La véritable frontière du monde est le cœur humain

Le Pape François a reçu près de 250 membres de la communauté italienne Frontiera, samedi 22 octobre, en salle Clémentine du Palais apostolique. Dans son discours aux membres de cette communauté inspirée des charismes de saint François d’Assise et de don Giuseppe Puglisi, prêtre martyr sicilien, le Souverain pontife a expliqué «le mode de vie» de l’Évangile «à la frontière», résumé en rencontre, abandon à Dieu, partage avec les derniers, éducation et service.


Chers frères et soeurs, bonjour et bienvenue !

Je remercie le ministre provincial et vous remercie, jeunes gens, pour vos témoignages. Je salue les évêques et les prêtres présents, et en particulier le frère Joseph, qui, avec quelques jeunes, a donné vie à la Communauté Frontière.

Dans cette communauté, on voit l'empreinte de deux charismes : celui de Saint François d'Assise et celui du Bienheureux Joseph Puglisi. Un charisme ancien et connu de tous, celui franciscain, qui dans l'Eglise est devenu un grand arbre avec tant de branches ; et un charisme très récent, celui du prêtre martyr Don Pino, qui a donné sa vie pour l'amour de son peuple et spécialement de ses garçons.

François et Don Puglisi ont tous deux vécu l'Évangile en "frontière". Mais soyons prudents : ce mot peut devenir un slogan, peut-être à la mode. Non, on ne veut pas que ce soit ça. "Frontière" est le style de Jésus-Christ, qui, tout en étant Dieu, est venu à notre rencontre, brebis perdues, perdues et sans espérance.

Frontière est le style de François qui, comme Jésus, se dépouille de ses richesses et se fait mendiant pour s'abandonner complètement à la Providence du Père qui est dans les cieux, et ainsi partager la condition des petits, des derniers, de celui qui est soignant de pain, mais aussi et surtout d'amour.

Frontière est le style de Don Pino Puglisi, qui se fait père des garçons de sa paroisse à Brancaccio, va leur rencontre sur la route pour les sortir de la route, les éduque à servir Dieu et le prochain et non à servir leurs propres intérêts et ceux des mafieux.

Frontière n'est pas un slogan, chers frères et soeurs, c'est un mode de vie. Et vos histoires le prouvent : la vôtre, Francesca, Luciana et Antonella ; la vôtre, Gaetano ; la vôtre, Nicoletta ; la vôtre, Vincenzo ; la vôtre, Francesco. Des histoires différentes, parce que chacun d'entre vous est unique et unique. Mais dans toutes, il y a un fil d'or qui les lie et les relie : le fil de l'amour qui vainc le mal et engendre la vie. Amour qui est accueil et écoute ; amour qui est proximité, tendresse, compassion ; amour qui est respect, dignité et promotion.

Chers amis, j'ai cité deux charismes inspirateurs : celui de François d'Assise et celui de Don Pino Puglisi. Mais je dois vous dire que le nom "Ville des Garçons" me fait penser aussi à un autre charisme : celui de Don Bosco, le charisme salésien, qui pousse à se consacrer aux garçons et aux jeunes pour qu'ils deviennent de bons chrétiens et honnêtes citoyens. Il me semble que la Providence, en vous appelant à Mola di Bari pour animer la Cité des Garçons, a voulu vous faire aussi ce don.

Et enfin, je veux souligner, de votre expérience, ce qui est en réalité l'élément le plus important, le pivot : au centre, il y a le Christ ressuscité, le Seigneur. Si je ne me trompe pas, c'est précisément dans vos armoiries, Jésus Ressuscité, parce qu'il est au centre de la vie des membres de la Communauté. Vous vous consacrez à Lui pour transmettre sa lumière, pour que les garçons et les filles qui sont dans l'obscurité puissent "venir à la lumière", renaître à une vie nouvelle.

Je vous remercie et je vous dis : allez de l'avant, avec la force du Seigneur et de son Esprit. Ne perdez jamais son style, le style de Dieu : proximité, tendresse, compassion. C'est le style de Dieu. Ainsi, vous répandrez des graines d'Evangile sur la vraie frontière du monde, qui est le coeur humain : la vraie frontière. Que la Vierge vous accompagne, ainsi que ma bénédiction, que je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à tous les membres de la Communauté. Et je vous demande de prier pour moi. Merci.

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