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 Messe du Christ-Roi: le Pape exhorte à s’impliquer et ne pas rester spectateurs

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Messe du Christ-Roi: le Pape exhorte à s’impliquer et ne pas rester spectateurs Empty
MessageSujet: Messe du Christ-Roi: le Pape exhorte à s’impliquer et ne pas rester spectateurs   Messe du Christ-Roi: le Pape exhorte à s’impliquer et ne pas rester spectateurs Icon_minitimeDim 20 Nov 2022 - 20:30

Messe du Christ-Roi: le Pape exhorte à s’impliquer et ne pas rester spectateurs Cq5dam.web.800.800



François a présidé, ce dimanche 20 novembre 2022, en la cathédrale d'Asti dans le nord de l’Italie, la messe de la solennité du Christ Roi de l’Univers. Dans son homélie, le Saint-Père s’est focalisé sur la royauté du Christ. Un Roi qui nous «ouvre ses bras… pour embrasser tout de nous».

Solennité du Christ-Roi de l’Univers
(Messe à la Cathédrale d'Asti) - Homélie :

Nous avons vu ce garçon, Stefano, qui demande à recevoir le ministère de l'accueilli dans son parcours vers la prêtrise. Nous devons prier pour lui, afin qu'il aille de l'avant dans sa vocation et qu'il soit fidèle ; mais nous devons aussi prier pour cette Eglise d'Asti, afin que le Seigneur envoie des vocations sacerdotales, parce que comme vous voyez la majorité sont vieux, comme moi : il faut de jeunes prêtres, comme certains d'entre nous qui sont très bons. Prions le Seigneur pour qu'il bénisse cette terre.

Et de ces terres, mon père est parti émigrer en Argentine ; et dans ces terres, rendues précieuses par de bons produits du sol et surtout par l'authentique laboriosité des gens, je suis venu retrouver le goût des racines. Mais aujourd'hui, c'est encore une fois l'Evangile qui nous ramène aux racines de la foi. Elles se trouvent dans le sol aride du Calvaire, où la graine de Jésus, mourant, a fait germer l'espérance : planté au coeur de la terre, il nous a ouvert la voie au Ciel ; par sa mort, il nous a donné la vie éternelle ; à travers le bois de la croix, il nous a apporté les fruits du salut. Regardons donc vers Lui, regardons le Crucifix.

Sur la croix apparaît une seule phrase : "Celui-ci est le roi des Juifs" (Lc 23,38). Voici le titre : Roi. Mais en observant Jésus, notre idée de roi est renversée. Imaginons visuellement un roi : il nous viendra à l'esprit un homme fort assis sur un trône avec des insignes précieux, un sceptre entre les mains et des anneaux brillants entre les doigts, tout en proférant aux sujets des paroles solennelles. C'est à peu près l'image que nous avons en tête. Mais en regardant Jésus, nous voyons que c'est tout le contraire. Il n'est pas assis sur un trône confortable, mais pendu à une échafaud ; le Dieu qui "renverse les puissants des trônes" (Lc 1,52) agit comme un serviteur mis en croix par les puissants ; orné seulement de clous et d'épines, dépouillé de tout mais riche d'amour, du trône de la croix n'élève plus les foules avec la parole, ne lève plus la main pour enseigner. Il fait plus: il ne pointe personne du doigt, mais il ouvre les bras à tout le monde. Ainsi se manifeste notre Roi : à bras ouverts, à brasa aduerte.

Ce n'est qu'en entrant dans son étreinte que nous comprenons : nous comprenons que Dieu est allé jusqu'à là, jusqu'au paradoxe de la croix, précisément pour embrasser tout de nous, même ce qui était plus éloigné de Lui : notre mort - Il a embrassé notre mort -, notre douleur, nos pauvreté, nos fragilités et nos misères. Et Il a pris tout ça dans ses bras. Il s'est fait serviteur pour que chacun de nous se sente fils : il a payé avec sa servitude notre fille ; il s'est laissé insulter et se moquer, pour qu'en toute humiliation, aucun de nous ne soit plus seul ; il s'est laissé déshabiller, pour que personne ne se sente dépouillé de sa dignité ; il est monté sur la croix, pour que dans chaque crucifix de l'histoire il y ait la présence de Dieu. Voici notre Roi, Roi de chacun de nous, Roi de l'univers parce qu'il a franchi les frontières les plus lointaines de l'humain, il est entré dans les trous noirs de la haine, dans les trous noirs de l'abandon pour éclairer chaque vie et embrasser chaque réalité. Mes frères, mes soeurs, voici le Roi que nous fêtons aujourd'hui ! Ce n'est pas facile à comprendre, mais c'est notre roi. Et la question à nous poser est : ce Roi de l'univers est-il le Roi de mon existence ? Je crois en Lui ? Comment le célébrer Seigneur de tout si il ne devient pas aussi le Seigneur de ma vie ? Et toi qui commence aujourd'hui cette route vers le sacerdoce, n'oublie pas que c'est ton modèle : ne t'accroche pas aux honneurs, non. C'est ton modèle ; si tu ne penses pas être prêtre comme ce Roi, tu ferais mieux de t'arrêter là.

