Admin Admin
Messages : 5949 Date d'inscription : 17/03/2013
| Sujet: L’étreinte de la charité, dénominateur commun de la vie associative Jeu 25 Avr 2024 - 22:08 | |
| À l’appel de l’Action catholique italienne, 60 000 personnes se sont réunies place Saint-Pierre à Rome ce jeudi 25 avril 2024, pour une rencontre avec le Pape François. Dans son discours, il a insisté sur l’importance de garder les bras ouverts pour accueillir toute personne, à l’image de l’étreinte du Père qui sauve.
Rencontre avec l'Action catholique italienne « A braccia aperte » :
Chers amis de l'Action Catholique, bonjour et bienvenue !
Merci pour votre présence. Je vous salue avec affection, en particulier le Président national et l'Assistant général. Tout à l'heure, en passant parmi vous, j'ai croisé des regards pleins de joie, pleins d'espoir. Merci pour cet étreinte si intense et belle, qui de ici veut s'étendre à toute l'humanité, surtout à ceux qui souffrent. Nous ne devons jamais oublier les personnes qui souffrent.
Le titre que vous avez choisi pour votre rencontre est en effet "À bras ouverts". L'étreinte est l'une des expressions les plus spontanées de l'expérience humaine. La vie de l'homme commence avec une étreinte, celle des parents, premier geste d'accueil, suivi de nombreux autres, qui donnent sens et valeur aux jours et aux années, jusqu'au dernier, celui de l'adieu à la vie terrestre. Et surtout, elle est enveloppée par le grand étreinte de Dieu, qui nous aime, qui nous aime le premier et ne cesse jamais de nous serrer contre lui, surtout lorsque nous revenons après nous être perdus, comme le montre la parabole du Père miséricordieux (cf. Lc 15,1-3.11-32). Que serait notre vie, et comment pourrait se réaliser la mission de l'Église sans ces étreintes ? Ainsi, je voudrais vous proposer, comme points de réflexion, trois types d'étreinte : l'étreinte qui manque, l'étreinte qui sauve et l'étreinte qui change la vie.
Premièrement : l'étreinte qui manque. L'élan que vous exprimez aujourd'hui de manière si joyeuse n'est pas toujours bien accueilli dans notre monde : parfois il rencontre des fermetures, parfois il rencontre des résistances, faisant que les bras se raidissent et les mains se serrent de manière menaçante, devenant non plus des véhicules de fraternité, mais de rejet, de confrontation, parfois même violente, un signe de méfiance envers les autres, proches et lointains, jusqu'à conduire au conflit. Quand l'étreinte se transforme en un poing, c'est très dangereux. À l'origine des guerres, il y a souvent des étreintes manquées ou refusées, suivies de préjugés, d'incompréhensions, de soupçons, jusqu'à voir l'autre comme un ennemi. Et tout cela, malheureusement, est sous nos yeux, dans trop de parties du monde ! Avec votre présence et votre travail, en revanche, vous pouvez témoigner à tous que la voie de l'étreinte est la voie de la vie.
Cela nous amène au deuxième point. Le premier était l'étreinte qui manque, maintenant voyons l'étreinte qui sauve. Déjà humainement, s'étreindre signifie exprimer des valeurs positives et fondamentales comme l'affection, l'estime, la confiance, l'encouragement, la réconciliation. Mais cela devient encore plus vital quand on le vit dans la dimension de la foi. Au centre de notre existence, en effet, il y a justement l'étreinte miséricordieuse de Dieu qui sauve, l'étreinte du Père bon qui s'est révélé en Christ, et dont le visage est reflété dans chaque geste – de pardon, de guérison, de libération, de service (cf. Jn 13,1-15) – et dont la révélation atteint son apogée dans l'Eucharistie et sur la Croix, quand Christ offre sa vie pour le salut du monde, pour le bien de quiconque l'accueille avec un cœur sincère, pardonnant même à ses crucificateurs (cf. Lc 23,34). Et tout cela nous est montré pour que nous apprenions à faire de même. Alors, ne perdons jamais de vue l'étreinte du Père qui sauve, paradigme de la vie et cœur de l'Évangile, modèle de la radicalité de l'amour, qui se nourrit et s'inspire du don gratuit et toujours surabondant de Dieu (cf. Mt 5,44-48). Frères et sœurs, laissons-nous étreindre par lui, comme des enfants (cf. Mt 18,2-3; Mc 10,13-16), laissons-nous étreindre par lui comme des enfants. Chacun de nous a dans le cœur quelque chose d'enfant qui a besoin d'une étreinte. Laissons-nous étreindre par le Seigneur. Ainsi, dans l'étreinte du Seigneur, apprenons à étreindre les autres.
