Lundi 12 Mai 2014
Les prêtres doivent être avant tout des serviteurs
Le Pape a reçu ce lundi matin les recteurs et élèves des collèges romains qui accueillent des
séminaristes et des prêtres du monde entier. Plus d’une heure de questions-réponses dans la salle Paul VI du Vatican, devant une assemblée très internationale composée de Chinois, de Libanais, de Polonais, de Mexicains ou encore de Philippins. Le Saint-Père a notamment répondu à sept questions sur les problèmes qu’il est possible de rencontrer la vie sacerdotale : comment tenir une homélie sans endormir ses auditeurs, comme ne pas devenir avides, affairistes ou vaniteux.
Le Pape François a évoqué des souvenirs personnels et s’est laissé aller à quelques traits d’esprit suscitant l’hilarité générale. «Si vous voulez poser des questions librement ne vous gênez pas», avait-il lancé dès le début de la rencontre. Pour le Souverain Pontife, les commérages sont une vraie peste pour toute communauté, surtout dans le milieu clérical où on a tendance à tenir un langage prudent et diplomatique ; d’où l’invitation à dire toujours les choses en face.
Savoir toujours dire les choses en face
La vie communautaire n’est pas le paradis, a-t-il reconnu, mais elle ne doit pas devenir non plus un purgatoire. Il faut donc corriger les mauvaises habitudes, combattre les luttes de pouvoir ou d’idées et celles qui naissent de la jalousie. Le Pape François a surtout fustigé les pasteurs orgueilleux, hautains et distants qui adoptent une attitude presque princière. Le peuple pardonne aux prêtres qui ont un dérapage affectif ou qui lèvent le coude ; il ne pardonne pas les prêtres vaniteux ou âpres au gain.
Les prêtres doivent être avant tout des serviteurs. Ils doivent savoir cultiver l’amitié, se montrer vigilants face aux risques de dépression ou d’excès d’enthousiasme. Et quand leur cœur est en pleine turbulence, ils doivent d’abord s’en remettre à la Vierge et à son assistance maternelle, et seulement après, si nécessaire, consulter un psychiatre. Autre conseil, ne jamais terminer une journée sans passer devant le tabernacle et sans scruter son propre cœur.
Au cours de cette rencontre qui s’est déroulée dans la salle Paul VI au Vatican, le Saint-Père a voulu aussi profiter de la présence d’étudiants arabes et ukrainiens pour exprimer sa proximité dans la prière avec les populations du Moyen-Orient et d’Ukraine qui vivent des moments difficiles. L’Eglise souffre beaucoup et fait aussi l’objet de persécutions, a-t-il regretté. Et quand il a pris congé le Pape François a été longuement applaudi.
Sources : http://fr.radiovaticana.va/news/2014/05/12/les_pr%C3%AAtres_doivent_%C3%AAtre_avant_tout_des_serviteurs/fr1-798654
Voici notre traduction des échanges entre les participants et le pape François :
Dialogue du pape François avec les séminaristes et prêtres :
Bonjour, je vous remercie infiniment de votre présence. Je remercie le cardinal Stella pour ses paroles, et je m’excuse du retard. Oui, parce qu’il y a des évêques mexicains en visite ad limina… et quand on est avec des mexicains, on est vraiment bien, si bien que le temps passe et on ne s’en rend pas compte !
Aux 146 parmi vous qui sont des pays du Moyen Orient et à certains qui êtes d’Ukraine aussi, je veux dire que je suis très proche de vous en ce moment de souffrance ; vraiment, très proche, et dans la prière. On souffre tellement, dans l’Église ; l’Église souffre tellement et l’Église souffrante est aussi une Église persécutée dans certaines régions, et je suis très proche de vous. Merci. Et maintenant je voudrais … Il y avait des questions, je les ai vues, mais si vous voulez les changer ou les faire un peu plus spontanées, il n’y a pas de problème, soyez libres !
Un séminariste – Bonjour, Saint-Père. Je m’appelle Daniel, je viens des États-Unis, je suis diacre et viens du Collège Nord-américain. Nous sommes venus à Rome pour une formation académique et pour avoir toujours foi en cet engagement. Comment ne pas négliger une formation intégrale, tant au niveau personnel qu’au niveau communautaire ? Merci.
