Pour le Ve centenaire de la naissance de saint Philippe Neri – dont la mémoire liturgique est célébrée ce 26 mai – le pape François a fait parvenir un message au P. Mario Alberto Avilés, c.o. Procureur Général de la confédération des oratoriens, s'unissant « spirituellement à toute la confédération ».
Il fait mémoire du saint qui « se consacra avec grande passion au ministère de la confession, jusqu’au soir de son dernier jour sur terre » et qui déclara sur son lit de mort : « Qui veut autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il veut ; qui demande autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il demande ».
« Père et maître authentique pour les âmes », saint Philippe Neri reste « un brillant modèle pour l’Église et sa mission permanente dans le monde », ajoute le pape : « sa vision du prochain, sa façon de témoigner à tous l’amour et la miséricorde du Seigneur, peut servir de bon exemple », en particulier son « apostolat de la relation personnelle et de l’amitié, comme voie privilégiée pour ouvrir à la rencontre avec Jésus et l’Évangile ».
Le pape salue aussi l’Oratoire qu'il fonda, « une structure ecclésiale caractérisée par une vie spirituelle intense et joyeuse » : « ne vous contentiez pas d’une vie médiocre ; au contraire, à l’école de votre fondateur, vous êtes appelés à être des hommes de prière et de témoignage pour attirer les personnes vers le Christ. De nos jours, surtout chez les jeunes, on a grand besoin de personnes qui prient et sachent enseigner aux autres à prier. »
Message du pape François :
Au P. Mario Alberto Avilés, c.o. Procureur Général de la confédération des oratoriens de Saint Philippe Neri
Le cinquième centenaire de la naissance de saint Philippe Neri, né à Florence le 21 juillet 1515, me donne l’occasion et la joie de m’unir spirituellement à toute la confédération des oratoriens, pour rappeler celui qui a vécu 60 ans dans la ville de Rome, lui valant l’appellatif d’« apôtre de Rome ». Sa vie personnelle a été profondément marquée par ses relations avec la personne de Jésus Christ et ses efforts pour diriger vers Lui les âmes placées sous sa garde. Sur son lit de mort, il avait fait la recommandation suivante : « Qui veut autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il veut ; qui demande autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il demande ». De cette expérience féconde de communion avec le Seigneur Jésus, est né l’Oratoire, une structure ecclésiale caractérisée par une vie spirituelle intense et joyeuse : prière, écoute et conversation sur la Parole de Dieu, préparation à recevoir dignement les sacrements, formation à la vie chrétienne à travers l’histoire des saints et de l’Église, œuvres de charité en faveur des plus pauvres.
L’apostolat de saint Philippe a permis aussi à l’Église, dans son travail, de redonner la priorité au salut des âmes; on comprit à nouveau que les pasteurs devaient être avec le peuple pour le guider et le soutenir dans sa foi. Philippe a été un guide pour tant de personnes, annonçant l’Évangile et administrant les sacrements. En particulier, il se consacra avec grande passion au ministère de la confession, jusqu’au soir de son dernier jour sur terre. Sa préoccupation était de suivre constamment la croissance spirituelle de ses disciples, en les accompagnant dans les difficultés de la vie et en les ouvrant à l’espérance chrétienne. Il fut certainement aidé dans mission de « ciseleur d’âmes » par l’attirance particulière que suscitait sa personne, grâce à un caractère chaleureux, joyeux, contenu et doux. Des particularités tirées de sa fervente expérience du Christ et de l’action de l’esprit de Dieu qui avait dilaté son cœur.
Le père Philippe, dans sa méthode de formation, a su se servir de la fécondité des contraires : amoureux de la prière intime et solitaire, il enseignait aux oratoriens à prier en communion fraternelle; fortement ascétique dans sa pénitence également corporelle, il proposait un travail de mortification intérieure empreint de joie et de sérénité comme un jeu ; annonceur passionné de la Parole de Dieu, il fut un prêcheur tellement avare de mots que, lorsqu’il était gagné par l’émotion, ses propos pouvaient se réduire à quelques phrases seulement. C’était là son secret, qui fit de lui un père et un maître authentique pour les âmes. Sa marque spirituelle transparaît dans toutes ses actions. On y reconnaît : sa confiance dans les personnes, sa manière de se détourner l’air sombre et le sourcil froncé, son esprit festif et joyeux, sa conviction que la grâce ne supprime pas la nature mais la guérit, la rend plus forte et meilleure.
Saint Philippe Neri reste par ailleurs un brillant modèle pour l’Église et sa mission permanente dans le monde. Sa vision du prochain, sa façon de témoigner à tous l’amour et la miséricorde du Seigneur, peut servir de bon exemple pour les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs. Dès les premières années de sa présence à Rome, Philippe exerça un apostolat de la relation personnelle et de l’amitié, comme étant la voie privilégiée pour ouvrir à la rencontre avec Jésus et l’Évangile. Son biographe rapporte : « Il approchait les groupes, une fois l’un une fois l’autre et tous devenaient vite ses amis ». Il aimait la spontanéité, fuyait les artifices, cherchait ce qu’il y avait de plus amusant pour éduquer aux vertus chrétiennes, tout en proposant une saine discipline qui implique l’exercice de la volonté pour accueillir concrètement le Christ dans sa vie. Il était profondément convaincu que le chemin de la sainteté se fonde sur la grâce d’une rencontre – celle du Seigneur – accessible à n’importe quelle personne, de n’importe quelle condition ou état, qui l’accueillerait avec l’étonnement d’un enfant.
Cet état permanent de mission de l’Église exige de vous, fils spirituels de saint Philippe Neri, que vous ne vous contentiez pas d’une vie médiocre ; au contraire, à l’école de votre fondateur, vous êtes appelés à être des hommes de prière et de témoignage pour attirer les personnes vers le Christ. De nos jours, surtout chez les jeunes, on a grand besoin de personnes qui prient et sachent enseigner aux autres à prier. En « aimant intensément le Saint Sacrement de l’Eucharistie, sans lequel il ne pouvait vivre » – comme déclara un témoin au procès de sa canonisation – il nous enseigne que l’Eucharistie célébrée, adorée, vécue, est la source à laquelle puiser pour parler au cœur des hommes. Car, « avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » » (Evangelii gaudium, 1). Que cette joie, propre à l’esprit oratorien, soit toujours le climat de fond qui caractérise vos communautés et votre apostolat.
Saint Philippe s’adressait affectueusement à la Vierge Marie en l’appelant « Vierge Mère, Mère Vierge », convaincu que ces deux titres disent l’essentiel de Marie. Qu’Elle vous accompagne sur le chemin qui vous conduit à une adhésion encore plus forte au Christ et dans vos efforts pour témoigner et prêcher l’Évangile avec encore plus de zèle et de manière encore plus authentique. Tout en vous demandant de prier pour moi et pour mon ministère, j’accompagne ces réflexions d’une bénédiction apostolique spéciale, que j’impartis de tout cœur à tous les membres des congrégations oratoriennes, aux laïcs des Oratoires séculiers et à tous les membres affiliés à votre famille spirituelle.
Du Vatican, 26 mai 2015.