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 Des prêtres, non pas «surhommes», mais avec le cœur de Jésus

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MessageSujet: Des prêtres, non pas «surhommes», mais avec le cœur de Jésus    Des prêtres, non pas «surhommes», mais avec le cœur de Jésus  Icon_minitimeVen 11 Nov 2022 - 15:35

Des prêtres, non pas «surhommes», mais avec le cœur de Jésus  Cq5dam.web.800.800


Ce jeudi 10 novembre 2022, dans son discours prévu pour les participants au cours pour les recteurs et les formateurs des séminaires latino-américains, François souligne que les motivations authentiques de la vocation sont «la suite du Seigneur et l'établissement du Royaume de Dieu». Ceux qui participent à la formation des prêtres sont appelés à éduquer «avec leur vie, plus qu'avec leurs paroles».

Aux participants au Cours
pour formateurs de séminaires d'Amérique Latine :

Cher Cardinal,
chers frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Bonjour !

Je suis heureux de vous saluer tous, participants au Cours pour Recteurs et Formateurs des Séminaires latino-américains, venus de presque tous les pays du continent et des Caraïbes. J'étends mon salut aux collaborateurs du Dicastère pour le clergé, qui a organisé le cours.

Toute la formation sacerdotale, en particulier celle des futurs pasteurs, est au centre de l'évangélisation, car dans les prochaines décennies, ce seront eux, répondant à une véritable vocation spécifique, qui animeront et guideront le saint Peuple de Dieu, afin qu'il soit "dans le Christ sacrement ou signe et instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain". Combien est nécessaire une formation de qualité pour ceux qui seront présence sacramentelle du Seigneur au milieu de son troupeau, en l'alimentant et en le soignant avec la Parole et avec les sacrements !

En ce sens, je voudrais souligner que la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis, "Le don de la vocation presbytérale", conserve le grand apport donné par l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, dont cette année marque le 30e anniversaire de la publication par saint Jean-Paul ii, après la viiie Assemblée générale ordinaire des évêques, qui aborda le thème "La formation des prêtres dans les circonstances actuelles". Cette exhortation offre de façon explicite une vision anthropologique intégrale, qui tient compte, de manière simultanée et équilibrée, des quatre dimensions présentes dans la personne du séminariste : humaine, intellectuelle, spirituelle et pastorale. D'autre part, la Ratio fundamentalis elle-même réaffirme la perspective de mon estimé prédécesseur, le Pape Benoît XVI, qui par le motu proprio Ministrorum institutio a mis en évidence que la formation des séminaristes se poursuit, de manière naturelle, dans la formation permanente des prêtres, constituant toutes deux une seule réalité.

Je voudrais également souligner qu'un des grands apports de l'actuel Ratio fundamentalis est qu'il décrit le processus de formation des prêtres, depuis les années du séminaire, à partir des quatre notes caractéristiques de la formation, qui est présentée comme unique, intégrale, communautaire et missionnaire.

À ce propos, je voudrais m'arrêter pour souligner que la formation sacerdotale "a un caractère éminemment communautaire dès son origine ; la vocation au presbytérat, en effet, est un don que Dieu fait à l'Eglise et au monde, une voie pour se sanctifier et sanctifier les autres qui ne doit pas être parcourue de manière individualiste, mais toujours en ayant comme référence une portion concrète du Peuple de Dieu" (rfis, introduction, n. 3).

Dans ce contexte, je me permets de vous faire remarquer que l'un des défis les plus importants auxquels font face aujourd’hui les maisons de formation sacerdotale est d'être de véritables communautés chrétiennes, ce qui implique non seulement un projet éducatif cohérent, mais aussi un nombre adéquat de séminaristes et de formateurs qui assure une expérience réellement communautaire dans toutes les dimensions de la formation. Ce défi exige souvent de s'engager à créer ou à consolider des séminaires interdiocésains, provinciaux ou régionaux. Il s'agit d'une tâche que les évêques doivent assumer synodalement, en particulier au niveau des conférences épiscopales régionales ou nationales, tâche à laquelle vous êtes appelés à collaborer avec loyauté et proactivité.

À cette fin, chers prêtres formateurs, il est nécessaire de renoncer à l'inertie et aux protagonismes et de commencer à rêver ensemble, non pas en regrettant le passé, pas seuls, mais unis et ouverts à ce que le Seigneur aujourd’hui désire comme formation pour les prochaines générations des prêtres inspirés par les orientations actuelles de l'Église.

Je suis heureux que, durant ces jours, vous réfléchissiez à différents aspects de la formation initiale, en vous arrêtant sur la dimension humaine et sur la façon dont celle-ci s'intègre avec les autres dimensions, c'est-à-dire spirituelle, intellectuelle et pastorale.

