Pour la quatrième étape de la visite pastorale du pape François dans le diocèse de Bologne, le pape a rencontré, ce midi, des représentants du monde du travail, d’associations, de syndicats, de coopératives, et des chômeurs, sur la « Piazza Maggiore » de la ville. Parmi les délégations, il a salué les proches des victimes de l’attentat de la gare de Bologne qui a fait 85 morts et plus de 200 blessés, le 2 août 1980.
Discours du pape François :
Chers frères et sœurs, bon dimanche !
Je salue vous tous qui appartenez au monde du travail, dans la variété de ses expressions. Parmi elles, il y en a malheureusement une négative, qui est la situation difficile, parfois angoissante, du manque de travail. Merci pour votre accueil !
Vous représentez des parties sociales diverses, souvent en discussions âpres entre elles, mais vous avez appris que c’est seulement ensemble que l’on peut sortir de la crise et construire l’avenir. Seul le dialogue, avec les compétences réciproques, peut permettre de trouver des réponses efficaces et innovatrices pour tous, y compris sur la qualité du travail, en particulier l’indispensable welfare. C’est ce que certains appellent le “système Emilia”. Cherchez à le poursuivre. Il faut des solutions stables et capables d’aider à regarder l’avenir pour répondre aux besoins des personnes et des familles.
Dans votre territoire, s’est développée depuis longtemps l’expérience coopérative, qui naît de la valeur fondamentale de la solidarité. Aujourd’hui elle a encore beaucoup à offrir, y compris pour aider de nombreuses personnes qui sont en difficulté et ont besoin de cet “ascenseur social” qui d’après certains serait complètement hors d’usage. Ne soumettons jamais la solidarité à la logique du profit financier, parce qu’en faisant ainsi nous l’enlevons – je pourrais dire nous la volons – aux plus faibles qui en ont tant besoin. Chercher une société plus juste n’est pas un rêve du passé mais un engagement, un travail, qui a besoin aujourd’hui de tous.
La situation du chômage des jeunes et celle de tous ceux qui ont perdu leur travail et ne parviennent pas à se réinsérer, sont des réalités auxquelles nous ne pouvons pas nous habituer, en les traitant comme s’il s’agissait seulement de statistiques.
L’accueil et la lutte contre la pauvreté passent en grande partie à travers le travail. On n’offre pas d’aide véritable aux pauvres sans qu’ils puissent trouver travail et dignité. C’est le défi passionnant, comme dans les années de la reconstruction après la guerre, que tant de pauvreté avait laissé. Le récent « Pacte pour le travail » (“Patto per il lavoro”), qui a vu toutes les parties sociales, y compris l’Eglise, signer un engagement commun pour s’aider dans la recherche de réponses stables – pas d’aumône – est une méthode importante qui, je le souhaite, pourra donner les fruits espérés.
La crise économique a une dimension européenne et globale; et, comme nous le savons, c’est aussi une crise éthique, spirituelle et humaine. A la racine, il y a une trahison du bien commun, autant de la part des individus que des groupes de pouvoir. Il est donc nécessaire d’enlever sa centralité à la loi du profit et de la redonner à la personne et au bien commun. Mais pour qu’une telle centralité soit réelle, effective et non seulement proclamée par des paroles, il faut augmenter les opportunités de travail digne. C’est un devoir qui appartient à la société entière : dans cette phase, de façon particulière, tout le corps social, dans ses composantes variées, est appelé à faire tous les efforts pour que le travail, qui est facteur premier de dignité, soit une préoccupation centrale.
Ici nous nous trouvons devant San Petronio, rappelé comme Pater et Protector et toujours représenté avec la ville dans ses mains. D’ici nous voyons physiquement trois aspects constitutifs de votre ville : l’Eglise, la Commune et l’Université. Quand ils dialoguent et collaborent entre eux, le précieux humanisme qu’ils expriment se renforce et la ville – pour ainsi dire – “respire”, a un horizon, et n’a pas peur d’affronter les défis qui se présentent. Je vous encourage à valoriser cet humanisme dont vous êtes dépositaires pour chercher des solutions sages et visionnaires aux problèmes complexes de notre temps, en les voyant comme difficultés, mais aussi comme opportunités de croissance et d’améliorations. Et ce que je dis vaut pour l’Italie dans son ensemble et pour toute l’Europe.
Chers amis, je suis particulièrement proche de vous, en mettant dans les mains du Seigneur et de Notre Dame de San Luca toutes vos angoisses et préoccupations. A elle, ainsi vénérée par tous les Bolonais, nous nous adressons à présent avec la prière de l’Angélus.