Merci pour la question. C’est vrai : votre but principal, ici, est la formation académique, avoir un diplôme en ceci ou cela… Mais il y a le danger du « trop académique ». Oui, les évêques vous envoient ici pour passer des diplômes, mais aussi pour retourner dans votre diocèse. Mais au diocèse vous devez travailler au presbytère, comme prêtre, des prêtres diplômés. Et celui qui tombe dans ce danger du « trop académique », revient non pas en père mais en ‘docteur’. Et ça c’est dangereux. Il y a quatre piliers dans la formation sacerdotale : je l’ai dit tant de fois, vous l’avez peut-être entendu. Quatre piliers : la formation spirituelle, la formation académique, la formation communautaire, et la formation apostolique. C’est vrai qu’ici, à Rome, on souligne – et c’est pour ça que vous avez été envoyés – la formation intellectuelle ; mais les trois autres piliers doivent être cultivés, et tous les quatre interagissent entre eux, et je ne comprendrais pas qu’un prêtre vienne décrocher un diplôme ici, à Rome, et qu’il n’ait pas une vie communauté, cela ne va pas. Soit il ne soigne pas sa vie spirituelle – la messe quotidienne, la prière quotidienne, la lectio divina, la prière personnelle avec le Seigneur – soit sa vie apostolique : en fin de semaine faire quelque chose, changer un peu d’air, mais aussi d’air apostolique, faire quelque chose… C’est vrai, l’étude est une dimension apostolique ; mais il est important aussi de soigner les trois autres piliers! Le purisme académique ne fait pas du bien, ne fait pas du bien. C’est pourquoi ta question me plaît, parce qu’elle me donne l’occasion de vous dire ces choses-là. Le Seigneur vous a appelés à être des prêtres, des prêtres : c’est la règle fondamentale.
Et il y a une autre chose que je voudrais souligner : si on ne voit que la partie académique, on risque de glisser vers les idéologies, et cela rend malade, cela abîme la conception de l’Église. Pour comprendre l’Église il faut étudier mais aussi prier, en vivant dans la communauté et menant une vie apostolique. Si nous glissons vers une idéologie, et prenons ce chemin-là, nous aurons une herméneutique non chrétienne, une herméneutique de l’Église idéologique. Et cela fait mal, c’est une maladie. L’herméneutique de l’Église doit être l’herméneutique que l’Église nous offre, que l’Église nous donne. Comprendre l’Église avec les yeux du chrétien ; comprendre l’Église avec l’esprit du chrétien ; comprendre l’Église avec le cœur du chrétien; comprendre l’Église en agissant en chrétien. Dans le cas contraire, on ne comprend pas l’Église, ou on la comprend mal. C’est pourquoi il est important de souligner, oui, le travail académique car c’est pour cela que vous avez été envoyés ; mais ne pas négliger les trois autres piliers : vie spirituelle, vie communautaire et vie apostolique : Je ne sais si cela répond à ta question … Merci.
Un séminariste – Bonjour, Saint-Père. Je suis Thomas, de la Chine. Je suis un séminariste du Collège Urbain. Parfois, vivre en communauté n’est pas facile : que nous conseillez-vous, en partant aussi de votre expérience, pour faire de notre communauté un lieu de croissance humaine et spirituelle, et d’exercice de charité sacerdotale ?
Un jour, un vieil évêque d’Amérique Latine a dit : « un mauvais séminaire vaut mieux que pas de séminaire du tout ». Se préparer au sacerdoce tout seul, sans communauté, n’est pas bien. La vie du séminaire, autrement dit la vie communautaire, est très importante. Elle est très importante car il y a le partage entre les frères, qui marchent vers le sacerdoce; mais il y a aussi des problèmes, il y a des luttes : des luttes de pouvoir, des luttes d’idées, voire des luttes cachées; et arrivent les vices capitaux: l’envie, la jalousie… Mais viennent aussi les bonnes choses : les amitiés, l’échange d’idées, c’est ce qui est important dans la vie communautaire. La vie communautaire n’est pas le paradis, ni même le purgatoire – non, ce n’est pas ça … [éclat de rires], mais ce n’est pas le paradis ! Un saint jésuite disait que, pour lui, la vie communautaire était la plus grande des pénitences. Pas vrai ? Aussi je crois que nous devons avancer, dans la vie communautaire. Mais comment ? Il y a quatre ou cinq choses qui nous aiderons beaucoup. Ne jamais, jamais dire du mal des autres. Si j’ai quelque chose contre l’autre, ou que je ne suis pas d’accord : le dire en face ! Nous les clercs, nous avons la tentation de ne pas dire les choses en face, d’être trop diplomates, ce langage clérical… Mais ça nous fait du mal, nous fait du mal !
Je me souviens, il y a 22 ans : je venais d’être nommé évêque, et j’avais un secrétaire au vicariat – Buenos Aires est divisée en quatre vicariats – dans ce vicariat j’avais comme secrétaire un jeune prêtre, ordonné récemment. Et moi, les premiers mois, j’ai fait quelque chose, et j’ai pris une décision un peu diplomatique – trop diplomatique – avec les conséquences qui viennent de ces décisions que l’on ne prend pas dans le Seigneur… Et à la fin je lui ai dit: « Mais regarde ce problème, je ne sais pas comment arranger cela… ». Et lui m’a regardé en face – un jeune ! – et il m’a dit: « Parce que vous avez mal fait : Vous n’avez pas pris une décision paternelle ! », et il m’a dit trois ou quatre choses biens sonnées !! Avec beaucoup de respect, mais il me les a dites. Et puis, quand il est parti, j’ai pensé : « celui-là je ne l’éloignerai jamais de son poste de secrétaire: c’est un vrai frère ! ». A l’opposé, il y a ceux qui te disent de belles choses devant et par derrière pas si belles… Ceci est important… Les commérages sont la peste d’une communauté; toujours parler en face, toujours. Et si tu n’as pas le courage de parler en face, parle au Supérieur ou au directeur, il t’aidera. Mais ne va pas dans les chambres de tes camarades pour dire du mal! On dit que les commérages sont une affaire de femmes, mais c’est aussi celle des hommes, ça nous concerne nous aussi! Nous jacassons pas mal ! Et cela détruit la communauté.
