Paix, justice, et fraternité: tels étaient les notions sur lesquelles est revenu le Pape François, ce jeudi 25 août 2022, au cours d'une rencontre avec des membres du Réseau international des législateurs catholiques. Le groupe, créé en 2010, réunit des parlementaires engagés pour l'Église dans leurs pays respectifs. Le Saint-Père les a encouragés à approfondir leur engagement pour la justice et la paix, nourris d'un esprit de solidarité fraternelle.
Aux participants à la rencontre organisée par
l'International Catholic Legislators Network :
Éminences, Excellences,
Distingués Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à tous ceux qui participent à la réunion du Réseau international des législateurs catholiques. Je remercie le Cardinal Schönborn et le Dr Alting von Geusau pour leurs paroles de salutation, et je suis également reconnaissant à tous ceux qui ont organisé cette rencontre. Je salue également Sa Sainteté Ignace Aphrem II, Patriarche de l'Église syrienne orthodoxe, et je suis heureux qu'il soit présent parmi nous.
Vous êtes réunis pour réfléchir à l'importante question de la promotion de la justice et de la paix dans la situation géopolitique actuelle, marquée par les conflits et les divisions qui affectent de nombreuses régions du monde. À cet égard, je voudrais proposer quelques brèves réflexions sur trois mots clés qui peuvent aider à guider vos discussions ces jours-ci : justice, fraternité et paix.
Le premier mot, justice, classiquement défini comme la volonté de donner à chacun ce qui lui est dû, implique, selon la tradition biblique, des actions concrètes visant à promouvoir des relations justes avec Dieu et avec les autres, afin que le bien des individus et de communauté peut s'épanouir. Dans le monde d'aujourd'hui, de nombreuses personnes réclament justice, en particulier les plus vulnérables qui n'ont souvent pas voix au chapitre et qui attendent des dirigeants civils et politiques qu'ils protègent, par des politiques publiques et des lois efficaces, leur dignité d'enfants de Dieu et l'inviolabilité de leurs droits humains fondamentaux. . Je pense, par exemple, aux pauvres, aux migrants, aux réfugiés, aux victimes de la traite des êtres humains, aux malades, aux personnes âgées et à bien d'autres individus qui risquent d'être exploités ou rejetés par la culture du "jetable" d'aujourd'hui, la culture du gaspillage. Votre défi est de travailler pour sauvegarder et améliorer dans la sphère publique ces relations justes qui permettent à chaque personne d'être traitée avec le respect et l'amour qui lui sont dus. Comme nous le rappelle le Seigneur : « Faites aux autres ce que vous voulez qu'ils vous fassent » (Mt 7, 12 ; cf. Lc 6, 31).
Cela nous amène au deuxième mot clé : la fraternité. En effet, une société juste ne peut exister sans le lien de la fraternité, c'est-à-dire sans le sens de la responsabilité partagée et le souci du développement et du bien-être intégral de chaque membre de notre famille humaine. Pour cette raison, "pour rendre possible le développement d'une communauté mondiale, capable de réaliser la fraternité à partir des peuples et des nations qui vivent l'amitié sociale, la meilleure politique est nécessaire, mise au service du vrai bien commun" (Enc. Tous les Frères , 154). Si nous voulons guérir notre monde, si durement éprouvé par les rivalités et les formes de violence qui naissent du désir de dominer plutôt que de servir, nous avons besoin non seulement de citoyens responsables, mais aussi de dirigeants capables, animés d'un amour fraternel visant avant tout ceux qui se retrouvent dans les conditions de vie les plus précaires. Dans cet esprit, j'encourage vos efforts continus, aux niveaux national et international, pour l'adoption de politiques et de lois visant à remédier, dans un esprit de solidarité, aux nombreuses situations d'inégalité et d'injustice qui menacent le tissu social et la dignité intrinsèque de tous personnes.
Enfin, l'effort de construction de notre avenir commun passe par la recherche constante de la paix. La paix n'est pas simplement l'absence de guerre. D'autre part, le chemin vers une paix durable exige la coopération, en particulier de la part de ceux qui ont de plus grandes responsabilités, dans la poursuite d'objectifs qui profitent à tous. La paix vient d'un engagement durable au dialogue mutuel, d'une recherche patiente de la vérité et du désir de faire passer le bien authentique de la communauté avant l'avantage personnel. Dans cette perspective, votre travail de législateurs et de dirigeants politiques est plus important que jamais. Car la vraie paix ne peut être atteinte que lorsque nous nous efforçons, par des processus politiques et législatifs clairvoyants, de construire un ordre social fondé sur la fraternité universelle et la justice pour tous.
Chers amis, que le Seigneur vous aide à devenir un levain pour le renouveau de la vie civile et politique, des témoins de "l'amour politique" (cf. ibid., 180ff.) pour les plus nécessiteux. J'espère que votre engagement pour la justice et la paix, nourri d'un esprit de solidarité fraternelle, continuera de vous guider dans la noble tâche de contribuer à l'avènement du Royaume de Dieu dans le monde.
Je vous bénis, vous, vos familles et votre travail. Et je vous demande, s'il vous plaît, de prier pour moi. Merci.