Mais nous fixons encore les yeux en Jésus Crucifié. Tu vois, Il ne regarde pas ta vie un instant, il ne te dédie pas un regard fugace comme nous le faisons souvent avec Lui, mais Il reste là, à brasa aduerte, à te dire dans le silence que rien de toi ne lui est étranger, qu'il veut te serrer dans ses bras, te relever, te sauver comme tu es, avec ton histoire, tes misères, tes péchés. Mais Seigneur, est-ce vrai ? Avec mes malheurs, tu m'aimes comme ça ? Chacun pense en ce moment à sa propre pauvreté : "Mais, m'aimes-tu avec ces misères spirituelles que j'ai, avec ces limitations ?". Et il sourit et nous fait réaliser qu'il nous aime et qu'il a donné sa vie pour nous. Pensons un peu à nos limites, même aux bonnes choses : Il nous aime comme nous sommes, comme nous sommes maintenant. Il nous donne la possibilité de régner dans la vie, si vous vous rendez à son amour doux qui se propose mais ne s'impose pas - l'amour de Dieu ne s'impose jamais - à son amour qui vous pardonne toujours. Nous nous lassons souvent de pardonner les gens et nous faisons la croix, nous faisons l'enterrement social. Il ne se lasse jamais de pardonner, jamais, jamais : toujours il te remet sur pied, toujours il te rend ta dignité royale. D'où vient le salut ? De nous laisser aimer par Lui, parce que c'est seulement ainsi que nous sommes libérés de l'esclavage de notre moi, de la peur d'être seul, de penser que nous ne pouvons pas le faire. Frères, soeurs, mettons-nous souvent devant le Crucifix, laissons-nous aimer, parce que ces brasses adultes nous dévoilent aussi le paradis, comme le "bon voleur". Nous entendons cette phrase, la seule que Jésus dit aujourd’hui de la croix : "Avec moi, tu seras au paradis" (Lc 23,43). Cela veut et veut nous dire Dieu, à nous tous, chaque fois que nous nous laissons regarder par Lui. Et alors nous comprenons que nous n'avons pas un dieu inconnu qui est là-haut dans les cieux, puissant et distant, non : un Dieu proche, la proximité est le style de Dieu : la proximité, avec tendresse et miséricorde. C'est le style de Dieu. Il n'a pas un autre style. Proche, miséricordieux et tendre. Tendre et compatissant, dont les bras ouverts consolent et caressent. Voici notre Roi !

Mes frères, mes soeurs, après l'avoir regardé, que pouvons-nous faire ? L'Evangile nous place aujourd'hui devant deux voies. Devant Jésus, il y a ceux qui sont spectateurs et ceux qui s'impliquent. Les spectateurs sont nombreux, la majorité. C'est un spectacle de voir un homme mourir sur la croix. En effet - dit le texte - "le peuple était à voir" (v. 35). Ce n'était pas des gens méchants, beaucoup étaient croyants, mais à la vue du Crucifix restent des spectateurs : ils ne font pas un pas en avant vers Jésus, mais ils le regardent de loin, curieux et indifférents, sans s'intéresser vraiment, sans se demander ce qu'ils peuvent faire. Peut-être qu'ils ont commenté, peut-être : "Mais regarde ça..." Ils ont émis des jugements et des opinions : "Mais il est innocent, regarde ça comme ça..." quelqu'un s'est plaint, mais tout le monde est resté les bras croisés, les mains en l'air. Mais aussi près de la croix, il y a des spectateurs : les chefs du peuple, qui veulent assister au spectacle sanglant de la fin ignoble du Christ ; les soldats, qui espèrent que l'exécution finira bientôt, pour rentrer chez eux ; un des malfaiteurs, qui décharge sur Jésus sa colère. Ils se moquent, ils insultent, ils se défoulent.