Écouter les différentes opinions et en discuter, mais bien, en cherchant la vérité, en cherchant l’unité, ça c’est autre chose ! Ça aide la communauté. Mon père spirituel un jour – j’étais étudiant en philosophie; lui était un philosophe, un métaphysicien, mais il était un bon père spirituel –, je suis allé chez lui et lui ai dit que j’étais en colère contre quelqu’un : « Contre celui-ci… »; J’ai dit au père spirituel tout ce que j’avais en moi. Et lui m’a posé une seule question : « Dis-moi, as-tu prié pour lui ? ». C’est tout. Et j’ai dit : « Non ». Et lui est resté en silence. « Nous avons fini », m’a-t-il dit. Prier, prier pour tous les membres de la communauté, mais prier principalement pour ceux avec lesquels j’ai des problèmes ou pour ceux que je n’aime pas, car il est naturel, instinctif, parfois de ne pas aimer quelqu’un. Prier, et le Seigneur fera le reste, mais toujours prier. La prière communautaire. Ces deux choses – sans trop m’étendre – je vous garantis que si vous faites ces deux choses, la communauté ira de l’avant, pourra bien vivre, bien parler, bien discuter, prier ensemble. Deux petites choses : ne pas dire du mal d’autrui et prier pour ceux avec lesquels j’ai des problèmes. Je pourrais en dire plus, mais je crois que cela suffit.
Un séminariste – Bonjour, Saint-Père.....Bonjour.
Je m’appelle Charbel, je suis un séminariste du Liban et j’étudie au Collège Sedes Sapientiae. Avant de poser ma question, je voudrais vous remercier d’être proche de notre peuple au Liban et dans tout le Moyen Orient. Ma question est celle-ci : l’année dernière, vous avez quitté votre terre et votre patrie. Que nous recommandez-vous pour gérer au mieux notre arrivée et notre séjour à Rome ?
Mais c’est diffèrent… votre arrivée à Rome, comparé au transfert de diocèse qu’ils m’ont fait faire : c’est un peu diffèrent, mais c’est bien… Je me souviens de la première fois où j’ai quitté ma terre pour venir étudier ici… D’abord il y a la nouveauté, c’est la nouveauté des choses, et nous devons être patients avec nous-mêmes. Les premiers temps, c’est comme un temps de fiançailles : tout est beau, ah les nouveautés, les choses… mais on ne saurait le reprocher, c’est comme ça ! C’est ce qui arrive à tout le monde, tout le monde vit cela. Et puis, pour en revenir à l’un des piliers, il y a avant tout l’intégration dans la vie de la communauté et dans la vie d’études, directement. Je suis venu pour cela, faire cela. Et puis, chercher un travail pour la fin de semaine, un travail apostolique, c’est important. Ne pas rester fermés et ne pas être dispersés.
Les premiers temps, on est dans une période de nouveautés : « je voudrais faire ceci, aller à ce musée, ou voir ce film, je voudrais faire ceci, cela… ». Mais allez-y, ne vous inquiétez pas, c’est normal. Mais ensuite, il faut agir pour de vrai. Qu’est-ce que je suis venu faire ? Étudier pour de vrai ! Et profiter de toutes les opportunités que nous donne ce séjour. Les nouveautés de l’universalité : connaître des personnes de tant de lieux différents, de tant de pays différents, de tant de cultures différentes; l’opportunité du dialogue entre vous : « Mais c’est comment dans ta patrie ? » et « Comment c’est là-bas ? Et chez moi c’est… »; cet échange fait beaucoup de bien, beaucoup de bien. Je n’en dirai pas plus. Mais n’aie pas peur de cette joie face aux nouveautés : c’est la joie des premières fiançailles, avant que ne commencent les problèmes. Et vas-y ! Ensuite agis pour de vrai !
Source : http://www.zenit.org/fr/articles/tu-ne-t-entends-pas-avec-lui-mais-est-ce-que-tu-pries-pour-luiVoici la deuxième partie de notre traduction des échanges entre les participants et le pape François (cf. Zenit du 15 mai 2014 pour la première partie) :
Dialogue du pape François avec les séminaristes et prêtres :
Un séminariste - Bonjour, Saint-Père. Je suis Daniel Ortiz et je suis mexicain. Ici à Rome j’habite au collège Mater Ecclesiae. Votre Sainteté, dans la fidélité à notre vocation nous avons besoin d’un constant discernement, de vigilance et de discipline personnelle. Vous, comment avez-vous fait, quand vous étiez séminariste, quand vous étiez prêtre, quand vous étiez évêque et maintenant que vous êtes pape ? Et que nous conseillez-vous à ce propos ? Merci.
