Le Jubilé 2025, source d’espérance

Les participants à la plénière du dicastère pour l’Évangélisation ont été reçus par le Pape François ce vendredi matin 15 mars 2024. Le Saint-Père les a invités à ne pas se laisser décourager par la montée du sécularisme, mais à saisir ce moment pour aider «les jeunes générations à retrouver le sens de la vie».


Chers frères et sœurs !

Je suis heureux d'accueillir parmi vous les Supérieurs, les membres et les consulteurs du Dicastère pour l'Évangélisation - Section pour les questions fondamentales dans le monde, réunis en assemblée plénière. C'est un moment important pour l'échange que soulèvent les problèmes de l'évangélisation, surtout lorsque le regard se tourne vers les différentes régions du monde, si différentes les unes des autres par leur culture et leur tradition.

La première pensée va à la situation dans laquelle se trouvent diverses Églises locales où le sécularisme des décennies passées a créé d'énormes difficultés : de la perte du sens d'appartenance à la communauté chrétienne à l'indifférence concernant la foi et son contenu. Ce sont de sérieux problèmes auxquels de nombreux frères doivent faire face chaque jour, mais il ne faut pas perdre courage. Le sécularisme a été étudié et des avalanches de pages ont été écrites à ce sujet. Nous connaissons les effets négatifs qu'il a produits, mais c'est le moment propice pour comprendre quelle réponse efficace nous sommes appelés à donner aux jeunes générations afin qu'elles puissent retrouver le sens de la vie. L'appel à l'autonomie de la personne, avancé comme l'une des prétentions du sécularisme, ne peut être théorisé comme une indépendance envers Dieu, car c'est Dieu lui-même qui garantit la liberté de l'action personnelle. Et en ce qui concerne la nouvelle culture numérique, qui présente de nombreux aspects intéressants pour le progrès de l'humanité - pensons à la médecine et à la sauvegarde de la création -, elle apporte également une vision de l'homme qui semble problématique au regard de l'exigence de vérité qui réside en chaque personne, unie à l'exigence de liberté dans les relations interpersonnelles et sociales.

Ainsi, le grand problème qui se dresse devant nous est de comprendre comment surmonter la rupture qui s'est produite dans la transmission de la foi. À cette fin, il est urgent de rétablir une relation efficace avec les familles et les centres de formation. La foi dans le Seigneur ressuscité, qui est le cœur de l'évangélisation, pour être transmise, requiert une expérience significative vécue en famille et dans la communauté chrétienne comme une rencontre avec Jésus-Christ qui transforme la vie. Sans cette rencontre, réelle et existentielle, on sera toujours tenté de faire de la foi une théorie et non un témoignage de vie.

Toujours concernant la question prioritaire de la transmission de la foi, je vous remercie pour le service que vous rendez dans le domaine de la catéchèse. Et vous le faites également en utilisant le nouveau Directoire, que vous avez élaboré en 2020. C'est un outil valable et efficace, non seulement pour le renouvellement de la méthodologie catéchétique, mais je dirais surtout pour l'implication de la communauté chrétienne dans son ensemble. Dans cette mission, un rôle spécifique est confié à ceux qui ont reçu et recevront le ministère de Catéchiste, pour être renforcés dans leur engagement au service de l'évangélisation. J'espère que les évêques sauront alimenter et accompagner les vocations à ce ministère, surtout parmi les jeunes, pour permettre de réduire l'écart entre les générations et que la transmission de la foi n'apparaisse pas comme une tâche confiée seulement aux personnes âgées. En ce sens, je vous encourage à trouver les moyens pour que le Catéchisme de l'Église catholique puisse continuer à être connu, étudié, valorisé, afin d'en tirer les réponses aux nouvelles exigences qui se manifestent avec le passage des décennies.

Un second thème que je tiens à partager avec vous est la spiritualité de la miséricorde, comme contenu fondamental dans l'œuvre d'évangélisation. La miséricorde de Dieu ne fait jamais défaut et nous sommes appelés à en témoigner et à la faire, pour ainsi dire, circuler dans les veines du corps de l'Église. Dieu est miséricorde : ce message éternel a été relancé avec force et de nouvelles modalités par Saint Jean-Paul II pour l'Église et l'humanité au début du troisième millénaire. La pastorale des Sanctuaires, qui est de votre compétence, doit être imprégnée de miséricorde, afin que ceux qui arrivent dans ces lieux puissent y trouver des oasis de paix et de sérénité. Les Missionnaires de la miséricorde, par leur généreux service au Sacrement de la Réconciliation, offrent un témoignage qui devrait aider tous les prêtres à redécouvrir la grâce et la joie d'être ministres d'un Dieu qui pardonne toujours et sans limites. Ministres d'un Dieu qui non seulement attend mais va à la rencontre, va à la recherche, parce qu'Il est le Père miséricordieux, non le maître, Il est le bon Pasteur, non le mercenaire, et Il est rempli de joie quand Il peut accueillir une personne qui revient, ou bien qu'Il retrouve alors qu'elle errait dans ses labyrinthes (cf. Jn 10 ; Lc 15). Quand l'évangélisation est accomplie avec l'onction et le style de la miséricorde, elle trouve une plus grande écoute, et le cœur s'ouvre avec plus de disponibilité à la conversion. On est en effet touché par ce dont on a le plus besoin, c'est-à-dire l'amour pur, gratuit, qui est source de vie nouvelle.

Le troisième thème que je souhaite vous proposer est la préparation au Jubilé Ordinaire de l'année prochaine. Ce sera un Jubilé dans lequel devra émerger la force de l'espérance. Dans quelques semaines, je rendrai publique la Lettre Apostolique pour son annonce officielle : j'espère que ces pages pourront aider beaucoup de personnes à réfléchir et surtout à vivre concrètement l'espérance. Cette vertu théologale a été vue poétiquement comme la "petite sœur" au milieu des deux autres, la foi et la charité, mais sans laquelle ces deux dernières ne vont pas de l'avant, n'expriment pas au mieux ce qu'elles sont. Le peuple saint de Dieu en a tant besoin ! Je connais le grand engagement que le Dicastère met quotidiennement dans l'organisation du prochain Jubilé. Je vous remercie et je suis certain que tant d'efforts porteront leurs fruits. L'accueil des pèlerins, cependant, doit s'exprimer, au-delà des œuvres structurelles et culturelles nécessaires, dans la possibilité de leur faire vivre l'expérience de la foi, de la conversion et du pardon, en rencontrant une communauté vivante qui en témoigne avec joie et conviction.

Et n'oublions pas que cette année qui précède le Jubilé est dédiée à la prière. Nous avons besoin de redécouvrir la prière comme une expérience de demeurer en la présence du Seigneur, de nous sentir compris, accueillis et aimés par Lui. Comme Jésus nous l'a enseigné, il ne s'agit pas de multiplier nos paroles mais plutôt de faire place au silence pour écouter sa Parole et l'accueillir dans notre vie (cf. Mt 6, 5-9). Commençons nous-mêmes, frères et sœurs, à prier davantage, à mieux prier, à l'école de Marie et des saints et saintes.

Je vous remercie pour votre travail de ces jours-ci et pour votre service à l'Église. Je vous bénis de tout cœur et je prie pour vous. Et vous aussi, s'il vous plaît, priez pour moi. Merci !

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