Dans un message adressé au directeur général de la FAO, Qu Dongyu, à l'occasion de la 44e Journée mondiale de l'alimentation célébrée ce 16 octobre 2024, François demande que les principes de subsidiarité et de solidarité soient considérés comme le fondement des programmes de développement, en accordant la priorité aux besoins des travailleurs, des agriculteurs, des pauvres et de ceux qui ont faim.
Message du Saint-Père pour
la Journée mondiale de l'alimentation 2024 :
À Son Excellence MonsieurQU DONGYU
Directeur Général de la FAO,
Monsieur le Directeur Général,
La 44e Journée Mondiale de l'Alimentation nous invite à réfléchir sur le droit à la nourriture pour une vie et un avenir meilleurs. Cela est prioritaire, car cela répond à l’un des besoins fondamentaux de l’être humain, à savoir se nourrir pour vivre selon des standards qualitatifs et quantitatifs adéquats, garantissant une existence digne de la personne humaine. Cependant, nous constatons souvent que ce droit est bafoué et inégalement appliqué, avec toutes les conséquences néfastes qui en découlent.
Dans l’intérêt de promouvoir le droit à la nourriture, la FAO propose de considérer de manière adéquate une transformation des systèmes alimentaires qui prenne en compte la pluralité et la diversité des aliments nutritifs, accessibles, sains et durables, comme moyen d'atteindre la sécurité alimentaire et une alimentation saine pour tous.
Il est donc important de ne pas oublier la dimension intrinsèque, sociale et culturelle de l'acte de se nourrir. À cet égard, les responsables politiques et économiques au niveau international doivent écouter les demandes de ceux qui se trouvent à la base de la chaîne alimentaire, comme les petits agriculteurs et les groupes sociaux intermédiaires, tels que les familles, qui sont directement impliqués dans l’alimentation des personnes.
Les solutions vigoureuses nécessaires pour aborder et résoudre le problème alimentaire de notre époque exigent que nous prenions en compte les principes de subsidiarité et de solidarité comme fondements de nos programmes et projets de développement, afin de ne pas ignorer les besoins de ceux qui viennent d’en bas, des travailleurs et des agriculteurs, des pauvres et des affamés, et de ceux qui vivent dans des conditions précaires dans les zones rurales isolées. Jésus-Christ nous a enseigné : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous aussi pour eux : c’est là la Loi et les Prophètes » (Mt 7,12).
L'humanité, blessée par tant d'injustices, réclame d'urgence des mesures efficaces pour mener une vie meilleure, en agissant ensemble, animés par le même esprit de fraternité, en sachant que cette planète que Dieu nous a donnée doit être un jardin ouvert à une coexistence sereine.
C’est à cela que je pensais lorsque j'ai proposé de considérer le paradigme de l’écologie intégrale, afin de tenir compte des besoins de chaque homme et de tous les hommes, de protéger leur dignité dans leurs relations avec les autres et en étroite connexion avec le soin de la création. Ce n’est qu’en prenant l'idéal de la justice comme guide de notre action que nous pourrons satisfaire les besoins des personnes.
Cela exige aussi que nous nous laissions interpeller et émouvoir par la condition de l’autre, et que la solidarité devienne le principe de nos décisions. De cette manière, la protection des générations futures ira de pair avec l’écoute et l’action en faveur des demandes des générations actuelles, à travers une alliance intergénérationnelle qui appelle chacun à la fraternité et donne un sens nouveau et plus authentique à la coopération internationale, une coopération qui doit animer cette Organisation et l’ensemble du système multilatéral.
Sur ce chemin, plein d'obstacles et de difficultés, mais en même temps enthousiasmant et riche de défis, la Communauté internationale pourra compter sur l'encouragement du Saint-Siège et de l'Église catholique, qui ne cessent jamais d'apporter leur contribution tenace afin que tous aient une nourriture en quantité et qualité adéquates pour eux-mêmes et pour leurs familles, afin que chaque personne puisse mener une vie digne et que le douloureux fléau de la misère et de la faim dans le monde soit définitivement vaincu.
Avec ces sentiments et ces désirs, j'invoque sur vous tous, et sur ceux qui travaillent pour cette noble cause, la bénédiction de Dieu Tout-Puissant, qui ne se lasse jamais de soutenir ceux qui ont à cœur le bien de toute l'humanité.
François
(L'Osservatore Romano, Édition Quotidienne, Année CLXIV n. 235, mercredi 15 octobre 2024, p. 5.)