Merci. Tu as dit le mot « vigilance ». Ça c’est un comportement chrétien : la vigilance. La vigilance sur soi-même : que se passe-t-il dans mon cœur ? Car là où est mon cœur, là est mon trésor. Que s’y passe-t-il ? Les Pères de l'Orient disent que l’on doit savoir reconnaître si notre cœur est agité ou au calme. Première question: vigilance sur ton cœur. Est-il agité ? S’il l’est, impossible de voir ce qu’il y a à l’intérieur. Comme la mer, n’est-ce pas ? On ne voit pas les poissons, quand la mer est comme ça … le premier conseil, quand le cœur est agité – c’est le conseil des pères russes – : aller sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. Rappelez-vous que la première antienne latine est celle-ci: dans les moments d’agitation, chercher refuge sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. C’est l’antienne « Sub tuum presidium confugimus, Sancta Dei Genitrix », la première antienne latine de la Vierge. Curieux, n’est-ce pas ? Veiller. On est agité ? D’abord aller là, et là attendre que revienne un peu le calme : en priant, en se confiant à la Vierge… Certains d’entre vous me diront: « Mais, Père, en cette époque si moderne, où existe la psychiatrie, la psychologie, je crois qu’en ces moments d’agitation il vaudrait mieux aller chez un psychiatre pour qu’il m’aide… ». Je n’écarte pas cela, mais avant tout aller voir la Mère : car un prêtre qui oublie la Mère, et surtout dans les moments d’agitation, il lui manque quelque chose. C’est un prêtre orphelin : il a oublié sa mère ! Et dans les moments difficiles, un enfant va toujours trouver sa mère, toujours. Et nous, dans la vie spirituelle, nous sommes des enfants, ne l’oublie jamais ! Veilleurs sur l’état de son cœur. Un moment d’agitation, aller chercher refuge sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. Les moines russes le disent, et c’est vrai, il en est ainsi. Et puis que faire ? J’essaie de comprendre ce qui se passe, mais toujours en paix. Comprendre en paix. Puis la paix revient et je peux faire la discussio conscientiae.
Quand je suis en paix, que tout est calme : « Que s’est-il passé aujourd’hui dans mon cœur ? ». C’est cela être vigilant. Veiller n’est pas aller à la salle des tortures, non ! C’est regarder le cœur. Nous devons être maîtres de notre cœur. Qu’éprouve mon cœur, que cherche-t-il ? Qu’est-ce qui m’a rendu heureux aujourd’hui et qu’est-ce qui ne m’a pas rendu heureux ? Ne pas finir la journée sans avoir fait cela. Quand j’étais évêque, je demandais aux prêtres: « Dis-moi, comment vas-tu au lit, toi? ». Et eux ne comprenaient pas. « Mais que veut-il dire ? ». « Oui, comment finis-tu ta journée ? ». « Oh, crevé, Père, car il y a tant de travail, la paroisse, tant de travail… Puis je dîne un peu, je mange un morceau et je vais me coucher, je regarde la télévision et me détends un peu… ». « Et tu ne passes pas par le tabernacle, d’abord ? ». Il y a des choses qui nous font voir où est notre cœur. Ne jamais, jamais – c’est cela être vigilant ! – jamais finir la journée sans aller un peu là-bas, devant le Seigneur; regarder et demander : « Que s’est-il passé dans mon cœur ? ». Dans les moments tristes et dans les moments heureux : comment était cette tristesse ? Comment était cette joie ? C’est cela être vigilant. Prendre garde aussi aux dépressions et aux enthousiasmes. « Aujourd’hui je suis déprimé, je ne sais pas ce qui m’arrive ». Veiller : pourquoi suis-je déprimé ? Ne devrais-tu pas aller trouver quelqu’un qui t’aide ?... C’est cela être vigilant. « Oh, je suis joyeux ! ». Mais pourquoi le suis-je, aujourd’hui ? Que s’est-il passé dans mon cœur ? Il ne s’agit pas d’une introspection stérile, non, non ! C'est connaître l’état de mon cœur, ma vie, comment je marche sur le chemin du Seigneur. Car, si l'on n’y prend pas garde, le cœur va partout; et l’imagination suit derrière: « elle galope… »; Et on risque de mal finir. J’aime cette question sur la vigilance. Ce ne sont pas des choses vieillottes, dépassées. Ce sont des choses humaines, et comme toutes les choses humaines, elles sont éternelles. Nous les aurons toujours avec nous. Veiller sur le cœur ! Dans leur sagesse les premiers moines chrétiens enseignaient cela, à veiller sur son cœur.
