La consolation est don de Dieu et service aux autres : personne ne peut se consoler lui-même d’une façon autonome, parce que sinon il finit par se regarder dans le miroir. C’est le message que le Pape a exprimé dans l’homélie de la messe matinale, ce lundi 12 juin à la Maison Sainte-Marthe.
Pour faire l’expérience de la consolation, il faut donc un cœur ouvert, le cœur des pauvres en esprit, et non pas le cœur fermé des injustes.
Le Pape s’est basé sur la Première Lecture du jour, dans laquelle le terme de consolation est évoqué huit fois en 19 lignes. François a rappelé que la consolation n’est pas une expérience «autonome», mais qu’au contraire, «l’expérience de la consolation, qui est une expérience spirituelle, a toujours besoin d’une altérité pour être pleine : personne ne peut se consoler lui-même, personne. Et celui qui cherche à le faire, finit en se regardant dans le miroir, et il cherche à se maquiller, à apparaître. Il se console avec ces choses fermées qui le laissent pas grandir et l’air qu’il respire est cet air narcissique de l’autoréférentialité. Ceci est la consolation truquée qui ne fait pas grandir. Ce n’est pas la consolation, parce qu’elle est fermée, il lui manque l’altérité.»
Dans l’Évangile, on trouve différents types de personnalités, comme ces docteurs de la Loi, «pleins de leur propre suffisance», ou ce pharisien qui prie devant l’autel en disant «je te remercie car je ne suis pas comme les autres». «Celui-ci se regardait dans le miroir», a remarqué le Pape, «il regardait sa propre âme falsifiée par les idéologies, et il remerciait le Seigneur». Jésus met donc en évidence ce risque d’être des gens qui avec cette façon de vivre n’arriveront jamais à la plénitude, mais seront gonflés d’orgueil et de vaine gloire.
La consolation est don et service
La consolation, pour être vraie, a donc besoin d’une altérité. Avant tout, elle se reçoit, parce que «c’est Dieu qui console», qui donne ce «don». Ensuite, la vraie consolation mûrit aussi dans une autre altérité, celle de consoler les autres. «La consolation est un état de passage du don reçu au service donné», a expliqué le Pape.
«La vraie consolation a cette double altérité : elle est don et service. Et ainsi, si je laisse entrer la consolation du Seigneur comme don, c’est parce que j’ai besoin d’être consolé. Je suis dans le besoin : pour être consolé, il est nécessaire de se reconnaître dans le besoin. C’est seulement comme ça que le Seigneur vient, nous console et nous donne la mission de consoler les autres. Il n’est pas facile d’avoir le cœur ouvert pour recevoir le don et faire le service, les deux altérités qui rendent possible la consolation.»
L’enseignement des Béatitudes
Il faut donc avoir un cœur ouvert et heureux. L’Évangile des Béatitudes aujourd’hui nous rappelle que «ceux qui sont heureux sont les bienheureux». «Le cœur s’ouvre avec une attitude de pauvreté, de pauvreté d’esprit. Ceux qui savent pleurer, les doux, la douceur du cœur ; ceux qui sont affamés de justice, qui luttent pour la justice ; ceux qui sont miséricordieux, qui ont de la miséricorde face aux autres ; les purs de cœur ; les opérateurs de paix et ceux qui sont persécutés pour la justice, par amour pour la justice. Ainsi le cœur s’ouvre et le Seigneur vient avec le don de la consolation et la mission de consoler les autres.»
À l’inverse, ceux qui se sentent «riches d’esprit», «suffisants», ont le cœur fermé. «Ceux qui n’ont pas besoin de pleurer parce qu’ils se sentent justes», les violents qui ne savent pas ce qu’est la douceur, les injustes qui accomplissent l’injustice, ceux qui sont sans miséricorde, qui n’ont pas besoin de pardonner parce qu’ils ne ressentent pas le besoin d’être pardonnés, ceux qui sont «sales de cœur», les «opérateurs de guerre» et non de paix, et ceux qui ne sont jamais critiqués ou persécutés parce qu’ils restent indifférents aux injustices envers les autres personnes. «Ceux-ci ont un cœur fermé», a expliqué le Pape : ils ne sont pas heureux parce que le don de la consolation ne peut pas entrer en eux, pour ensuite le donner aux autres.
En conclusion, le Pape François a invité à se demander comment va notre cœur, s’ils est ouvert, s’il est capable de demander le don de la consolation pour ensuite le donner aux autres comme un don du Seigneur. Il faut y repenser durant la journée, et remercier le Seigneur qui «cherche toujours à nous consoler». «Seulement, il nous demande que la porte du cœur soit ouverte, au moins un petit peu. Ensuite, Lui, Il s’arrange pour entrer», a conclu le Saint-Père.