De fait, au sein de la communauté chrétienne, le Seigneur appelle certains de ses disciples à être prêtres, c'est-à-dire qu'il choisit quelques brebis de son troupeau et les invite à être pasteurs de leurs frères et soeurs. Nous ne devons pas oublier que nous, prêtres, avons été "pris entre les hommes... pour le bien des hommes dans les choses qui concernent Dieu" (cf. Héb 5, 1). Nous sommes "co-disciples" des autres fidèles chrétiens et, précisément pour cela, nous partageons les mêmes besoins humains et spirituels, et en même temps nous sommes soumis aux mêmes fragilités, limites et erreurs.

Dans les séminaristes, comme dans chacun de nous, interagissent et coexistent deux aspects qui doivent se compléter mutuellement : les dons de la grâce et les traits de la nature blessée ; le service que vous devez accomplir est précisément d'unir les deux réalités dans un chemin de foi et de maturation intégrale (cf. rfis, n. 28).

Il est nécessaire de faire attention, car votre mission n'est pas de former des "surhommes", qui prétendent tout savoir et tout contrôler et être autosuffisants ; au contraire, c'est de former des hommes qui suivent avec humilité le processus choisi par le Fils de Dieu, qui est le chemin de l'incarnation.

Oui, en vertu de l'Incarnation du Fils de Dieu, nous trouvons dans notre Maître, Dieu et homme véritable, non seulement des exemples d'humanité renouvelée à imiter, mais aussi la possibilité d'entrer dans une communion vitale avec Lui à partir de laquelle notre existence est guérie et élevée à une humanité nouvelle. Le Seigneur rend possible que nous l'imitons et suivions ses traces, car il nous communique le don de sa grâce, qui est capable de transformer tout ce que nous sommes : "âme, corps et esprit" (cf. 1 Ts 5, 23), selon son plan de plénitude pour chacun de nous.

La dimension humaine de la formation sacerdotale n'est donc pas une simple école de vertu, de croissance de sa personnalité ou de développement personnel, mais elle implique aussi et surtout une maturation intégrale de la personne renforcée par la grâce de Dieu qui, tout en tenant compte des conditionnements biologiques, psychologiques et sociaux de chacun, est capable de les transformer et de les élever, en particulier lorsque la personne et les communautés s'efforcent de collaborer avec elle de manière transparente et véridique. En définitive, les motivations vocationnelles authentiques, c'est-à-dire la suite du Seigneur et l'instauration du Royaume de Dieu, sont à la base d'un processus qui est à la fois humain et spirituel.

En ce sens, l'une des tâches les plus importantes dans le processus de formation d'un prêtre est la lecture progressive croyant de son histoire. Cette vision providentielle de son chemin est la matière principale du discernement personnel et ecclésial de sa vocation. En effet, chaque séminariste avant, et chaque prêtre après, avec des accents et des nuances différents, doit la mettre à jour en permanence, surtout dans les circonstances les plus significatives de son chemin sacerdotal (cf. rfis, n. 59 et 69). La comparaison avec ceux qui l'accompagnent dans ce processus, tant dans le forum interne que dans le forum externe, lui permettra de vaincre toute tentation d'auto-tromperie subjectiviste et permettra l'évaluation de perspectives beaucoup plus larges et objectives.

Nous devons également être conscients de l’impact de la vie et du ministère des formateurs sur les séminaristes. Les formateurs éduquent par leur vie, plus que par leurs paroles.

Naturellement, une saine maturation humaine cohérente avec la consolidation de sa vocation et de sa mission, qui inclut le dépassement normal de difficultés et de périodes de crise, permet au prêtre formateur de renouveler constamment la base sur laquelle repose sa configuration au Christ, Serviteur et Bon Pasteur, et lui confère en outre les outils les plus efficaces pour l'exercice de son service dans le séminaire, tant avec les candidats concernant leur processus de discernement, qu'avec les autres formateurs du groupe formatif et les autres agents de formation. En effet, l'harmonie humaine et spirituelle des formateurs, en particulier du recteur du séminaire, est l'une des médiations les plus importantes dans l'accompagnement formatif.

L'un des indicateurs de la maturation humaine et spirituelle est le développement et la consolidation de la capacité d'écoute et de l'art du dialogue, qui sont naturellement ancrés dans une vie de prière, où le prêtre entre quotidiennement en dialogue avec le Seigneur, même dans les moments d'aridité et de confusion. Pour le service qu'un prêtre rend à ses frères et soeurs, en particulier pour le travail d'un formateur, la disposition à écouter et à empathiser avec les autres, plus qu'un instrument d'évangélisation, est précisément le domaine dans lequel cette germe, fleurit et donne des fruits.