Et tous ces spectateurs partagent un refrain, que le texte rapporte trois fois : "Si tu es roi, sauve-toi toi-même !" (cf. 35.37.39) Ils l'insultent ainsi, ils le défient ! Sauve-toi, exactement le contraire de ce que fait Jésus, qui ne pense pas à lui, mais à les sauver, qui l'insultent. Mais la contagion vous sauve : des chefs aux soldats aux gens, la vague du mal atteint presque tout le monde. Mais nous pensons que le mal est contagieux, il nous contamine : comme quand nous prenons une maladie infectieuse, il nous contamine tout de suite. Et ces gens parlent de Jésus, mais ils ne s'accordent même pas un moment avec Jésus. Il prend la distance et parle. C'est la contagion mortelle de l'indifférence. Une mauvaise maladie, l’indifférence. "Ce n'est pas mon tour, ce n'est pas mon tour." Indifférence envers Jésus et indifférence aussi envers les malades, envers les pauvres, envers les pauvres de la terre. J'aime demander aux gens, et je demande à chacun d'entre vous ; je sais que chacun de vous donne l'aumône aux pauvres, et je vous demande : "Quand tu donnes l'aumône aux pauvres, les regardes-tu dans les yeux ? Es-tu capable de regarder les yeux de ce pauvre ou de cette pauvre personne qui te demande l'aumône ? Quand tu donnes l'aumône aux pauvres, tu jettes la pièce ou tu touches la main ? Es-tu capable de toucher une misère humaine ?" Chacun se donne la réponse aujourd'hui. Ces gens étaient dans l'indifférence. Ces gens parlent de Jésus, mais ils n'accordent pas avec Jésus. Et c'est la contagion mortelle de l'indifférence : qui crée des distances avec les misères. La vague du mal se propage toujours ainsi : elle commence par prendre ses distances, par regarder sans rien faire, par ne pas se soigner, puis on ne pense qu'à ce qui intéresse et on s'habitue à se tourner de l'autre côté. C'est aussi un risque pour notre foi, qui se fanent si une théorie reste, ne devient pas pratique, s'il n'y a pas d'implication, si l'on ne se dépense pas personnellement, si l'on ne se met pas en jeu. Alors, on devient chrétien à l'eau de rose - comme j'ai entendu dire chez moi - qui disent croire en Dieu et vouloir la paix, mais ils ne prient pas et ne prennent pas soin du prochain et aussi, ils ne s'intéressent pas à Dieu, ni à la paix. Ces chrétiens seulement de parole, superficiels !

C'était la mauvaise vague, qui était là au Calvaire. Mais il y a aussi la vague bénéfique du bien. Parmi tant de spectateurs, l'un s'implique, c'est-à-dire le "bon voleur". Les autres rient du Seigneur, Il lui parle et l'appelle par son nom : "Jésus" ; tant de gens lui jettent sur eux leur colère, il confesse au Christ ses erreurs ; beaucoup disent "sauve-toi toi-même", Il prie : "Jésus, souviens-toi de moi" (v. 42). Il ne demande que cela au Seigneur. C'est une belle prière. Si chacun de nous la récite tous les jours, c'est une belle route : la route de la sainteté : "Jésus, souviens-toi de moi." Ainsi, un malfaiteur devient le premier saint : il se fait proche de Jésus pour un instant et le Seigneur le garde avec lui pour toujours. Maintenant, l'Évangile parle du bon voleur pour nous, pour nous inviter à vaincre le mal en arrêtant de rester spectateurs. S'il vous plaît, c'est pire que de faire le mal, l'indifférence. Par où commencer ? De la confiance, de l'appeler Dieu par son nom, tout comme le bon voleur, qui à la fin de la vie retrouve la confiance courageuse des enfants, qui se font confiance, demandent, insistent. Et dans la confidence, il admet ses erreurs, il pleure mais pas sur lui-même, mais devant le Seigneur. Et nous, avons-nous cette confiance, portons-nous à Jésus ce que nous avons en nous ou nous déguisons-nous devant Dieu, peut-être avec un peu de sacralité et d'encens ? S'il vous plaît, ne faites pas la spiritualité du maquillage : c'est ennuyeux. Devant Dieu : de l'eau et du savon, seulement, sans maquillage, mais l'âme telle qu'elle est. Et c'est de là que vient le salut. Celui qui pratique la confidence, comme ce bon voleur, apprend l'intercession, apprend à porter à Dieu ce qu'il voit, les souffrances du monde, les personnes qu'il rencontre ; à lui dire, comme le bon voleur : "Souviens-toi, Seigneur !". Nous ne sommes pas seulement au monde pour nous sauver nous-mêmes, non : mais pour amener nos frères et soeurs dans les bras du Roi. Intercéder, rappeler au Seigneur, ouvre les portes du paradis. Mais nous, quand nous prions, intercédons-nous ? "Souviens-toi, Seigneur, souviens-toi de moi, de ma famille, souviens-toi de ce problème, souviens-toi, souviens-toi..." Attirer l'attention du Seigneur.

Frères et soeurs, aujourd'hui notre Roi de la Croix nous regarde à bras ouverts. C'est à nous de choisir entre "être spectateur" ou "s'impliquer". Suis-je spectateur ou veux-je être impliqué ? Nous voyons les crises d'aujourd'hui, la chute de la foi, le manque de participation... Qu'est-ce qu'on fait ? Nous contentons-nous de faire des théories, de critiquer, ou de retrousser nos manches, de prendre la vie en main, de passer du "si" des excuses au "oui" de la prière et du service ? Nous pensons tous savoir ce qui ne va pas dans la société, tous ; nous parlons tous les jours de ce qui ne va pas dans le monde et même dans l'Église : beaucoup de choses ne vont pas dans l'Église. Et après, on fait quelque chose ? On se salit les mains comme notre Dieu cloué au bois ou on regarde les mains dans les poches ? Aujourd'hui, alors que Jésus, dépouillé sur la croix, enlève tout voile sur Dieu et détruit toute fausse image de sa royauté, regardons-Lui, pour trouver le courage de nous regarder, de parcourir les voies de la confidence et de l'intercession, de nous faire serviteurs pour régner avec Lui. "Souviens-toi Seigneur, souviens-toi" : Nous faisons cette prière plus souvent. Merci.
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Source : www.vatican.va
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