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| Sujet: « Pacte éducatif global des Ursulines » Ven 30 Sep 2022 - 15:57 | |
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Message du Saint-Père aux participants au « Pacte éducatif global des Ursulines » Chers jeunes étudiants !
Je suis heureux de m'adresser à vous : je vous salue, je vous souhaite une bonne rencontre et je vous encourage à poursuivre vos projets avec enthousiasme. Je parle toujours volontiers avec les jeunes étudiants, parce que parmi les plus belles et les plus importantes périodes de ma vie, je garde sans aucun doute les expériences scolaires, que ce soit en tant qu'étudiant ou en tant que professeur. Mais ce ne sont pas des souvenirs nostalgiques. En fait, tout au long du parcours de la vie, nous pouvons continuer à apprendre et à partager ce que nous avons assimilé.
J'ai entendu parler des initiatives que vous avez mises en oeuvre et de celles que vous avez en chantier, concernant la défense de l'environnement, la durabilité, la fraternité humaine et l'attention portée aux plus pauvres et vulnérables. C'est un grand honneur pour vous. Ça veut dire que vous n'êtes pas des gens endormis, mais des enfants éveillés. Et je sais aussi que vous participez activement au Pacte Éducatif Mondial, que j'ai lancé il y a trois ans, en tant qu'alliance ouverte à tous, pour nous éduquer et nous éduquer à la fraternité universelle.
Je ne veux pas vous faire la leçon ici, mais simplement vous dire deux choses que je considère très importantes: l’une concerne l’être et l’autre le faire. Et je vais le faire en me basant sur une image que vous connaissez, celle de la fille merveilleuse qui s'appelle Ursula. Selon les biographes, elle était une jeune femme d'une beauté exceptionnelle, admirée par les princes et les chevaliers, et qui a inspiré de nombreux jeunes, y compris Angela Merici, qui, en son nom, a réalisé son oeuvre éducative et celle de ses compagnes, appelées, justement, "ursulines".
La première chose que je veux vous dire, chers jeunes, c'est ceci : faites émerger votre beauté ! Pas celle qui est à la mode du monde, mais la vraie. Dans un monde étouffé par tant de laideur, puissiez-vous apporter cette beauté qui nous appartient depuis toujours, dès le premier moment de la création, quand Dieu fit l'homme à son image et vit qu'il était très beau. Cette beauté doit être diffusée et défendue. Car s'il est vrai, comme le disait le prince Mychkine dans l'Idiot de Dostoïevski, que la beauté sauvera le monde, il faut cependant veiller à ce que le monde sauve la beauté. Pour cela, je vous invite à nouer avec tous les jeunes du monde un "pacte global de la beauté", parce qu'il n'y a pas d'éducation sans beauté. "On ne peut pas éduquer sans induire la beauté, sans induire le coeur à la beauté. En forçant un peu le discours, j'oserais dire qu'une éducation n'est pas efficace si elle ne sait pas créer des poètes. Le chemin de la beauté est un défi à relever" (Discours aux participants à la conférence sur le thème "Éducation: le pacte mondial", 7 février 2020).
La beauté dont nous parlons n'est pas celle pliée sur elle-même, comme Narcisse qui, amoureux de son image, finit par se noyer dans le lac où elle se reflétait. Ni de la beauté qui s'allie au mal, comme Dorian Gray qui, une fois le sort terminé, s'est retrouvé le visage défiguré. Parlons de cette beauté qui ne frôle jamais parce qu'elle est reflétée de la beauté divine : notre Dieu est en effet inséparablement bon, vrai et beau. Et la beauté est l'une des voies privilégiées pour arriver à Lui (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 167).
La deuxième chose que je veux vous dire c'est qu'il faut faire quelque chose. La beauté que Jésus nous a révélée est une splendeur qui se communique, qui agit ; une beauté qui s'incarne pour pouvoir se partager ; une beauté qui n'a pas peur de se salir, de se défigurer pour être fidèle à l'amour dont elle est faite. Et donc vous aussi, vous ne pouvez pas rester des "beaux endormis dans les bois" : vous êtes appelés à agir, à faire quelque chose. La vraie beauté est toujours féconde, elle pousse à sortir de soi et à se mettre en mouvement. Même la contemplation de Dieu ne peut s'arrêter à la jouissance de sa vision, comme le pensaient les trois disciples sur le Mont Tabor au moment de la Transfiguration de Jésus : "Comme il est beau d'être ici ! Faisons trois rideaux..." (voir Mt 17,4). Non, il faut descendre de la montagne et se retrousser les manches.
Je vous souhaite donc une saine inquiétude dans les désirs et les intentions, cette inquiétude qui vous pousse toujours à marcher, à ne jamais se sentir "arrivés". Ne vous isolez pas du monde en vous enfermant dans votre chambre - comme des Peter Pan qui ne veulent pas grandir, ou comme les jeunes hikikomori qui ont peur d'affronter le monde -, mais soyez toujours ouverts et courageux comme sainte Ursule, la "petite ourse", qui eut le courage d'entreprendre un long voyage avec ses compagnes et affronta intrépide les attaques jusqu’au martyre. Soyez aussi des "petits ours" qui ne fuient pas leurs responsabilités. Si les jeunes ne changent pas le monde, qui le fera ?
Vous allez me dire : oui, mais comment ? En défendant la beauté défigurée de tant de parias du monde ; en vous ouvrant à l'accueil des autres, en particulier des plus vulnérables et marginalisés ; en regardant l'autre différent de moi non pas comme une menace mais comme une richesse. Et en défendant aussi la beauté blessée de la création, en protégeant les ressources de notre maison commune, en adoptant des modes de vie plus sobres et respectueux de l'environnement. À cet égard, je vous invite à lire avec vos camarades d’école le message que j’ai adressé aux jeunes réunis à Prague lors de la "EU Youth Conference" de juillet de cette année: je suis certain que vous y trouverez vous aussi d’autres stimulants pour votre engagement.
Chers garçons et filles, je vous donne rendez-vous à la rencontre Mondiale de la Jeunesse de l'année prochaine à Lisbonne, qui s'annonce comme un grand signe d'espérance et de beauté pour tous les jeunes du monde.
Que par l'intercession de la belle et inquiétante Ursule, Dieu vous bénisse tous, vos éducateurs et vos projets. Et bénis tous les étudiants du monde, pour qu'ils n'arrêtent jamais de rêver d'un monde meilleur, et que chaque jour, avec courage et patience, ils essaient d'en construire un morceau. ------------------------------------------------ Source : www.vatican.va | |
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