d’autres choses, pas pour les affaires, pas pour la mondanité, pas pour la politique. « Épiscopat », en effet, est le nom d’un service et non d’un honneur. Il revient plus à l’évêque de servir que de dominer, selon le commandement du Maître : « que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert ». Fuyez la tentation de devenir princes.
Annoncez la Parole en toute occasion, opportune ou inopportune. Avertissez, reprenez, exhortez avec magnanimité et doctrine. Et, à travers l’oraison et l’offrande du sacrifice pour votre peuple, vous puiserez à la plénitude de la sainteté du Christ la richesse multiforme de la grâce divine. La prière de l’évêque, c’est le premier devoir de l’évêque. Quand les veuves sont allées trouver les apôtres pour se plaindre qu’on ne s’occupait pas assez d’elles, avec la force de l’Esprit Saint ils ont inventé le diaconat. Et Pierre, en expliquant cela, dit : ‘A nous la prière et l’annonce de la Parole’. Le premier devoir d’un évêque est la prière. Un évêque qui ne prie pas n’accomplit pas son devoir, il ne remplit pas sa vocation.
Dans l’Église qui vous a été confiée, soyez les fidèles gardiens et dispensateurs des mystères du Christ ; placés par le Père à la tête de sa famille, suivez toujours l’exemple du bon Pasteur qui connaît ses brebis, qui est connu d’elles et qui n’a pas hésité à donner sa vie pour elles.
Aimez avec l’amour d’un père et d’un frère tous ceux que Dieu vous confie. Avant tout, aimez les prêtres et les diacres. Ce sont vos collaborateurs dans le ministère. S’il vous plaît : proximité vis-à-vis des prêtres : qu’ils puissent trouver l’évêque le jour-même ou au maximum le jour suivant quand ils le cherchent. Proximité vis-à-vis des prêtres. Mais aussi proximité vis-à-vis des pauvres, des personnes sans défense et de celles qui ont besoin d’être accueillies et aidées. Exhortez les fidèles à coopérer à l’engagement apostolique et écoutez-les volontiers.
Soyez très attentifs à ceux qui n’appartiennent pas à l’unique enclos du Christ, parce qu’ils vous ont été confiés eux aussi dans le Seigneur. Priez beaucoup pour eux. Rappelez-vous que dans l’Église catholique, réunie par le lien de la charité, vous êtes unis au Collège des évêques et vous devez avoir en vous la sollicitude de toutes les Églises, portant généreusement secours à celles qui ont davantage besoin d’aide.
Et veillez avec amour sur tout le troupeau dans lequel vous place l’Esprit-Saint pour diriger l’Église de Dieu. Faites-le au nom du Père, dont vous rendez présente l’image ; au nom de Jésus-Christ, son Fils, par lequel vous êtes constitués maîtres, prêtres et pasteurs. Et au nom de l’Esprit-Saint qui donne vie à l’Église et qui, par sa puissance, soutient notre faiblesse.