« Que les personnes porteuses de handicap puissent être elles-mêmes toujours plus catéchistes dans la communauté, y compris par leur témoignage, pour transmettre la foi de façon plus efficace. » C’est le vœu du pape François devant les participants au Congrès « Catéchèse et personnes avec handicap : une attention nécessaire dans la vie quotidienne de l’Eglise », promu par le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, le 23 octobre 2017.
Discours du pape François :
Chers frères et sœurs,
Je me réjouis de vous rencontrer, surtout parce qu’en ces jours vous avez affronté un thème de grande importance pour la vie de l’Eglise dans son œuvre d’évangélisation et de formation chrétienne : La catéchèse et les personnes porteuses de handicap. Je remercie Mgr Fisichella pour son introduction, le dicastère qu’il préside pour son service et vous tous pour votre travail en ce domaine.
Nous connaissons le grand développement qui a eu lieu au cours de ces dernières décennies à l’égard du handicap. La croissance dans la conscience de la dignité de toute personne, surtout des personnes les plus faibles, a conduit à assumer des positions courageuses pour l’inclusion de ceux qui vivent avec diverses formes de handicap, pour que personne ne se sente étranger dans sa maison. Et pourtant, au niveau culture demeurent encore des expressions qui portent atteinte à la dignité de ces personnes parce qu’une fausse conception de la vie prévaut. Une vision souvent narcissique et utilitariste conduit, malheureusement, de nombreuses personnes à considérer les personnes avec handicap comme marginales, sans saisir en elles leur richesse humaine et spirituelle multiforme. Une attitude de refus de cette condition, comme si elle interdisait d’être heureux et de se réaliser soi-même, est encore trop forte dans la mentalité commune. La tendance eugénique à supprimer les enfants à naître qui présentent quelque forme d’imperfection le prouve. En réalité, nous connaissons tous beaucoup de personnes qui, avec leurs fragilités, même graves, ont trouvé, même en peinant, le chemin d’une vie bonne et riche de signification. Comme d’un autre côté nous connaissons des personnes apparemment parfaites et désespérées ! Par ailleurs, c’est une erreur dangereuse de penser que l’on est invulnérable. Comme disait une jeune que j’ai rencontrée dans mon récent voyage en Colombie, la vulnérabilité appartient à l’essence de l’homme.
La réponse est l’amour : non pas le faux, doucereux et bigot, mais le vrai, concret et respectueux. Dans la mesure où l’on est accueillis et aimés, inclus dans la communauté et accompagnés pour regarder l’avenir avec confiance, on développe le vrai parcours de la vie et on fait l’expérience du bonheur durable. Cela – nous le savons – vaut pour tous, mais les personnes les plus fragiles en sont comme la preuve. La foi est une grande compagne de vie quand elle nous permet de toucher par la main la présence d’un Père qui ne laisse jamais ses créatures seules, dans aucune des conditions de leur vie. L’Eglise ne peut pas être “étouffante” ou “désaccordée” dans la défense et dans la promotion des personnes avec handicap. Sa proximité envers les familles les aide à dépasser la solitude dans laquelle elles risquent souvent de s’enfermer par manque d’attention et de soutien. Cela vaut encore plus pour la responsabilité qu’elle possède dans la génération et dans la formation à la vie chrétienne. Les paroles et surtout les gestes pour rencontrer et accueillir les personnes avec handicap ne peuvent pas faire défaut dans la communauté. Spécialement la Liturgie dominicale devra savoir les inclure, pour que la rencontre avec le Seigneur Ressuscité et avec la communauté puisse être source d’espérance et de courage dans le chemin pas facile de la vie.
La catéchèse, de façon particulière, est appelée à découvrir et à expérimenter des formes cohérentes pour que toute personne, avec ses dons, ses limites et ses handicaps, même graves, puisse rencontrer Jésus sur son chemin et s’abandonner à Lui avec foi. Aucune limite physique et psychique ne pourra jamais être un empêchement à cette rencontre, parce que le visage du Christ resplendit dans l’intime de toute personne. En outre restons attentifs, spécialement nous, ministres de la grâce du Christ, à ne pas tomber dans l’erreur néo-pélagienne de ne pas reconnaître l’exigence de la force de la grâce qui vient des Sacrements de l’initiation chrétienne. Apprenons à dépasser la gêne et la peur qui parfois peuvent être éprouvées à l’égard des personnes avec handicap. Apprenons à chercher et aussi à “inventer” avec intelligence des instruments adéquats pour que le soutien de la grâce ne fasse défaut à personne. Formons – avant tout par l’exemple ! – des catéchistes toujours plus capables d’accompagner ces personnes pour qu’elles grandissent dans la foi et donnent leur contribution naturelle et originale à la vie de l’Eglise. Enfin, je souhaite que les personnes porteuses de handicap puissent être elles-mêmes toujours plus catéchistes dans la communauté, y compris par leur témoignage, pour transmettre la foi de façon plus efficace.
Je vous remercie pour votre travail de ces journées et pour votre service dans l’Eglise. Que la Vierge vous accompagne. Je vous bénis de tout cœur. Et je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi.
Merci !