La charité, l'unique remède aux défis contemporains

Le Pape François a reçu une dizaine de sœurs du Service Social, société de vie apostolique féminine de droit pontifical dont le but particulier est l'aide sociale, ce vendredi 20 janvier 2023. Dans son salut, à l’occasion de leur centenaire d’existence, le Pape a loué le charisme de leur fondatrice, une hongroise, Marguerite Slachta.


Chère Mère générale,
Chères Sœurs du service social,

La célébration du centenaire de votre fondation nous réunit aujourd'hui. C'est sans aucun doute un événement très spécial pour vous et, pour cette raison, vous avez voulu le célébrer près du tombeau de l'apôtre Pierre. Je tiens à vous assurer que c'est également vrai pour l'Église, car chaque charisme est un don de Dieu à son don qui, par l'Esprit Saint, lui accorde les grâces dont elle a le plus besoin à chaque moment de l'histoire.

C'est là que réside le mystère, car les dons que nous recevons des gens et tout ce que nous sommes capables d'apporter avec nos propres forces vieillit et se gâte. Cependant, les dons de l'Esprit ont toujours une vie nouvelle, et dans toutes les circonstances de temps et d'endroit, ils sont régénérés et réinventés tout en étant fidèles à leurs racines.

De cette façon, nous pouvons voir que le charisme reçu il y a cent ans par votre Fondatrice, Margaret Slachta, a été appliqué au fil du temps et à travers l'enseignement social de l'Église à différentes situations politiques et sociales, jusqu’à nos jours. Je suis impressionné que votre Fondatrice ait été activement engagée dans les questions sociétales, même en vivant la vie consacrée. Ce qui est particulièrement inspirant, c'est sa déclaration pendant l'Holocauste selon laquelle les préceptes de la foi obligeaient les sœurs à protéger les Juifs, même au risque de leur propre vie.

C'est une vérité que nous avons du mal à admettre : de nombreux martyrs sont morts pour la foi, non pas parce qu'on leur a refusé la liberté d'adorer leur Dieu, mais à cause de la cohérence de vie que cette foi leur a imposée, ce qui en fait une défense de la liberté, de la justice et de la vérité. Cela peut paraître surprenant, mais la première preuve en est le martyre de Saint Jean-Baptiste. Le prophète est mort pour avoir réprimandé le tyran parce qu'il ne vivait pas selon la loi divine et pour avoir invité le peuple à renoncer au système pervers qui l'éloignait de la volonté de Dieu. Ce faisant, il fut un témoin - un martyr - de la Vérité avec une lettre majuscule.

Les circonstances présentes au début du siècle dernier, avec les changements sociaux qui ont cédé la place aux guerres mondiales, furent des moments cruciaux dans lesquels Dieu a inspiré la naissance de votre Société. Notre heure actuelle n'est pas différente et aujourd'hui, comme par le passé, l'appel à témoigner est toujours nécessaire. Comme ce serait bien si les mots de Margaret résonnaient dans vos cœurs avec la même intensité qu'ils ont sûrement résonné dans les premières sœurs de votre communauté. Ils sont une source d'inspiration pour vous, vous apprenant à faire face aux défis sociaux, comme ces sœurs l'ont fait contre le nazisme, avec seulement l'arme de la charité.

Chères sœurs, votre Fondatrice, l'Église, le Saint-Esprit nous interpellent en répétant toujours la même vérité qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour les autres. La charité sociale, dont j'ai parlé dans l'encyclique Fratelli tutti, et qui imprègne les écrits de Margaret Slachta, est la preuve de cette éternelle nouveauté. Que Dieu nous donne la force d'être témoins de cet amour, de cette vérité et de cette justice, en vivant la vocation à laquelle il nous a appelés. Nous demandons tout cela par l'intercession de la bienheureuse Sára Salkaházi. Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge veille sur vous !

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