Le pape François a rendu un hommage appuyé au roi Abdallah II de Jordanie, comme à un "artisan de paix", en improvisant un passage de son discours au palais royal: c'était leur troisième rencontre, le roi et la reine s'étant rendus au Vatican le 29 août dernier, et le roi et le prince Ghazi, le 8 avril.
Le pape a dit l'urgence d'une "une solution pacifique à la crise syrienne" et d’une "solution juste au conflit israélo-palestinien".
Il a salué l'accueil généreux offert par le pays aux réfugiés: Palestiniens, Irakiens, Syriens.
Il a salué aussi l'engagement de la Jordanie dans le dialogue interreligieux: "J’exprime ma reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la « Semaine d’Harmonie entre les Religions »."
Il a salué la liberté dont jouissent les communautés chrétiennes du pays, un modèle: "Elles peuvent professer avec tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse qui est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en grande considération partout au Moyen Orient et dans le monde entier."
Le pape est ensuite parti en voiture fermée pour le Stade international de Amman (11 km): il y célébrera la messe (lectures du dimanche 25 mai), après un tour du stade pour saluer toute l'assemblée.
Il repartira vers 18 h 15 pour le site du Baptême du Christ de Béthanie.
Discours du pape François au palais royal de Amman :
Majestés,
Excellences,
chers frères Evêques,
chers amis,
Je remercie Dieu de pouvoir visiter le Royaume Hachémite de Jordanie, sur les traces de mes prédécesseurs Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi Abdullah II pour ses cordiales paroles de bienvenue, dans le vivant souvenir de notre récente rencontre au Vatican. J’étends mon salut aux membres de la famille royale, au Gouvernement et au peuple de Jordanie, terre riche d’histoire et de signification pour le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.
Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre de réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres régions en crise, en particulier la Syrie toute proche, bouleversée par un conflit qui dure depuis trop longtemps. Un tel accueil mérite l’estime et le soutien de la communauté internationale. L’Eglise Catholique, selon ses possibilités, veut s’engager dans l’assistance aux
réfugiés et à ceux qui vivent dans le besoin, surtout par l’intermédiaire de Caritas Jordanie.
Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes tensions au Moyen Orient, je remercie les Autorités du Royaume pour ce qu’elles font et je les encourage à continuer de s’engager dans la recherche d’une paix durable, souhaitée pour toute la région ; dans ce but une solution pacifique à la crise syrienne est plus que jamais nécessaire et urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo-palestinien
Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime pour la communauté musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions.
Vous être reconnu comme un homme de paix et un artisan de paix: merci!
J’exprime ma reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la « Semaine d’Harmonie entre les Religions ».
Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection aux communautés chrétiennes qui, présentes dans le pays depuis les temps apostoliques, offrent leur contribution au bien commun de la société dans laquelle elles sont pleinement insérées. Bien qu’étant aujourd’hui numériquement minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et appréciée dans les champs éducatif et sanitaire, par des écoles et des hôpitaux, et elles peuvent professer avec tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse qui est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en grande considération partout au Moyen Orient et dans le monde entier.
Celui-ci « comprend à la fois au niveau individuel et collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse et la liberté de culte… la liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie et de manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI, Exort. Ap. Ecclesia in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens se sentent et sont citoyens à part entière, et ils entendent contribuer à la construction de la société avec leurs concitoyens musulmans, en offrant leur contribution propre et spécifique.
J’adresse enfin un souhait spécial pour la paix et la prospérité du Royaume de Jordanie et de son peuple, avec le vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans.
Que Dieu nous préserve de la peur du changement auquel vous avez fait allusion.
Je vous remercie pour votre accueil et votre courtoisie. Que Dieu Tout Puissant et Miséricordieux accorde à Vos Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la Jordanie de ses bénédictions. Salam!