Lors de son homélie dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe ce lundi matin, le Pape est revenu sur l’
hypocrisie des chefs des prêtres du Temple dans lequel Jésus était rentré, et qui lui demandaient d’où il tenait son autorité. «La vérité ne les intéressait pas, a souligné le Pape, ils cherchaient juste leur intérêt et allaient dans le sens du vent, comme des girouettes. Ces chefs des prêtres négociaient tout : la liberté intérieure, la foi, la patrie, tout sauf les apparences, a poursuivi François, c’étaient des opportunistes à qui importait de toujours bien se sortir des situations difficiles».
Le Pape a expliqué que ces personnes étaient fortes, montraient leurs vertus d’observance de la loi, mais seulement de l’extérieur. En réalité, ils ne savaient pas en quoi croire et avaient un cœur faible, qui allait d’un côté comme de l’autre. «Jésus au contraire nous enseigne que le chrétien doit avoir un cœur fort, solide, un cœur qui grandit sur le roc qui est le Christ, et qui avance avec prudence. On ne négocie pas le cœur, on ne négocie pas ce roc qui est le Christ !»
Jésus n’a jamais négocié son cœur de Fils, a poursuivi le Saint-Père, son cœur était si ouvert aux gens, de trouver un chemin pour les aider. Mais les chefs des prêtres répondaient que la doctrine, la discipline empêchaient de le faire, selon eux la loi était sacrée. Pour illustrer ses propos, le Pape a pris l’exemple de son prédécesseur Pie XII qui a assoupli la règle du jeûne eucharistique : «Certains d’entre vous s’en souviennent peut-être : on ne pouvait même pas boire une goutte d’eau ! Mais quand Pie XII a changé la discipline, tant de pharisiens ont crié à l’hérésie, se sont scandalisés ! En réalité, Pie XII a fait comme Jésus, il avait vu le besoin des gens.»
La grâce de se sentir pécheur
Tel est donc le drame de tous ces gens hypocrites et opportunistes. Le Pape a ainsi mis en garde contre cette tentation dans nos vies et a fait cette confession : «il m’est arrivé quelque fois, en voyant un chrétien ou une chrétienne avec le cœur faible et si rigide, de demander au Seigneur : "jette-lui une peau de banane, afin qu’il fasse une belle glissade, qu’il enrage d’être pécheur et ainsi puisse Te rencontrer, Toi qui est le Sauveur". Tant de fois un péché nous met en colère et nous fait rencontrer le Seigneur, qui nous pardonne, comme les malades qui étaient là et allaient vers Jésus pour guérir.»
François a conclu son homélie en demandant au Seigneur «la grâce que notre cœur soit simple, lumineux de la vérité de Celui qui nous la donne, afin que nous puissions aimer, pardonner, être compréhensifs avec les autres, miséricordieux, et surtout de ne jamais condamner. Demandons au Seigneur la grâce qu’il nous donne cette lumière intérieure, qui nous convainc que seul, Lui est le rocher et non toutes nos histoires que nous estimons importantes. C’est le Seigneur qui nous montre le chemin, qui élargit le cœur pour que puissent y entrer les problèmes de tant de gens, c’est Lui qui nous donne une grâce que les chefs des prêtres du temps de Jésus n’avaient pas : la grâce de se sentir pécheur».