On doit s’approcher des nombreux blessés accueillis dans ce grand «
hôpital de campagne symbole de l’Eglise» sans paresse spirituelle et sans formalismes. C’est ce qu’a recommandé le Pape François lors de la Messe célébrée mardi matin, 1er avril, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. Il a également invité les chrétiens à «ne pas vivre sous anesthésie» et à surmonter les tentations «de la résignation, de la tristesse» et la tentation de «ne pas s’en mêler».
«Dans la liturgie d’aujourd’hui — a-t-il expliqué en commentant les lectures — l'eau est le symbole: cette eau qui guérit, cette eau qui apporte la santé».
La «première maladie» est celle qui afflige l'homme paralytique et qui désormais «était comme résigné» et se disait peut-être «à lui-même “la vie est injuste, les autres ont plus de chance que moi!”». Dans sa manière de parler «il y a un adagio lamentoso: il est résigné mais aussi amer». Une attitude, a remarqué le Pape, qui fait également penser aux «nombreux catholiques sans enthousiasme et amers» qui se répètent «à eux-mêmes “je vais à la Messe tous les dimanches, mais il ne vaut mieux pas s’en mêler! J’ai la foi pour mon salut, mais je ne sens pas le besoin de la donner à un autre: chacun chez soi, tranquillement”», aussi parce que si «tu fais quelque chose dans la vie, ensuite on te le reproche: il vaut mieux ne pas prendre de risque!».
C’est précisément «la maladie de la paresse des chrétiens», une «attitude qui est paralysante pour le zèle apostolique» et «qui fait des chrétiens des personnes immobiles, tranquilles, mais pas dans le bon sens du terme: des personnes qui ne se soucient pas de sortir pour apporter l’annonce de l’Evangile. Des personnes anesthésiées». C’est le profil de «chrétiens qui sont au fond tristes», qui aiment savourer la tristesse au point de devenir «des personnes non lumineuses et négatives». Et cela, le Pape a-t-il mis en garde, «est une maladie pour nous chrétiens». Les chrétiens «sans zèle apostolique ne servent pas et ne font pas de bien à l’Eglise». Malheureusement, a dit le Pape, aujourd’hui il y a tant de «chrétiens égoïstes» qui commettent «le péché de la paresse contre le zèle apostolique, contre l’envie d’apporter la nouveauté de Jésus aux autres; cette nouveauté qui m’a été donnée gratuitement».
L'autre péché indiqué aujourd’hui par le Pape est «le formalisme» des juifs. Ils s’en prennent à l’homme que Jésus vient de guérir car il porte sa civière un samedi. Cela ne sert à rien qu’il soit heureux, presque au point «de danser au milieu de la rue» car il est finalement libre «de la maladie physique et aussi de cette paresse, de cette tristesse». La réplique des juifs est sèche: «Ici les choses sont ainsi, on doit faire cela!». Ils étaient «intéressés uniquement par les formalités: c’était samedi et on ne peut pas faire de miracles le samedi! La grâce de Dieu ne peut pas travailler le samedi!». C’est la même attitude que celle des «chrétiens hypocrites qui ne laissent pas place à la grâce de Dieu». Si bien que pour «ces personnes la vie chrétienne signifie avoir tous les documents en règle, tous les certificats!». Mais en faisant ainsi «ils ferment la porte à la grâce de Dieu». Et, il a ajouté, «ils sont si nombreux dans l’Eglise!».
Voilà donc les deux péchés :
«Ce sont des tentations que nous éprouvons nous aussi et que nous devons connaître pour nous défendre». Et «devant ces deux tentations» dans cet «hôpital de campagne, symbole de l’Eglise d’aujourd’hui, avec tant de personnes blessée», Jésus ne cède assurément pas à la paresse ni au formalisme. Mais «il s’approche de cet homme et lui dit: “tu veux guérir?”». A l’homme qui répond seulement oui, «il donne la grâce et s’en va». Ensuite, raconte l’Evangile, lorsque peu après il rencontre à nouveau cet homme dans le temple, il lui adresse encore la parole pour lui dire «“voilà, tu es guéri, ne pèche plus!”». Ce sont, a affirmé le Pape, «les deux paroles chrétiennes: “tu veux guérir?” — “Ne pèche plus!”».