Puis-je faire une parenthèse ? Pourquoi j’ai parlé de la Vierge ? Je vous conseillerai ce que je vous ai dit auparavant, de chercher refuge… Une belle relation avec la Vierge ; cette relation avec la Vierge nous aide à avoir de bons rapports avec l’Église : toutes les deux sont des Mères… Vous connaissez le beau passage de Saint Isaac, l’abbé de l’Étoile: ce que l’on peut dire de Marie on peut le dire de l’Église et aussi de notre âme. Toutes les trois sont féminines, toutes les trois sont Mères, toutes les trois donnent la vie. Les relations avec la Vierge sont des relations de fils… Veillez à cela : si on n’a pas de bonnes relations avec la Vierge, il y a quelque chose d’orphelin dans mon cœur. Je me souviens, un jour, il y a trente ans, j’étais dans le nord de l’Europe : je devais aller à l’Université de Cordoue, où j’étais à l’époque vice-chancelier. Et une famille de catholiques pratiquants m’a invité; c’était un pays un peu trop sécularisé. Et au dîner, ils avaient beaucoup d’enfants, étaient tous deux des professeurs universitaires, et tous deux catéchistes. A un certain moment, en parlant de Jésus Christ – enthousiastes de Jésus Christ ! il y a trente ans de cela – ils ont dit : « Oui, grâce à Dieu, nous avons dépassé l’étape de la Vierge… ». C’est-à-dire? Ai-je demandé. « Oui, parce que nous avons découvert Jésus Christ, et nous n’en avons plus besoin ». J’étais un peu peiné, je n’ai pas bien compris. Et nous avons parlé un peu de cela. Ce n’est pas être mûr ! Non ça n’est pas être mûr. Oublier la mère est une mauvais chose… Et pour le dire autrement : si tu ne veux pas la Vierge comme Mère, sois bien sûr que tu l’auras comme belle-mère ! Et cela n’est pas bon ! Merci.
Un séminariste - Vive Jésus, vive Marie ! Merci, Saint-Père, pour vos paroles sur la Vierge. Je m’appelle don Ignacio et je viens de Manille, Philippines. Je suis en train de suivre un doctorat en mariologie à la Faculté de Théologie Marianum, et je réside au Collège pontifical philippin. Saint Père ma question est : l’Église a besoin de pasteurs capables de guider, gouverner, communiquer comme nous le demande le monde d’aujourd’hui. Comment apprend-t-on et exerce-t-on la fonction de leadership dans la vie sacerdotale, en assumant le modèle du Christ qui s’est abaissé en assumant la croix, la mort sur la croix, en assumant la condition de serviteur jusqu’à mourir sur la croix? Merci.
Mais ton évêque est un grand communicateur !
C’est le cardinal Tagle…
Le leadership… c'est le cœur de la question… Il y a une seule voie – ensuite je parlerai des pasteurs – mais pour leadership il y a un seul chemin: le service. Il n’y en a pas d’autres. Si tu as beaucoup de qualités – communiquer, etc – mais que tu n’es pas un serviteur, ton leadership tombera, ne sert pas, n’est pas capeler d’appeler. Seulement le service : être au service… Je me souviens d’un père spirituel très bon, les gens allaient tellement le voir qu’il ne pouvait prier tout le bréviaire. Et la nuit il allait voir le Seigneur et disait: « Seigneur, regarde, je n’ai pas fait ta volonté, et la mienne non plus ! J’ai fait celle des autres ! ». Ainsi, tous les deux – le Seigneur et lui – se consolaient. Servir c’est faire tant de fois la volonté des autres. Un prêtre qui travaillait dans un quartier très modeste – très modeste ! – dans une villa miseria, une favela, a dit: « J’aurais besoin de fermer les fenêtres, les portes, toutes, car à un certain moment, ils sont si nombreux à venir me demander telle ou telle chose spirituelle, matérielle, qu’à la fin j’aurais envie de tout fermer. Mais cela n’est pas ce que dit le Seigneur », disait-il. C’est vrai : on ne peut pas guider un peuple sans le servir.
Le service du pasteur. Le pasteur doit toujours être à la disposition de son peuple. Le pasteur doit aider le peuple à grandir, à marcher. Hier, dans la lecture, un verbe à suscité ma curiosité, le verbe « pousser » : le pasteur pousse les brebis pour qu’elles sortent chercher de l’herbe. Cela m’a intrigué: il les fait sortir avec force ! Le ton du texte original est celui-ci: il fait sortir, mais avec force. C’est comme chasser de là: « allez, allez ! ». Le pasteur qui fait grandir son peuple et qui est toujours avec lui. Parfois, le pasteur est obligé de marcher devant, pour indiquer la route ; d’autres fois, au milieu, pour savoir ce qui se passe; tant de fois, derrière, pour aider les derniers mais pour suivre aussi le flair des brebis qui savent où trouver la bonne herbe. Le pasteur… Saint Augustin, en citant Ézéchiel, dit qu’il doit être au service des brebis et souligne deux dangers : le pasteur qui exploite les brebis pour manger, pour faire de l’argent, par intérêt économique, matériel, et le pasteur qui exploite les brebis pour bien s’habiller. La viande et la laine. Saint Augustin le dit. Lisez ce beau sermon De pastoribus. Il faut le lire et le relire. Oui, ce sont les deux péchés des pasteurs: l’argent pour devenir riches. Ils font les choses pour de l’argent – des pasteurs affairistes – et la vanité. Les vaniteux sont ces pasteurs qui se croient à un niveau supérieur, plus haut que leur peuple, détachés… Pensez-y, des pasteurs-princes. Le pasteur affairiste et le pasteur-prince. Ce sont les deux tentations dont parle saint Augustin dans son sermon, en citant ce passage d’Ézéchiel.
