C’est la recommandation exprimée lors de la rencontre avec les collaborateurs pastoraux de la paroisse Santa Maria de Setteville de Guidonia, à l’est de Rome, ce dimanche 15 janvier 2017.
DIALOGUE DU PAPE FRANÇOIS EN PAROISSE :
Pape François : Et il y a le secrétaire ou les secrétaires paroissiales ?
Le curé : Non, non, il n’y en a pas.
Pape François : Il n’y en a pas…Dialogue
Le curé : … Parce que je préfère, Saint-Père, que les gens parlent avec nous, les prêtres ; parce que très souvent, je vois quelqu’un pour un certificat et je dis : « Pourquoi cette tête-là ? Que t’arrive-t-il ? », sinon on perd tout… l’occasion
Pape François : Il est malin, le curé ! Il est malin… Il y a des secrétaires qui, au lieu d’ouvrir les portes, ferment les portes, montrent les dents…
Le curé : C’est toujours nous…
Pape François : Elles font peur aux gens. Mais, c’est bien.
Le curé : Ils aident pour tout ; comme vous l’avez dit aux jeunes, ils aident âr la parole, ils aident avec la vie, avec l’exemple, ils aident en nettoyant l’église, en cuisinant, ils font tout
Pape François : Et c’est bien, cela ; c’est une vraie communauté
Le curé: … avec les pauvres… Oui, oui, ils y a toutes les aides possibles, voilà.
Pape François : Et c’est beau, cela.
Le curé: La tête, le cœur et les mains.
Pape François : On peut aider avec la tête, en confessant, avec le cœur et avec les mains : mais toujours aider. Et se laisser aider. Ce n’est pas facile, demander de l’aide : « Aide-moi parce que j’ai un problème ». Demander conseil : « Je fais cela comme ça, qu’en penses-tu ? Ça va bien comme cela ou dois-je changer un peu ? »… C’est important, que vous aidiez à améliorer le travail que vous faites dans la paroisse. Ce n’est pas une critique, c’est dire en face ce que je pense. La critique, c’est dire : « Ah, bien, bien ! » et puis parler par derrière. Non, non… Mais cela, dans cette paroisse, cela n’arrive jamais ! [il rit, tous rient] Cela ne se produit pas… On voit qu’ils sont tous bons !
On me dit que nous sommes en retard, mais au moins une question, que quelqu’un me pose une question pour que je vous dise quelque chose, une question qui provoque une réponse de ma part
[La question est inaudible, mais tout le monde rit, y compris le pape. Le curé explique que cette personne a été l’un des responsables du parti communiste pendant toute sa vie.]
Pape François : Le pape est l’évêque de Rome et il doit faire l’évêque de Rome tous les jours. Au moins, je ne trouve pas un moment où je pourrais aller jouer au golf, par exemple, non, non.
[Question inaudible]
Pape François : Non… mais j’écoute de la musique, parfois quand je lis un livre, un peu de musique, oui, j’en écoute. Mais des films non, non. Parce qu’il faut aller ailleurs pour les voir, au moins dans mon cas. Mais c’est quelque chose de beau : il y a des films très bons, très bons, qui font du bien, qui font réfléchir… Quand j’étais à Buenos Aires, je faisais certaines catéchèses avec un film et ensuite je faisais réfléchir sur ce film et à la fin il y avait la catéchèse, la semaine suivante, comme cela, ils avaient une semaine pour penser au film. Il y a des films qui sont bons, bons, bons et maintenant avec la technique, on peut trouver de bons vieux films ou même des nouveaux…
Par exemple, pour expliquer le dialogue entre les grands-parents et les enfants, qui est si important, il y a un film d’il y a vingt ans [de 1991] que je vous recommande, vous le trouverez, « Rhapsodie en août » ; c’est japonais, de Kurosawa. Ce film vous fera comprendre comment doit se faire le dialogue entre grands-parents et petits-enfants. Par exemple, un autre film, sur la gratuité de l’amour de Jésus dans l’Eucharistie, il y a un film franco-danois qui s’appelle « Le festin de Babette ». Cherchez-le et vous verrez ce qu’est a gratuité chrétienne, comme elle est… entièrement gratuite, Jésus nous a tout donné gratuitement. Je faisais toujours voir ce film aux ministres de la Communion, pendant le cours pour former les nouveaux ministres de la Communion. La première séance était ainsi : le samedi, on voit cela ; puis on y réfléchir ; le samedi suivant, on en parle, puis le troisième samedi, la catéchèse.
