« Il est triste de voir un chrétien qui veut suivre Jésus et la mondanité ». Lors de la messe de ce mardi célébrée en la maison Sainte-Marthe le Saint-Père a rappelé que le chrétien est amené dans la vie à faire un choix radical, il ne peut y avoir « un christianisme à moitié », il ne peut y avoir « le Ciel et la terre ». « Pierre demande à Jésus ce que les disciples auraient obtenu en retour pour l’avoir suivi. Une question posée après que le Seigneur ait dit au jeune homme riche de vendre tous ses biens et de les donner aux pauvres pour le suivre. Le Pape François dans son homélie a développé une réflexion sur ce dialogue d'une grande actualité ».
« Un chrétien ne peut pas avoir le Ciel et la terre, il ne peut pas s’attacher aux biens ». Le Pape fait observer que « Jésus propose une réponse différente que celle attendue par les disciples : il ne parle pas de richesse, il promet en revanche l’hérédité du Royaume des Cieux, mais avec les persécutions et la croix ». « Par conséquent, quand un chrétien est attaché aux biens, il fait une mauvaise impression, celle d'un chrétien qui veut avoir deux choses : le Ciel et la terre ». « Et précisément ce que Jésus dit : la croix, les persécutions. Cela signifie, s’oublier, subir chaque jour la croix ...»
« Les disciples avaient cette tentation de suivre Jésus, mais alors quelle sera la fin de cette bonne affaire ? - questionne le Saint-Père - Pensons à la mère de Jacques et de Jean, lorsqu’elle demanda à Jésus une place pour ses enfants: « Ah, celui-là vous lui donnez un poste de premier ministre, et l’autre de ministre de l'économie ...».
Richesse, vanité et orgueil nous éloignent de Jésus
Mais ensuite, poursuit le Pape, « le cœur des disciples fut purifié », jusqu'à la Pentecôte, quand « ils comprirent tout ». « La gratuité qui réside dans le fait de suivre Jésus est la réponse à la gratuité de l'amour et du Salut que Jésus nous donne ». Et quand « on veut suivre à la fois Jésus, à la fois le monde, à la fois la pauvreté et à la fois la richesse - met en garde le Pape - il s’agit d’un christianisme à moitié, qui veut un gain matériel. C’est « l'esprit de la mondanité ».
Ce chrétien, affirme-t-il dit en écho au prophète Elie, « boite sur deux jambes », car il « ne sait pas ce qu'il veut ». « Pour comprendre cela, nous devons nous rappeler que Jésus annonce que “les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers”, ce qui signifie que « celui qui croit ou qui est le plus "grand" doit se faire le serviteur le plus petit ».
« Suivre Jésus du point de vue humain n’est pas une bonne affaire, précise le Pape : c’est servir. Lui l'a fait, et si le Seigneur vous donne la possibilité d'être le premier, vous devez agir comme le dernier, c’est-à-dire dans le service. Et si le Seigneur vous donne la possibilité d’avoir des biens, vous devez agir dans le service, pour les autres. Il y a trois choses, trois étapes - poursuit le Saint-Père - qui nous éloignent de Jésus: la richesse, la vanité l'orgueil. C’est pour cette raison que les richesses sont si dangereuses, parce qu’elles conduisent immédiatement à la vanité et au fait de se croire important. Et quand tu penses que tu es important, cela te monte à la tête et tu t'égards».
Apprendre la science de l'humilité
La voie indiquée par le Seigneur, est celle du « dépouillement » précise le Pape comme Lui l'a fait : “Que celui qui est le plus grand entre vous, soit votre serviteur”. « Ce travail avec les disciplines couta beaucoup à Jésus, beaucoup de temps parce qu'ils ne comprenaient pas bien ». Alors, « nous aussi, nous devons Lui demander : Enseigne-nous ce chemin du service, cette science du service ? Cette science de l'humilité ? Cette science qui consiste à être le dernier à servir nos frères et sœurs dans l'Eglise ».
« Il est triste de voir un chrétien, qu’il soit laïc consacré, prêtre, évêque, qui veut les deux choses : suivre Jésus et la mondanité. C’est un contre-témoignage et ça éloigne les personnes de Jésus ». Le Pape François revient alors à la question de Pierre “nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi; qu'en sera-t-il pour nous ?” et il invite à réfléchir à la réponse de Jésus. « Le prix qu'il nous donnera est la ressemblance avec Lui. Ce sera ça le salaire, un grand salaire : Etre à la ressemblance de Jésus ! »