Le Pape François a conclu, ce mercredi 3 janvier 2023, son cycle de catéchèses dédié au discernement, en abordant le sujet de l’accompagnement spirituel. Être accompagné par une personne de confiance sur son chemin de foi est une aide précieuse, a expliqué François, à condition de respecter quelques règles.
Catéchèse sur le discernement -
14. L’accompagnement spirituel :
Chers frères et soeurs, bonjour !
Avant de commencer cette catéchèse, je voudrais que nous nous joignions à ceux qui, à côté, rendent hommage à Benoît XVI et que je lui adresse ma pensée, qui a été un grand maître de catéchèse. Sa pensée aiguë et courtoise n'a pas été autoréférentielle, mais ecclésiale, parce qu'elle a toujours voulu nous accompagner à la rencontre avec Jésus. Jésus, le Crucifié ressuscité, le Vivant et le Seigneur, a été la destination à laquelle le Pape Benoît nous a conduits, nous prenant par la main. Aidez-nous à redécouvrir en Christ la joie de croire et l'espérance de vivre.
Avec cette catéchèse d'aujourd'hui, nous terminons le cycle consacré au thème du discernement, et nous le faisons en complétant le discours sur les aides qui peuvent et doivent le soutenir : soutenir le processus de discernement. L'un d'eux est l'accompagnement spirituel, important avant tout pour la connaissance de soi, que nous avons vu être une condition indispensable pour le discernement. Se regarder dans le miroir, seul, n'aide pas toujours, car on peut altérer l'image. Au lieu de cela, se regarder dans le miroir avec l'aide d'un autre, cela aide beaucoup parce que l'autre vous dit la vérité - quand c'est vrai - et cela vous aide.
La grâce de Dieu en nous travaille toujours sur notre nature. En pensant à une parabole évangélique, la grâce peut être comparée à la bonne graine et la nature au sol (cf. Mc 4,3-9). Il est important d'abord de se faire connaître, sans craindre de partager les aspects les plus fragiles, où nous nous découvrons plus sensibles, faibles ou craintifs d'être jugés. Se faire connaître, se manifester à une personne qui nous accompagne sur le chemin de la vie. Non pas qu'il décide pour nous, non, mais qu'il nous accompagne. Parce que la fragilité est, en réalité, notre vraie richesse : nous sommes riches en fragilité, tous ; la vraie richesse, que nous devons apprendre à respecter et à accueillir, parce que, quand elle est offerte à Dieu, elle nous rend capables de tendresse, de miséricorde et d'amour. Malheur à ceux qui ne se sentent pas fragiles: ils sont durs, dictatoriaux. Au lieu de cela, les personnes qui reconnaissent humblement leurs propres fragilités sont plus compréhensives avec les autres. La fragilité - je peux le dire - fait de nous des humains. Ce n'est pas par hasard que la première des trois tentations de Jésus dans le désert - celle liée à la faim - cherche à nous voler la fragilité, en la présentant comme un mal dont se débarrasser, un empêchement d'être comme Dieu. Et au contraire, c'est notre trésor le plus précieux : en effet, Dieu, pour nous rendre semblables à Lui, a voulu partager jusqu'au bout notre propre fragilité. Regardons le crucifix : Dieu qui est descendu juste à la fragilité. Regardons la crèche qui arrive dans une grande fragilité humaine. Il a partagé notre fragilité.
Et l'accompagnement spirituel, s'il est docile à l'Esprit Saint, aide à démasquer des malentendus aussi graves dans la considération de nous-mêmes et dans la relation avec le Seigneur. L'Évangile présente plusieurs exemples de colloques éclairants et libérateurs faits par Jésus. Pensons, par exemple, à ceux avec la Samaritaine, que nous le lisons, que nous le lisons, et il y a toujours cette sagesse et cette tendresse de Jésus ; pensons à celui avec Zachée, pensons à la femme pécheresse, pensons à Nicodème et aux disciples d'Emmaüs : la façon de s'approcher du Seigneur. Les personnes qui ont une vraie rencontre avec Jésus n'ont pas peur de lui ouvrir le coeur, de présenter leur propre vulnérabilité, leur propre inadéquation, leur propre fragilité. De cette façon, leur partage de soi devient une expérience de salut, de pardon accueilli gratuitement.