Non, les films sont bons. Mais je n’ai pas la possibilité de le faire et je préfère étudier, écrire des lettres, des choses que je dois faire, lire quelque livre important qui me fera du bien et, oui, écouter un peu de musique, oui. Le rock, non. [il rit, tous rient] Le tango, oui.
[Question] Vous êtes-vous retrouvé dans le film sur votre vie ?
Pape François : Je ne l’ai pas vu. Je n’ai voulu en voir personne.
[Question inaudible]
Pape François : … parce que j’ai pensé : ils diront tellement de mensonges, tellement de mensonges que mieux vaut ne pas le voir [il rit, tous rient]
Ce n’est pas vrai.
[Question] Avec ma femme, nous sommes une famille, un couple sans enfants, nous sommes en mission ad gentes en Autriche, depuis six ans. Bien sûr, il y a aussi les frères [de communauté] : nous sommes six familles, italiennes et espagnoles et le prêtre a été itinérant à Tucumán et il vous salue. Nous voudrions une parole de votre part… Il y a aussi une sœur qui est en mission à Toulon, en France…
Pape François : À Toulon… Partir en mission n’est pas facile. Il faut du courage, mais il faut l’appel du Seigneur. Ce n’est pas la question de mon enthousiasme : « Mais parlons, allons en mission ! ». Non, non, arrête-toi ! Que le Seigneur t’appelle à partir en mission. Et ce n’est pas facile. Ce n’est pas facile de quitter sa terre, sa maison, ce « vas-t’en » que Dieu a dit à notre père Abraham : « commence à marcher »… Ce n’est pas facile. Mais il y a la petite mission de tous les jours : sur le lieu de travail, dans le quartier, à l’école, avec les enfants, avec les jeunes, une bonne parole… Il y a la petite mission là où je travaille, là où je vis. Et la grande mission est celle-ci, trouver de nouveaux horizons…
L’Église a grandi avec les missions ! Après la Pentecôte, l’Église, qui était fermée, est devenue une Église en sortie, c’est-à-dire qui sort, qui va en mission. Et après la persécution, la première persécution à Jérusalem, tous se sont enfuis, ils sont partis et ont fait la mission dans le monde entier… Et certains ne sont jamais retournés à Jérusalem… Je parlais avec un cardinal brésilien qui était chargé des populations de l’Amazonie brésilienne et il me disait ceci : « Quand je vais dans un petit village, la première chose que je fais est d’aller au cimetière. Et je trouve beaucoup, beaucoup de sépultures de petites sœurs, de prêtres, de missionnaires… Beaucoup sont morts jeunes parce qu’ils ont attrapé des maladies auxquelles ils n’étaient pas préparés, ils n’avaient pas d’antivirus… Et ils ont donné leur vie là-bas ». Donner sa vie est un peu le propre de la mission. Et lui me disait : « Si j’étais pape, je les canoniserais tous parce qu’ils ont donné leur vie pour l’Évangile ». Et c’est beau, ceci. Et la mission, c’est un peu cela : laisse, avec aussi la possibilité de ne pas revenir. C’est un peu dur, cela. C’est dur, mais c’est beau. Mais il faut un appel. Je ne peux pas me donner à moi-même une mission. Tu as compris ?
Voilà. Continuez d’aider votre curé de cette manière, où tout le monde fait tout, et allons de l’avant, avec le témoignage. Et merci. Merci.
Je vous salue, Marie…
[Bénédiction]
Et priez pour moi, s’il vous plaît. Et merci pour ce que vous faites.
Salutation finaleLe curé: Regardez, regardez, toute la rue…
Pape François : Vous avez eu tellement froid ! Un tout petit peu…
Merci beaucoup, et je vous demande de prier pour moi, prier pour que la paroisse progresse, que le quartier progresse, pour les malades, pour qu’ils guérissent, pour les enfants, pour qu’ils grandissent sainement, et prier pour tout le monde : les uns pour les autres. Et cela fait que l’Église est bonne, et aussi que le quartier sera un quartier est un quartier de paix. Quand les gens prient les uns pour les autres, cela produit des choses bonnes : cela ne coûte rien mais fait beaucoup de bien.
Et maintenant, avant de m’en aller, je voudrais vous donner la bénédiction. Prions d’abord la Vierge Marie :
Je vous salue, Marie…
[Bénédiction]
Priez pour moi, n’oubliez pas ! Merci. Bonne soirée.