Cuba: François encourage un climat de dialogue et de fraternité

La cinquième conférence internationale "Pour l'équilibre du monde" s'est ouverte ce mardi 24 janvier 2022, à La Havane. Dans un message envoyé aux participants, François rappelle l’urgence de «construire des ponts» face à de multiples crises.


Chers délégués,

Une année de plus, ils se réunissent à cette Conférence pour commémorer la naissance de José Martí, présentant sa figure comme un aiguillon pour éveiller les consciences de ceux qui dans le monde sont appelés à créer un climat de dialogue et de fraternité qui puisse impulser des changements significatifs dans les circonstances sociales et politiques actuelles.

Ces circonstances, comme je l'ai dit dans mon dernier discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, sont alarmantes et doivent susciter en nous un intérêt pour ce changement de cap. Pour ce faire, je considère cependant qu'il est important que notre regard ne se concentre pas tant sur ce que chacun de nous, avec la meilleure des intentions, pourrait proposer, mais sur l'absolue nécessité de s'asseoir et d'écouter les autres. Il est urgent de construire des ponts qui puissent nous aider à trouver ensemble des solutions viables qui n'excluent personne. Tout cela depuis le dialogue et avec l'horizon large de la fraternité universelle (cf. Lettre enc. Fratelli tutti, 142).

J'ai été choqué de relire quelques mots de José Martí sur la tombe du vénérable Félix Varela, qui peuvent être significatifs dans ce contexte. Martí admire de Varela certainement son amour pour sa terre et sa galanterie dans la dénonciation de ce qu'il considère comme incompatible avec le bien social — "il dit sans crainte ce qu'il a vu" —, mais, en même temps, il souligne sa douceur, vertu essentielle du dirigeant, qui doit guider le dialogue social et politique : "sans s'énerver ou se hâter", en ayant le "juste respect" pour notre interlocuteur pour pouvoir parvenir à une solution concertée (cf. Devant la tombe du Père Varela, en Patrie, 6 août 1892).

Il s'agit donc de regarder vers le passé, de ne pas renier nos racines, qui nous conduisent à apprendre de nos aînés, de la foi qui les a déplacés, de la cohérence de vie que cette foi leur a imposée, de ce don au peuple qui n'est autre que le mandat du Seigneur de nous aimer comme Il nous a aimés (cf. Jn 13,34-35). À partir de ces racines, Martí affirme comment la figure du Père Varela est capable de susciter des volontés pour un effort commun.

Dans cet écrit, il est question de rendre hommage au Père Varela en lui construisant un monument. C'est une attitude louable, mais au-delà de la donnée historique, il serait bon que nous réfléchissions aussi à savoir si effectivement ces modèles sont utilisés comme exemple de valeurs ou plutôt bannière d'intérêts.

Chers délégués, dans le Message pour la Journée Mondiale de la Paix de cette année, je reprenais cette idée cruciale : pendant la pandémie, de nombreux héros ont fait preuve de la foi, de l'espérance, du don généreux qui naît de l'amour de Dieu imprimé dans la nature de chaque homme (cf. Gn 1,26.27). Ils nous demandent, comme les proches qui les appellent aujourd'hui, "de remettre la parole "ensemble" au centre ; en effet, c'est ensemble, dans la fraternité et la solidarité, que nous pouvons construire la paix, garantir la justice et surmonter les événements les plus douloureux" (n. 3). C'est la clé pour retrouver l'équilibre qui donne son nom à votre rencontre, car ce n'est qu'ensemble que nous pourrons affronter les diverses crises morales, sociales, politiques et économiques que nous subissons et qui sont toutes interconnectées (cf. n. 5).

Que ces désirs puissent les aider dans les travaux qu'ils entreprennent pour le bien de tous les hommes.

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