C’est vrai, un pasteur qui se cherche, en passant par le chemin de l’argent ou le chemin de la vanité, n’est pas un serviteur, n’a pas de vrai leadership. L’humilité doit être l’arme du pasteur: humble, toujours au service. Il doit rechercher le service. Et cela n’est pas facile d’être humble, non, cela n’est pas facile ! Les moines du désert comparent la vanité à l’oignon: quand tu prends un oignon, tu commences à l’éplucher, tu te sens vaniteux et commences à éplucher la vanité. Et tu y vas, tu y vas, une autre pelure, et une autre, et une autre, une autre, une autre… à la fin tu arrives à… rien. « Ah grâce à Dieu, j’ai épluché mon oignon, j’ai épluché la vanité ». Fais comme ça et tu sentiras l’oignon ! C’est ce que disent les pères du désert. La vanité c’est comme ça. Un jour j’ai entendu un jésuite – un brave homme –, mais il était si vaniteux, si vaniteux… Et nous lui disions tous : « Tu es si vaniteux ! », mais il était si bon que nous lui pardonnions tous. Et il est allé faire des exercices spirituels, et quand il es rentré il nous a dit, à nous dans la communauté: « Quels beaux exercices ! J’ai fait huit jours de Ciel, et je me suis trouvé si vaniteux ! Mais grâce à Dieu, j’ai vaincu toutes les passions ! ». La vanité c’est cela ! Il est si difficile d’enlever au prêtre sa vanité.
Mais le peuple de Dieu te pardonne tant de choses: il te pardonne si tu as glissé, au plan effectif, il te le pardonne. Il te pardonne si tu as glissé avec un peu plus de vin, il te le pardonne. Mais il ne te pardonne pas si tu es un pasteur attaché à l’argent, si tu es un pasteur vaniteux, que tu ne traites pas bien les personnes. Car le vaniteux ne traite pas bien les gens. Argent, vanité et orgueil. Les trois marches qui nous conduisent à tous les péchés. Le peuple de Dieu comprend nos faiblesses, et il les pardonne ; mais ces deux-là, il ne les pardonne pas ! L’attachement à l’argent chez le pasteur, il ne pardonne pas. C’est curieux n’est-ce pas ? Ces deux défauts, nous devons lutter pour ne pas les avoir.
Puis le leadership doit aller avec le service, mais doit être un amour personnel envers les gens. Un jour j’ai entendu un curé qui disait: « Cet homme connaissait le nom de tous les habitants de son quartier, même le nom des chiens! ». C’est beau ! Il était proche, il connaissait chaque personne, connaissait l’histoire de toutes les familles, et il savait tout. Et il aidait. Il était si proche… Proximité, service, humilité, pauvreté et sacrifice. Je me souviens des vieux curés de Buenos Aires, quand il n’y avait pas de téléphone portable, la messagerie; ils dormaient avec le téléphone près d’eux. Personne ne mourait sans les sacrements. On les appelait à n’importe quelle heure: ils se levaient et y allaient. Service, service. Et lorsque j’étais évêque, je souffrais quand j’appelais une paroisse et tombais sur la messagerie… là il n’y a pas de leadership ! Comment peux-tu conduire un peuple si tu ne l’entends pas, si tu n’es pas à son service ? Voilà ce sont les choses qui me viennent à l’esprit… pas dans l’ordre, mais pour répondre à ta question…
Source : http://www.zenit.org/fr/articles/ne-finissez-jamais-la-journee-sans-vous-tourner-vers-dieu
Voici la troisième et dernière partie de la traduction intégrale faite par Océane Le Gall pour Zenit de ce dialogue en italien :
Dialogue entre le pape et les prêtres et séminaristes :
D. – (séminariste)
Bonjour, Saint-Père.
R. – (Pape François)
Bonjour.
D. – Je m’appelle don Serge, je viens du Cameroun. Je suis formé au Collège Saint-Paul-Apôtre. Voici la question: quand nous retournerons dans nos diocèses et communautés, nous serons appelés à de nouvelles responsabilités ministérielles et à de nouvelles tâches de formation. Comment pouvons-nous faire cohabiter de manière équilibrée toutes les dimensions de la vie ministérielle : la prière, les engagements pastoraux, les devoirs de formation sans en négliger aucune ? Merci.
