Le pape a rencontré, ce jour, le personnel du Programme alimentaire mondial, dans les jardins du siège de Rome, après avoir parlé de l‘assemblée du PAM, ce qui représente environ 13 500 personnes qui viennent en aide à quelque 90 millions de bénéficiaires dans 80 pays.
Voici le discours prévu mais non prononcé, qu’il a remis à la directrice du PAM, Mme Ertharin Cousin. à chaque fois le pape insiste sur le fait que derrière les « programmes » il y a des « visages » de la faim.
Discours du pape François :
Mesdames et Messieurs, Vous tous, chers amis, Bonjour !
Je suis heureux d’être avec vous dans un climat simple et familial, reflet du style qui stimule votre dévouement dans le service de beaucoup de nos frères qui aujourd’hui trouvent en vous l’un des visages solidaires de l’humanité. Je voudrais aussi avoir présent à l’esprit vos collègues qui, disséminés partout dans le monde, collaborent au Programme Alimentaire Mondial. A vous tous, merci pour votre chaleureuse proximité et bienvenue.
Madame la Directrice Exécutive m’a parlé de l’importance du travail que vous faites avec grande compétence et beaucoup de sacrifices, généreusement, y compris dans des situations difficiles et, souvent, d’insécurité pour causes naturelles ou humaines. L’ampleur et la gravité des problèmes que le PAM affronte demandent que vous alliez de l’avant, en mettant de l’enthousiasme dans tout ce que vous faites, sans vous arrêter, toujours prêts à servir. Pour cela, la formation permanente a beaucoup d’importance, ainsi qu’une fine intuition et surtout un grand sens de la compassion, sans lequel tout ceci manquerait de force et de sens.
Le PAM a mis entre vos mains une haute mission. Son succès dépend en grande partie du fait de ne pas se laisser vaincre par l’inertie et de mettre en toute chose une capacité d’initiative, de l’imagination et du professionnalisme, afin de chercher chaque jour des voies nouvelles et efficaces pour vaincre la malnutrition et la faim dont souffrent tant d’êtres humains en diverses parties du monde. Ce sont ceux-là qui demandent que nous leurs prêtions attention. C’est pourquoi il est important que vous ne vous laissiez pas accabler par les dossiers et que vous parveniez à découvrir que, derrière chaque document, il y a une histoire concrète, souvent douloureuse et précaire. Le secret est de voir derrière chaque dossier un visage humain qui demande de l’aide. Ecouter le cri du pauvre vous permettra de ne pas vous laisser enfermer dans des formulaires froids. Tout cela est peu de choses pour vaincre un phénomène aussi terrible que la faim.
La faim est une des plus grandes menaces à la paix et à une sereine cohabitation humaine. Une menace que nous ne pouvons pas nous contenter seulement de dénoncer ou d’étudier. Il faut l’affronter avec détermination et la résoudre avec urgence. Chacun de nous, avec la responsabilité qui est la sienne, doit agir dans la mesure de ses possibilités pour parvenir à une solution définitive à cette misère humaine, qui dégrade et compromet l’existence d’un très grand nombre de nos frères et sœurs. Et quand il s’agit d’aider ceux qui en souffrent cruellement, personne n’est de trop ni ne peut se contenter de présenter une excuse, en pensant que c’est un problème qui le dépasse ou qui ne le touche pas.
Le développement humain, social, technique et économique est le chemin nécessaire pour assurer que toute personne, famille, communauté ou peuple puisse satisfaire ses propres besoins. Ce qui nous indique qu’il faut travailler non pour une idée abstraite, non pour la défense d’une dignité théorique, mais pour sauvegarder la vie concrète de chaque être humain. Dans les zones les plus pauvres et les plus défavorisées, cela signifie disposer de nourriture en cas d’urgence, mais aussi faciliter l’accès aux moyens et instruments techniques, aux postes de travail, aux microcrédits, et ainsi faire en sorte que la population locale renforce sa capacité de réponse aux crises qui surgissent soudainement.
En disant cela, je ne me réfère pas seulement aux questions matérielles. Il s’agit avant tout d’un engagement moral qui me fait regarder avec responsabilité la personne que j’ai à côté de moi, ainsi que l’objectif général de tout le Programme. Vous êtes appelés à soutenir et défendre cet engagement par un service qui, seulement à première vue, peut sembler de caractère exclusivement technique. En revanche, les actions que vous menez nécessitent une grande force morale, parce qu’elles contribuent à l’édification du bien commun dans chaque pays et dans toute la communauté internationale.
Face à tant de défis, devant les dangers et les troubles qui surgissent continuellement, on a l’impression que l’avenir de l’humanité consistera uniquement à répondre à des épreuves et à des risques de plus en plus interdépendants et difficiles à prévoir, tant dans leur ampleur que dans leur complexité. Vous le savez bien par expérience. Mais cela ne doit pas nous décourager. Soyez forts et aidez-vous pour ne pas laisser entrer dans vos cœurs la tentation du découragement ou de l’indifférence ; croyez plutôt fermement que le travail quotidien de chacun de vous contribue à changer notre monde en un monde au visage humain, en un espace qui a comme points cardinaux la compassion, la solidarité, l’aide réciproque et la gratuité. Plus votre générosité, votre ténacité, votre foi seront grandes, plus la coopération multilatérale pourra trouver, à une plus grande échelle, des solutions adéquates aux problèmes qui nous préoccupent tant, elle pourra élargir, à une plus grande échelle, les visions partielles et égocentriques et ouvrir des chemins nouveaux à l’espérance, au développement humain juste, au développement durable et à la lutte pour fermer la brèche aux injustes déséquilibres économiques qui affectent tant les plus vulnérables.
Sur chacun de vous, sur vos familles et sur le travail que vous faites au PAM, j’invoque d’abondantes bénédictions divines.
Je vous demande de prier pour moi, chacun de vous intérieurement ; ou du moins, quand vous pensez à moi, faites-le de manière positive. J’en ai grand besoin. Merci beaucoup !