Le synode "n’est pas une assemblée parlementaire", explique le pape François dans une
interview accordée au quotidien argentin la Nacion, dont Radio Vaticna en français qui publie cette synthèse.
Le pape y aborde une série de sujets d’actualité au Vatican, des réformes de la Curie au dernier synode sur la famille, en passant par le non renouvellement du commandant de la Garde Suisse.
Le Synode - « Le Synode n’est pas une assemblée parlementaire, mais un espace ouvert et protégé pour que l’Esprit Saint travaille ». François répond, sans réserve, aux questions posées par Elisabetta Piqué sur le Synode d’octobre dédié à la famille. Il est « simplificateur » de dire que les pères synodaux sont divisés en deux secteurs, l’un contre l’autre. Il répète que l’important est d’avoir « le courage de parler » et « l’humilité d’écouter ». François affirme enfin « ne pas avoir peur de marcher sur la route du Synode, parce que c’est le chemin que Dieu attend que nous empruntions. Plus encore, le Pape en est le garant, il est là pour s’occuper de la procédure ».
Le mariage - La famille est aujourd’hui en grande difficulté. Il souligne que pour beaucoup « se marier est un « fait social » et que cela implique de se demander combien de mariages sont réellement célébrés dans la foi et de quelle foi il s’agit et avec quel degrés de conscience une personne se marie, cela jouant un rôle déterminant en ce qui concerne la validité ou la nullité d’un mariage.
Les unions homosexuelles - Concernant les préoccupations de certains milieux concernant les unions homosexuelles, le pape François a précisé que « personne n’a mentionné le mariage homosexuel durant le Synode ». Ce dont il a été question, poursuit-il, ce sont de ces familles qui ont une fille ou un fils homosexuel et de savoir comment « aller de l’avant dans cette situation un peu inhabituelle » et comment l’Eglise peut les accompagner. « Nous devons trouver un moyen d’aider » a affirmé François. En somme, il a été question « des personnes homosexuelles par rapport à leurs familles, parce que c’est une réalité que nous rencontrons dans le confessionnal ». A propos des objections formulées à l’encontre de la Relatio post diceptationem, le Pape fait remarquer à la journaliste qu’il s’agit d’un premier jet, « d’un document relatif ». Il ne faut jouer à se faire peur, explique en substance François. Selon lui ce qui compte lors d’un Synode ? c’est la relation post-synodale, son message final et le discours du Pape. Dans le même temps, précise-t-il, « il ne faut pas avoir peur » d’aller de l’avant guider par l’Esprit Saint.
Les divorcés-remariés - Dans le discours final, « j’ai dit qu’aucun point de la doctrine de l’Eglise sur le mariage n’avait été touché ». Dans le cas des divorcés-remariés, de nombreuses questions pastorales se posent. Mais pour le Pape, « ce n’est pas une solution de leur donner la communion ». Pour lui, cela « seul » n’est pas la solution, « la solution est l’intégration », car s’ils ne sont « pas excommuniés », ils semblent l’être de facto et le Pape de citer qu’ils ne peuvent pas être parrains lors de baptême, lire les lectures à la messe, donner la communion ou enseigner le catéchisme. François estime qu’ « il faut ouvrir un peu plus les portes ». Dans cet entretien, le pape révèle que pour certains, les divorcés-remariés ne donnent pas un bon « témoignage », mais poursuit-il, on accorde à un « politique corrompu » d’être parrain parce qu’il s’est marié à l’Eglise. « Alors, il faut changer un peu les choses, les échelles de valeurs ».
De la confusion ? - A ceux qui parlent de confusion, le pape rétorque que « continuellement », il prononce des discours et des homélies et que c’est cela le Magistère. « C’est cela que je pense et non ce que les journaux pensent que je dis ». Il invite chacun à se référer à Evangelii Gaudium qui est « très claire ».
La réforme de la curie - François n’a pas manqué de parler de la réforme de la Curie, affirmant que c’est un « lent processus » et qu’il ne pense pas qu’il sera conclu en 2015. Il explique qu’une des propositions en discussion est de fusionner les dicastères dédiés à la famille, aux laïcs avec celui de « Justice et paix ». Le pape n’est pas préoccupé des divergences survenues dans cette réforme en cours de la Curie romaine. Le processus a été décidé par les cardinaux lors des Congrégations générales précédant le Conclave. Le IOR fonctionne « très bien » et la réforme sur l’économie est sur de bon rail. Le Pape souligne cependant que le plus important pour lui est la « réforme du cœur » plus que celle des structures.
Jorge par lui-même - « Jorge ne change pas, continue à être toi-même, changer à ton âge serait ridicule ». Voilà ce qu’il s’est dit lorsqu’il a été élu. Quant à son âge justement, François fêtera sans changement de programme son 78ème anniversaire le 17 décembre prochain. Il affirme avoir les douleurs dues au nombre des années, mais souligne que son rythme de travail est plutôt bon.
Voyages - Quels seront les prochains voyages ? en 2015, un déplacement en Afrique et un autre dans trois pays d’Amérique latine sont envisagés. Il pourrait se rendre en 2016 en Argentine, précisant qu’en vue des prochaines élection, il ne recevra aucun leader politique pour ne pas interférer dans le processus démocratique. Il avertit d’ailleurs qu’une « rupture du système démocratique ou de la Constitution », serait une « erreur » pour le pays.
Le départ du commandant de la Garde suisse - Enfin, le pape François a tenu personnellement à faire taire les rumeurs concernant le non-renouvellement du mandat du commandant de la Garde suisse, Daniel Anrig. Ce départ est un changement « tout à fait normal » qui n'a rien de remarquable. Il réfute les accusations selon lesquelles il aurait jugé l’homme trop autoritaire ou son nouveau logement rénové trop luxueux, rappelant en outre que le commandant est père de quatre enfants. Il loue le colonel Anrig qu’il estime être une excellente personne et un bon catholique qui n'a rien à se reprocher.