R. – Il y a une question à laquelle je n’ai pas répondu: elle s’est envolée, peut-être - l’inconscient est malhonnête! – et je veux la relier à celle-ci. On m’a demandé: « Comment faites-vous ces choses, vous le pape ? ». La tienne aussi … Je répondrai à la tienne, en racontant, tout simplement, ce que je fais pour ne rien négliger. La prière. Je tâche, le matin, de prier les laudes mais aussi de faire un peu de prière, la lectio divina, avec le Seigneur. Quand je me lève. D’abord je lis les « cifrati », et puis je fais ça. Et puis, je célèbre la messe. Puis le travail commence: un jour le travail est comme ça, un autre jour il est autrement … j’essaie de procéder dans l’ordre. A midi déjeuner, et puis un peu de sieste; après la sieste, à 15h00 – pardonnez-moi – je dis les Vêpres, à 15h00 … Si on ne les dit pas à cette heure-là, on ne les dira plus! Oui et la lecture aussi, l’Office de la lecture du lendemain. Puis le travail de l’après-midi, les choses que je dois faire … Puis je fais un peu d’adoration et je prie le chapelet; dîner et c’est fini. Ça c’est le schéma, Mais parfois je me laisse porter par les exigences, et cela n’est pas prudent : trop de travail, ou croire que si je ne fais pas ça aujourd’hui, je ne le ferai pas demain … l’adoration tombe, la sieste aussi, et ça et ça … Et tombe aussi la vigilance: vous repartirez dans vos diocèse et il vous arrivera ce qui m’arrive à moi : c’est normal. Le travail, la prière, un peu d’espace pour se reposer, sortir, marcher un peu, tout cela est important … mais vous devrez régler en étant vigilant et suivant les conseils... L’idéal est de finir la journée fatigués: c’est l’idéal. Ne pas avoir besoin de prendre des cachets: finir fatigué. Mais avec une bonne fatigue, pas une fatigue imprudente, car cela fait du mal à la santé et ont finit par le payer cher. Je vois le visage de Sandro, qui rit et dit: « Mais vous ne faites pas ça! ». C’est vrai. C’est l’idéal, mais je ne le fais pas toujours, parce que je suis moi aussi un pécheur, et je ne suis pas toujours très ordonné. Mais c’est ce que tu dois faire …
D. – Bonjour Saint-Père, je suis Fernando Rodríguez, un nouveau prêtre du Mexique, j’ai été ordonné il y a un mois, et j’habite au Collège mexicain. Saint-Père, vous nous avez rappelé que l’Eglise a besoin d’une nouvelle évangélisation. Dans Evangelii gaudium, vous vous êtes même arrêté sur la préparation de la prédication, sur l’homélie et sur l’annonce comme forme de dialogue passionné entre un pasteur et son peuple. Pourriez-vous revenir sur cette question de la nouvelle évangélisation ? Et puis, Saint-Père, nous nous demandons aussi comment devrait être un prêtre pour la nouvelle évangélisation. Quel ou quels devraient être ses traits caractéristiques ? Merci.
R. – Quand saint Jean-Paul II parla – je croyais que c’était la première fois, mais après on m’a dit que ça n’était pas la première fois – de nouvelle évangélisation, c’était à Saint-Domingue en 1992. Il a dit que la nouveauté devait être dans la méthodologie, dans l’ardeur, dans le zèle apostolique, et j’ai oublié le troisième... Qui s’en souvient ? L’expression ! Chercher une expression qui s’accorde à l’unicité des temps. Et, pour moi, dans le Document d’Aparecida, cela est très clair.
Ce document d’Aparecida développe bien ceci. Pour moi l’évangélisation demande de sortir de soi-même; demande la dimension du transcendant : le transcendant dans l’adoration de Dieu, dans la contemplation, et le transcendant envers nos frères, envers les gens. Sortir de, sortir de ! Pour moi ceci est le noyau de l’évangélisation. Et sortir cela signifie arriver à, c’est-à-dire être proche. Si tu ne sors pas de toi-même, tu ne seras jamais proche ! La proximité ! Etre proche des gens, être proche de tout le monde, de tous ceux avec qui nous devons être proches. Tous les gens. Sortir. De la proximité ! On ne peut évangéliser sans proximité. Etre proche mais également cordial; une proximité aimante, voire physique; être près de...
Et tu as fait ici le lien avec l’homélie. Le problème des homélies ennuyeuses – pour ainsi dire – le problème des homélies ennuyeuses c’est qu’il n’y a pas de proximité. C’est précisément dans l’homélie que l’on mesure le degré de proximité du pasteur avec son peuple. Si tu parles dans une homélie, disons, 20, 25 ou 30, 40 minutes – je ne suis pas fantaisiste, cela arrive! – et que tu parles de choses abstraites, de vérité de la foi, tu ne fais pas une homélie, tu fais un cours ! C’est bien diffèrent ! Tu n’es pas proche des gens. C’est pourquoi l’homélie est importante : pour calibrer, pour bien connaître la proximité du prêtre. Je crois qu’en général nos homélies ne sont pas bonnes, elles n’entrent pas dans le genre littéraire homilétique: ce sont des conférences, ou des leçons, ou des réflexions. Mais l’homélie – demandez-le aux professeurs de théologie - l’homélie dans la messe, la Parole est Dieu fort, est sacramentelle. Pour Luther elle était presqu’un sacrement: c’était ex opere operato, la Parole prêchée; pour d’autres elle n’est que ex opere operantis. Mais je crois que c’est un peu entre les deux.