Raconter à un autre ce que nous avons vécu ou que nous cherchons aide à faire la clarté en nous-mêmes, en mettant en lumière les nombreuses pensées qui nous habitent, et qui nous inquiètent souvent avec leurs refrains insistants. Combien de fois, dans les moments sombres, nous avons des pensées comme ça : "J'ai tout faux, je ne vaux rien, personne ne me comprend, je ne m'en sortirai jamais, je suis voué à l'échec", combien de fois est-il venu à nous penser ces choses. Des pensées fausses et vénéneuses, que la comparaison avec l'autre aide à démasquer, afin que nous puissions nous sentir aimés et estimés par le Seigneur pour comment nous sommes, capables de faire de bonnes choses pour Lui. Nous découvrons avec surprise différentes façons de voir les choses, des signes de bien toujours présents en nous. C'est vrai, nous pouvons partager nos fragilités avec l'autre, avec ce qui nous accompagne dans la vie, dans la vie spirituelle, le maître de vie spirituelle, que ce soit un laïc, un prêtre et dire : "Regarde ce qui m'arrive : je suis un malheureux, ces choses m'arrivent". Et celui qui l'accompagne répond : "Oui, nous en avons tous". Cela nous aide à bien les éclairer et à voir d'où viennent les racines et ainsi les surmonter.
Celui ou celle qui accompagne - l'accompagnateur ou l'accompagnatrice - ne se substitue pas au Seigneur, ne fait pas le travail à la place de la personne accompagnée, mais marche à ses côtés, l'encourage à lire ce qui se déplace dans son coeur, le lieu par excellence où le Seigneur parle. L'accompagnateur spirituel, que nous appelons directeur spirituel - je n'aime pas ce terme, je préfère accompagnateur spirituel, c'est mieux - est celui qui te dit : "D'accord, mais regarde ici, regarde ici", t'attire l'attention sur des choses qui passent peut-être ; il t'aide à mieux comprendre les signes des temps, la voix du Seigneur, la voix du tentateur, la voix des difficultés que tu ne peux pas surmonter. C'est pourquoi il est très important de ne pas marcher seul. Il y a un dicton de la sagesse africaine - parce qu'ils ont cette mystique de la tribu - qui dit : "Si tu veux aller vite, va seul ; si tu veux arriver en sécurité, va avec les autres", va accompagné, va avec ton peuple. C'est important. Dans la vie spirituelle, il est préférable de se faire accompagner par quelqu'un qui connaisse nos choses et nous aide. Et c'est l'accompagnement spirituel.
Cet accompagnement peut être fructueux si, de part et d'autre, on a fait l'expérience de la filiation et de la fraternité spirituelle. Nous découvrons que nous sommes enfants de Dieu au moment où nous nous découvrons frères, fils du même Père. C'est pourquoi il est indispensable d'être intégré dans une communauté en marche. Nous ne sommes pas seuls, nous sommes des gens d'un peuple, d'une nation, d'une ville qui marche, d'une Église, d'une paroisse, de ce groupe... une communauté en chemin. On ne va pas au Seigneur seul : cela ne va pas. Nous devons bien le comprendre. Comme dans le récit évangélique du paralytique, nous sommes souvent soutenus et guéris grâce à la foi de quelqu'un d'autre (cf. Mc 2, 1-5) qui nous aide à aller de l'avant, parce que nous avons tous parfois des paralysies intérieures et il faut quelqu'un pour nous aider à surmonter ce conflit avec l'aide. On ne va pas au Seigneur seuls, rappelons-le bien ; d'autres fois, nous assumons cet engagement en faveur d'un autre frère ou d'une soeur, et nous sommes accompagnateurs pour aider cet autre. Sans expérience d'enfant et de fraternité, l'accompagnement peut donner lieu à des attentes irréalistes, à des malentendus, à des formes de dépendance qui laissent la personne à l'état infantile. Accompagnement, mais comme enfants de Dieu et frères avec nous.
La Vierge Marie est maîtresse de discernement : elle parle peu, écoute beaucoup et garde dans son coeur (cf. Lc 2, 19). Les trois attitudes de la Vierge : parler peu, écouter beaucoup et garder dans son coeur. Et le peu de fois où il parle laisse une marque. Par exemple, dans l'Évangile de Jean, il y a une très courte phrase prononcée par Marie qui est une livraison pour les chrétiens de tous les temps : "Faites ce qu'il vous dira" (cf. 2,5). C'est curieux : une fois, j'ai entendu une très bonne vieille dame, très pieuse, qui n'avait pas étudié la théologie, c'était très simple. Et il m'a dit : "Savez-vous quel est le geste que fait toujours la Vierge ?". Je ne sais pas : elle vous embrasse, elle vous appelle... "Non : le geste que fait la Vierge est ceci" [indique avec l'index]. Je ne comprenais pas, et je demande, "Qu'est-ce que ça veut dire?" Et la vieille dame m'a répondu : "Toujours signale Jésus". C'est beau, cela : la Vierge ne prend rien pour elle, signale Jésus. Faites ce que Jésus vous dit : ainsi est la Vierge. Marie sait que le Seigneur parle au coeur de chacun, et demande de traduire cette parole en actions et en choix. Elle a su le faire plus que tout autre, et en effet elle est présente dans les moments fondamentaux de la vie de Jésus, spécialement à l'heure suprême de la mort de croix.