En résumé, la vie du formateur, sa croissance humaine et spirituelle constante en tant que disciple-missionnaire du Christ et en tant que prêtre, soutenu et promu par la grâce de Dieu, est sans aucun doute le facteur fondamental dont il dispose pour conférer une efficacité à son service aux séminaristes et aux autres prêtres dans leur configuration au Christ, Serviteur et Bon Pasteur. En effet, sa vie elle-même témoigne de ce que ses paroles et ses gestes cherchent à transmettre dans le dialogue et l'interaction avec ses interlocuteurs dans la formation.

Chers prêtres, je suis conscient que le service que vous prêtez à l'Eglise n'est pas simple et il n'est pas rare de défier son humanité, parce que le formateur a un coeur à cent pour cent humain et peut souvent éprouver de la frustration, de la fatigue, de la colère et de l'impuissance ; d'où l'importance de recourir chaque jour à Jésus, de s'agenouiller et de sa présence apprendre de Lui qu'il est doux et humble de coeur, de sorte que peu à peu notre coeur apprenne à battre au rythme du coeur du Maitre.

Les pages de l'Evangile, surtout celles qui nous offrent des coups de pinceau de la vie de Jésus avec ses disciples, nous permettent de voir comment Jésus savait se rendre présent ou absent, il savait quel était le moment de corriger ou celui d'éloges, le moment d'accompagner ou l'occasion d'envoyer et de laisser les apôtres affronter le défi missionnaire. C'est au milieu de ceux-ci, que nous pourrions appeler, "interventions formatives" du Christ que Pierre, André, Jacques, Jean et le reste des appelés, devinrent de véritables disciples et configurèrent, peu à peu, leur coeur à celui du Seigneur.

Tout à l'heure, j'ai souligné le rôle formatif du recteur du séminaire par rapport à ses frères du groupe de formation et dans la coresponsabilité de tous dans leur formation sacerdotale. Le recteur doit faire preuve d'une préoccupation constante pour chacun des formateurs, en gardant un dialogue ouvert et sincère sur sa vie et son service, sans négliger de se faire l'écho de ces aspects plus personnels dont dépend souvent le dépassement des problèmes qui peuvent naître au sein du groupe formatif. Gardez à l'esprit que les formateurs sont pour le recteur du séminaire ses frères les plus proches, auxquels doit être adressé de façon privilégiée l'exercice de la charité pastorale.

D'autre part, la formation sacerdotale a pour instrument privilégié l'accompagnement formatif et spirituel de tous et chacun des formateurs du séminaire par rapport à tous et chacun des séminaristes, de manière à assurer qu'ils aient une aide vaste et variée de la part de la communauté des formateurs, sans exclusivismes ni particularismes, en pouvant être soutenus par des prêtres de différents âges et sensibilités, selon les compétences spécifiques de chacun d'eux, afin que chaque futur pasteur puisse discerner et consolider non seulement une véritable vocation au presbytère, mais aussi la manière personnelle et irrépétible que le Seigneur a tracée pour qu'il vive et l'exerce.

D'autres personnes qui aident les séminaristes dans leur croissance humaine et spirituelle contribuent à l'accompagnement formatif. Il convient de rappeler les agents responsables des expériences pastorales menées au cours de la formation initiale, en particulier les curés, ainsi que les experts qui sont appelés à collaborer lorsque cela est nécessaire (cf. rfis, n. 145-147).

Chers formateurs, je vous exprime à nouveau la gratitude de l'Eglise pour que vous consacriez votre vie et votre ministère aux futurs pasteurs, qui seront vos frères dans le presbytère et qui, unis et sous la direction de l'évêque, jetteront les filets de l'Evangile comme d'authentiques pêcheurs d'hommes. Que la Très Sainte Vierge Marie, Mère des prêtres, vous encourage et vous garde dans votre mission.

Bonjour et je vous demande, s'il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi. Merci. Merci.

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L'Osservatore Romano, Anno CLXII n. Jeudi 10 novembre 2022, p. 7.
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Source : www.vatican.va

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Alain Satohouannou

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MessageSujet: Re: Des prêtres, non pas «surhommes», mais avec le cœur de Jésus    Des prêtres, non pas «surhommes», mais avec le cœur de Jésus  Icon_minitimeSam 19 Nov 2022 - 15:55

Merci au Pape François pour ces beaux mots d'encouragement et d'exhortation. La figure du formateur est la figure d'un Père aimant son fils, le formé. Que Dieu aide les formateurs dans ce service sensible rendu à notre Mère l'Eglise.
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