Aux membres de l'Institut Pontifical des Missions Étrangères

Je remercie le Supérieur Général de l'Institut Pontifical des Missions Etrangères, qui a introduit notre rencontre ; et je vous salue tous, qui de différentes manières, travaillez et collaborez à la revue Monde et Mission, née il y a 150 ans. On l'appelait alors "Les Missions Catholiques". Son "berceau" fut le Séminaire Lombard pour les Missions Etrangères, et son modèle Les Missions Catholiques, que l'Opéra de la Propagation de la Foi avait commencé à publier quatre ans plus tôt, à Lyon. Nous sommes frappés par l'actualité, la modernité, l'horizon de cette initiative, qui, dès le début, exprime et promeut une Église "en sortie". Oui, quand on est sorti, on reste jeune. Si vous restez assis là, sans aller, vous vieillissez vite !

Il faut souligner que la revue est née pour répondre à une exigence du peuple de Dieu : beaucoup voulaient lire les histoires des missionnaires - héroïques ! - se sentir proche d'eux et de leurs oeuvres, les accompagner par la prière. Et ils voulaient aussi connaître les pays et les cultures d'une manière différente de la plus commune - à l'époque imprégnée de mentalité coloniale - : avec un regard chrétien, respectueux et attentif aux "graines" de vérité et de bien répandues dans le monde. Nous rendons hommage à la mémoire du Père Giacomo Scurati, premier directeur, et à ses collaborateurs. Ils comprenaient la valeur de la communication dans la mission, avant tout pour l'Eglise elle-même, pour être extravertie, et pleinement impliquée dans l'évangélisation, toute missionnaire, toute évangélisatrice. Ces pionniers d'il y a 150 ans comprenaient l'importance de faire connaître les pays auxquels ils étaient destinés et la façon dont, dans ces terres lointaines, se déroulait la rencontre entre l'Evangile et les communautés locales. Dès le début, donc, la revue a été porteuse d'un regard large, ouvert aux richesses de chaque peuple et de chaque Église locale. Et cela reste encore aujourd'hui la vocation de Monde et Mission, comme elle fut "rebaptisée" en 1969, pour assumer l'esprit et les enseignements du Concile Vatican II concernant la mission ad gentes.

Pendant de nombreuses années, les lettres et les chroniques des missionnaires ont restitué avec précision les contextes et la vie des populations avec lesquelles ils étaient en contact. Et encore aujourd'hui les reportages et les témoignages directs représentent la caractéristique la plus propre du magazine, grâce à des récits de lieux ou de situations dont peu d'autres parlent : périphéries géographiques et existentielles, qui, dans un monde où la communication a apparemment raccourci les distances, continuent cependant à rester reléguées aux marges. Les distances se sont raccourcies, c'est vrai, mais les "douanes" idéologiques se sont multipliées. Et alors le défi est encore de s'y rendre pour faire connaître la beauté et la richesse des différences, mais aussi les nombreuses injustices et tortures de sociétés de plus en plus interconnectées et en même temps marquées par de graves inégalités.

Être la voix des sans voix est une tâche primordiale de la revue, comme d'autres initiatives que le PIME a promues dans le domaine de la communication : l'agence AsiaNews, les contenus multimédias, la présence dans les réseaux sociaux, les activités culturelles et d'animation. Autant de façons de raconter le monde en se mettant du côté de ceux qui n'ont pas le droit de s'exprimer ou qui ne sont pas écoutés, des plus pauvres, des minorités opprimées, des victimes de guerres oubliées. Je tiens à le souligner : les guerres oubliées. Aujourd’hui, nous sommes tous préoccupés, et c’est bien ainsi, d’une guerre ici en Europe, à la porte de l’Europe et en Europe, mais il y a des guerres depuis des années: plus de dix ans en Syrie, pensez au Yémen, pensez au Myanmar, pensez à l’Afrique. Celles-ci n'entrent pas, ne sont pas de l'Europe cultivée... Les guerres oubliées sont un péché, les oublier ainsi.

Les députés ont adopté un rapport d'initiative sur les droits de l'homme dans le monde, qui plaide pour une meilleure coopération entre l'UE et les Etats-Unis.

En tant que revue missionnaire, Monde et Mission a cependant aussi une autre tâche spécifique qui la caractérise : celle d'aider à reconnaître la mission est au centre. Reconnaître que la mission est au centre. Rappeler aux communautés chrétiennes que si elles ne se regardent qu'à elles-mêmes, perdant le courage de sortir et de porter à tous la parole de Jésus, elles finissent par s'éteindre. Montrer comment l'Evangile, en rencontrant des peuples et des cultures différentes, nous est rendu chaque jour dans sa nouveauté et sa fraîcheur. Et il crée le dialogue et l'amitié aussi avec ceux qui professe d'autres religions, en se reconnaissant fils de l'unique Père. Parce que la réalité se voit mieux à la périphérie. Je vous en remercie tout particulièrement.

Dans celles qui continuent d'être considérées comme des "périphéries", les missionnaires ont souvent découvert que l'Esprit Saint était arrivé avant eux. Ceux qui étaient partis pour évangéliser, se sont trouvés le plus souvent à recevoir une Bonne Nouvelle. Comme les disciples de Jésus, envoyés deux à deux pour prêcher parmi les pauvres et les petits, de même les missionnaires d'hier et d'aujourd'hui rencontrent souvent la joie et la vie nouvelle que l'Evangile est capable de générer. Et une telle expérience n'est pas possible de la garder pour soi. En ce sens, il devient de plus en plus important de donner la voix à des Eglises jeunes et en croissance, à des communautés - fondées parfois par le PIME - qui expriment aujourd'hui des dynamiques nouvelles et prometteuses, dociles à l'Esprit.

Dans un monde malheureusement marqué par tant de blessures, c'est - à la fin - la raison qui, après 150 ans, pousse à réaliser encore une revue comme Monde et Mission : donner voix à l'espérance que la rencontre avec le Christ sème dans la vie des personnes et des peuples. Pour dire à tous qu'un monde meilleur est possible, quand nous suivons Jésus, nous apprenons à tendre la main à chaque frère et soeur.

Chers amis, je vous remercie de m'avoir fait mieux connaître votre histoire et votre engagement. Allez-y ! Fidèles à vos racines, attentifs aux signes des temps et ouverts au futur de Dieu. Je vous bénis de tout coeur et je bénis aussi les lecteurs et les partisans du Monde et de la Mission. Et je vous demande de prier pour moi. Merci !

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