Passons au troisième point. Premier, l'étreinte qui manque ; deuxième, l'étreinte qui sauve ; troisième, l'étreinte qui change la vie. Une étreinte peut changer la vie, montrer de nouvelles voies, des voies d'espoir. Il y a beaucoup de saints dans l'existence desquels une étreinte a marqué un tournant décisif, comme Saint François, qui a tout laissé pour suivre le Seigneur après avoir étreint un lépreux, comme il le rappelle lui-même dans son testament (cf. FF 110, 1407-1408). Et si cela a été valable pour eux, cela l'est aussi pour nous. Par exemple pour votre vie associative, qui est multiforme et trouve son dénominateur commun précisément dans l'étreinte de la charité (cf. Col 3,14; Rm 13,10), unique signe essentiel des disciples du Christ (cf. Lumen gentium, 42), règle, forme et fin de chaque moyen de sanctification et d'apostolat. Laissez-la donc modeler chacun de vos efforts et services, afin que vous puissiez vivre fidèles à votre vocation et à votre histoire (cf. Discours à l'Action Catholique, 30 avril 2017).
Amis, vous serez d'autant plus la présence du Christ que vous saurez étreindre et soutenir chaque frère nécessiteux avec des bras miséricordieux et compatissants, en tant que laïcs engagés dans les vicissitudes du monde et de l'histoire, riches d'une grande tradition, formés et compétents dans ce qui concerne vos responsabilités, et en même temps humbles et ardents dans la vie de l'esprit. Ainsi, vous pourrez poser des signes concrets de changement selon l'Évangile au niveau social, culturel, politique et économique dans les contextes où vous opérez.
Alors, frères et sœurs, la "culture de l'étreinte", à travers vos parcours personnels et communautaires, grandira dans l'Église et dans la société, renouvelant les relations familiales et éducatives, renouvelant les processus de réconciliation et de justice, renouvelant les efforts de communion et de corresponsabilité, construisant des liens pour un avenir de paix (cf. Discours au Conseil National de l'Action Catholique Italienne, 30 avril 2021).
Et à ce sujet, je voudrais ajouter une dernière pensée. Vous voir tous ici ensemble – enfants, familles, hommes et femmes, étudiants, travailleurs, jeunes, adultes et "adultissimes" (comme vous appelez ceux de ma génération) – me fait penser au Synode. Et je pense au Synode en cours, qui atteint sa troisième étape, la plus exigeante et importante, celle prophétique. Il s'agit maintenant de traduire le travail des phases précédentes en choix qui donnent élan et vie nouvelle à la mission de l'Église de notre temps. Mais la chose la plus importante de ce Synode est la synodalité. Les sujets, les thèmes, sont pour faire avancer cette expression de l'Église, qui est la synodalité. Pour cela, il y a besoin d'hommes et de femmes synodaux, capables de dialoguer, de discuter, de chercher ensemble. Il y a besoin de gens forgés par l'Esprit, de "pèlerins d'espoir", comme le dit le thème du Jubilé maintenant proche, hommes et femmes capables de tracer et de parcourir des chemins nouveaux et exigeants. Je vous invite donc à être "athlètes et porte-drapeaux de synodalité" (cf. ibid.), dans les diocèses et les paroisses dont vous faites partie, pour une pleine réalisation du chemin fait jusqu'à aujourd'hui.
Ces derniers mois, vous avez vécu, dans vos communautés, des moments d'intense expérience associative, avec le renouvellement des responsables au niveau diocésain et paroissial, et ce soir commencera la XVIIIe Assemblée nationale. Je vous souhaite de vivre aussi ces expériences non comme des accomplissements formels, non, mais comme des moments de communion, des moments de corresponsabilité, des moments ecclésiaux, où vous contaminez mutuellement avec des étreintes d'affection et d'estime fraternelle (cf. Rm 12,10).
Très chers, merci pour ce que vous êtes, merci pour ce que vous faites ! Que la Vierge vous accompagne toujours. Je prie pour vous. Et je vous recommande, n'oubliez pas de prier pour moi, en faveur, non contre ! Merci. -------------------------------------- Source : www.vatican.va | |
|