Chers frères et soeurs, finissons cette série de catéchèses sur le discernement : le discernement est un art, un art que l'on peut apprendre et qui a ses propres règles. S'il est bien appris, il permet de vivre l'expérience spirituelle de manière toujours plus belle et ordonnée. Surtout le discernement est un don de Dieu, qu'il faut toujours demander, sans jamais présumer d'être expert et autosuffisant. Seigneur, donne-moi la grâce de discerner dans les moments de la vie, ce que je dois faire, ce que je dois comprendre. Donne-moi la grâce de discerner, et donne-moi la personne qui m'aide à discerner.
La voix du Seigneur peut toujours être reconnue, elle a un style unique, elle est une voix qui pacifie, encourage et rassure dans les difficultés. L'Évangile nous le rappelle continuellement : "Ne crains pas" (Lc 1, 30), que belle cette parole de l'ange à Marie après la résurrection de Jésus ; "ne crains pas", "n'ayez pas peur", est précisément le style du Seigneur : "ne crains pas". "Ne crains pas !", répète aussi à nous le Seigneur aujourd'hui ; "ne crains pas" : si nous faisons confiance à sa parole, nous jouerons bien le match de la vie, et nous pourrons aider d'autres. Comme le dit le Psaume, sa Parole est lampe à nos pas et lumière sur notre chemin (cf. 119,105).
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Salutations :Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Le discernement est un art qu’il est possible d’apprendre et qui a ses règles. Demandons à la Vierge Marie de nous y initier et que l’Esprit Saint mette sur notre route des personnes qui pourront nous accompagner dans notre marche vers Dieu. Que Dieu vous bénisse.
Je souhaite la bienvenue à tous les pèlerins anglophones présents aujourd’hui à l'Audience, en particulier les groupes en provenance d'Israël et des États-Unis d'Amérique. À vous tous et à vos familles, je vous souhaite une nouvelle année pleine de joie et de paix. Que Dieu vous bénisse !
Chers pèlerins germanophones, avec les paroles de notre cher défunt Benoît XVI, je veux vous rappeler : "Celui qui croit n'est jamais seul !" Celui qui a Dieu comme Père a beaucoup de frères et soeurs. Ces jours-ci, nous expérimentons de manière particulière combien cette communauté de foi est universelle et qu'elle ne finit pas non plus par la mort. Que Dieu vous bénisse !
Je salue cordialement les pèlerins de langue espagnole. Demandons à la Vierge Marie, maîtresse de discernement, de nous aider à grandir dans la vie intérieure et à marcher, comme les mages d'Orient, en nous confiant dans les médiations qui nous guident vers son Fils Jésus. Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.
Je salue cordialement les pèlerins de langue portugaise. Chers frères et soeurs, au début de cette nouvelle année, nous nous confions à la Mère de Dieu afin que, comme Elle, nous nous hâtions d'aller à la rencontre des autres, en partageant la joie et la paix que l'Enfant Jésus nous donne. Qu'il vous bénisse pour une bonne année !
Je salue les fidèles de langue arabe, en particulier le choeur de la Basilique de l'Annonciation à Nazareth. Le discernement est un art, un art que l'on peut apprendre et qui a ses règles. S'il est bien appris, il permet de vivre l'expérience spirituelle de manière toujours plus belle et ordonnée. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !
Je salue cordialement les pèlerins polonais. Chers frères et soeurs, au début de cette nouvelle année, nous nous confions au Seigneur. Sa Parole est lampe à nos pas et lumière sur notre chemin. Par l'intercession de Marie, Mère de Dieu, je demande au Seigneur la grâce pour une vie sereine et sainte, remplie de paix pour vous et pour vos proches. Je vous bénis de tout coeur !
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Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue les participants au Congrès de l'Association des maîtres catholiques. Chers frères et soeurs, je vous encourage à vous consacrer avec douceur à la formation des élèves, qui ont besoin de voir en vous des témoins de vérité, d'espérance, de tendresse.
Ma pensée va enfin aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés, qui sont nombreux. Après demain, nous célébrerons la solennité de l'Épiphanie ; comme les Mages, sachez chercher avec une âme ouverte le Christ lumière du monde et Sauveur de l'humanité.
J'appelle chacun à persévérer dans sa proximité affectueuse et solidaire avec le peuple ukrainien martyr qui souffre et continue de souffrir, en invoquant pour lui le don de la paix. Ne nous lassons pas de prier. Le peuple ukrainien souffre, les enfants ukrainiens souffrent : prions pour eux.
Et à tous ma bénédiction.