La théologie de l’homélie est un peu sacramentelle ou presque. Ce n’est pas comme dire quelques mots sur un thème. C’est autre chose. Cela suppose prière, étude, de connaître les personnes auxquelles tu parleras, cela suppose de la proximité. Sur l’homélie, pour bien faire en termes d’évangélisation, nous devons pas mal avancer, nous sommes en retard. C’est un des points de la conversation dont aujourd’hui l’Eglise a besoin : bien ajuster les homélies pour que les gens comprennent. Et puis, au bout de huit minutes, l’attention s’en va. Une homélie de plus de huit minutes ne va pas. Elle doit être brève, elle doit être forte. Je vous conseille deux livres, de mon époque, mais ils sont bons, qui soulignent cet aspect de l’homélie, ils vous aideront beaucoup. Premièrement, « La théologie de la prédication » d’Hugo Rahner. Pas de Karl mais d’Hugo. Lire du Hugo est facile, Karl est plus difficile. C’est un bijou: « Théologie de la prédication ». Et l’autre c’est un livre du père Domenico Grasso, qui nous introduit à ce qu’est l’homélie. Je crois que le titre est le même: « Théologie de la prédication ». Il vous aidera beaucoup. La proximité, l’homélie …
Il y a autre chose que je voulais dire … Sortir, proximité, l’homélie pour mesurer combien je suis proche du peuple de Dieu. Et puis il y a cette catégorie que j’aime utiliser qui est celle des périphéries. Quand on sort on ne doit pas s’arrêter à mi-chemin, mais aller jusqu’au bout. Certains disent que l’on doit commencer à évangéliser à partir des plus lointains, comme faisait le seigneur. C’est ce qui me vient à l’esprit pour répondre à ta question. Mais ce que j’ai dit sur l’homélie est vrai : pour moi c’est un des problèmes que l’Eglise doit étudier et qu’elle doit changer. Les homélies, les homélies: ça n’est pas donner des cours, ce ne sont pas des conférences, c’est autre chose. J’aime bien quand les prêtres se réunissent deux heures pour préparer l’homélie du dimanche prochain car ça se passe dans un climat de prière, d’étude, d’échange d’opinions. C’est positif, ça fait du bien. La préparer avec un autre, c’est vraiment très bien !
D. – Loué soit Jésus Christ ! Je m’appelle Wojcek, j’habite au Collège pontifical polonais, j’étudie Théologie moral. Saint-Père, le ministère presbytéral au service de notre peuple à l’exemple du Christ et de sa mission, que nous recommandez-vous pour rester ouverts et heureux dans notre service auprès du peuple de Dieu ? Quelles qualités humaines nous conseillez-vous et nous recommandez-vous de cultiver pour être à l’image du Bon Pasteur et vivre ce que vous avez appelé « la mystique de la rencontre » ?
R. – J’ai parlé de choses que l’on doit faire dans la prière, principalement. Mais je prends ton dernier mot pour parler d’une chose, à ajouter à toutes celles que j’ai dites, qui ont été dites et amènent à ta question. Tu as dit « mystique de la rencontre ». La rencontre. La capacité d’entendre, d’être à l’écoute des autres. La capacité de chercher ensemble le chemin, la méthode, tant de choses. C’est cela la rencontre. Et cela signifie aussi ne pas s’affoler, ne pas avoir peur des choses. Le bon pasteur ne doit pas avoir peur. Il sent peut-être une petite crainte au fond de lui, mais il n’a jamais peur. Il sait que le Seigneur l’aide. Rencontrer les personnes dont tu as la charge pastorale ; rencontrer ton évêque. La rencontre avec l’évêque est importante. Il est important aussi que l’évêque se laisse rencontrer. C’est important … car, oui, il arrive d’entendre parfois: « Tu l’as dit à ton évêque ? Oui, j’ai demandé une audience, mais je l’ai demandée il y a quatre mois. J’attends ! ». Non, ça ne va pas. Aller trouver l’évêque et que l’évêque se laisse trouver. Le dialogue.
Mais surtout je voudrais parler d’une chose : de la rencontre entre les prêtres, entre vous. L’amitié sacerdotale : voilà un trésor, un trésor que vous devez cultiver entre vous. L’amitié entre vous. L’amitié sacerdotale. Tous ne peuvent pas être des amis intimes. Mais que c’est beau l’amitié sacerdotale! Quand les prêtres, comme deux frères, trois frères, quatre frères, se connaissent, parlent de leurs problèmes, de leurs joies, de leurs attentes, de tant de choses … l’Amitié sacerdotale. Recherchez cela c’est important. Etre amis. Je crois que cela aide beaucoup à vivre la vie sacerdotale, à vivre la vie spirituelle, la vie apostolique, la vie communautaire, voire aussi la vie intellectuelle: l’amitié sacerdotale. Si je trouvais un prêtre qui me dit: « Je n’ai jamais eu d’ami », je penserais que ce prêtre n’a pas connu une des plus belles joies de la vie sacerdotale, l’amitié sacerdotale. C’est ce que je vous souhaite à tous. Je vous souhaite d’être amis avec ceux que le Seigneur met sur votre chemin pour devenir amis. Je souhaite cela dans la vie. L’amitié sacerdotale est une force de persévérance, de joie apostolique, de courage, mais aussi du sens de l’humour. C’est beau, très beau ! C’est ce que je pense.
Merci pour votre patience ! Et maintenant nous pouvons prier la Vierge, demander la bénédiction …
Regina Caeli…
Source : http://www.zenit.org/fr/articles/l-importance-de-la-rencontre-du-pretre-et-de-son-eveque-que-l-eveque-se-fasse-trouver