Aux jeunes des Équipes Notre-Dame: «N'ayez pas peur de prendre des risques !»

Le Saint-Père a reçu en audience, ce samedi 6 août 2022, des jeunes, couples mariés et aumôniers du mouvement des Équipes Notre-Dame (END), une association de fidèles créée en France en 1939.

«Vous vouliez entendre de la bouche même du Pape que la Sainte Mère l'Église vous aime et compte sur vous. C'est vrai !  L'Église aime ce que Jésus aime.» Face aux jeunes pélerins venus à sa rencontre dans la matinée du samedi 6 août, François a médité sur trois mots qui fondent l'identité de leur mouvement : équipe, Notre-Dame et jeunes.


Chers jeunes, chers époux et prêtres-assistants,
bonjour et bienvenue!

Je vous salue tous et je remercie Maria Teresa, responsable internationale, pour les paroles de salutation et la présentation des raisons qui vous ont amenés à Rome. Vous vouliez entendre de la bouche du Pape que la Sainte Mère Eglise vous aime et compte sur vous. C’est vrai! L’Eglise aime ce que Jésus a aimé et dans l’Evangile nous lisons qu’un jour son regard s’est fixé sur le visage d’un jeune homme, «l’aima» (Mc 10, 21) et l’appela à le suivre dans sa mission. Malheureusement, ce jeune homme n’accepta pas l’invitation. Mais d’autres l’accueillent, se laissent conquérir et «demeurèrent auprès de lui» (Jn 1, 39). Le même regard d’amour de Jésus traverse les siècles, de génération en génération, et parvient jusqu’à nous, jusqu’à chacun de vous.

C’est pourquoi on peut dire que chaque jeune est une espérance pour Jésus: une espérance d’amitié, une espérance de chemin ensemble, une espérance de mission ensemble. Et donc chacun de vous est aussi une espérance pour l’Eglise. D’une manière particulière, vous l’êtes pour cette réalité ecclésiale appelée Equipe Notre-Dame, une bonne proposition pour les couples et les familles. Vous êtes les jeunes et, selon vos statuts, vous vous proposez de vivre selon les principes de la doctrine catholique, en approfondissant sa connaissance, de manière à grandir dans votre relation avec le Christ et la Vierge Marie, et vous sentir envoyés en mission dans la vie quotidienne (cf. Art. 11, a). Je voudrais à présent réfléchir un peu avec vous sur les trois mots qui composent votre nom: équipe, Notre-Dame et jeunes.

Vous faites une expérience d’équipe, de groupe. C’est un don, ce n’est pas évident! Faire partie d’une communauté, d’une famille de familles qui transmet une foi vécue est un grand cadeau! Personne ne peut dire: «Je me sauve seul». Non. Nous sommes tous en relation, pour apprendre à faire équipe. Dieu a voulu entrer dans cette dynamique de relations et nous attire à lui en communauté, en donnant à notre vie un sens plein d’identité et d’appartenance (cf. Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 6). Parce que le Seigneur nous sauve en faisant de nous un peuple, son peuple. Ne laissez pas le monde vous faire croire qu’il vaut mieux y aller seul. Seul, vous pourrez peut-être avoir un peu de succès, mais sans amour, sans compagnie, sans appartenir à un peuple, sans l’expérience inestimable qu’est de rêver ensemble, de risquer ensemble, de souffrir ensemble et de faire la fête ensemble.

N’ayez pas peur de vous ouvrir, de prendre des risques; et n’ayez pas peur des autres. C’est vrai qu’il y a le harcèlement, les abus, les mensonges, les trahisons, mais — croyez-moi — le problème n’est pas de me défendre des autres; ma préoccupation devra être celle de défendre les victimes. Sur le site de l’attentat de Barcelone — nous sommes en 2017 — il y avait une note dans laquelle un jeune homme avait dessiné un tout petit garçon et un gros monstre, avec cette légende: «Ici, il y a moi et la peur». Et puis il a commenté: «La peur n’est si grande, et je ne suis si petit. Je n’ai pas peur». Pouquoi? Pourquoi ce jeune homme n’avait-il pas peur? Parce qu’il n’était pas seul, il était avec quelqu’un qui l’aimait: sa famille, ses amis, peut-être Dieu, Père et Ami qui n’abandonne jamais. En cette époque du virtuel et de la solitude dans laquelle tombent nombre de vos pairs, vous avez choisi de grandir en équipe, en groupe. Allez de l’avant, construisez des ponts, jouez en équipe! Entendu? En équipe.

Le deuxième mot est Notre-Dame. Vous êtes jeunes — lit-on dans le préambule des statuts — «caractérisés par une forte dévotion à la Vierge, avec le désir, suivant son exemple et en vous plaçant sous sa protection maternelle, de comprendre la place privilégiée de Marie dans le mystère du Christ et du salut». C’est vrai: lorsque l’on accueille Marie, la Mère, dans sa vie, on ne perd jamais le centre, qui est le Seigneur. Car Marie ne pointe jamais vers elle-même, mais vers Jésus et vers les frères. Marie ne sait pas comment faire cela [le Pape se montre du doigt]. Jamais. Elle fait toujours ça [le Pape montre l’autre]. Qu’est ce que tu regardes? Elle le fait toujours. Jésus. Il en désigne un autre: «allez à lui». Mais comme cela [le Pape s’indique], elle ne le fait jamais. Et nous le faisons souvent, croyant que nous sommes le centre du monde, du salut. Toujours en indiquant vers Jésus. La Vierge nous apprend beaucoup. Quand on accueille Marie, la Mère, dans sa vie, on ne perd jamais le centre, qui est le Seigneur. Cela vous fera du bien de penser souvent aux paroles que Jésus a prononcées sur la croix en s’adressant à Jean: «Voici ta mère! (Jn 19, 27). Ecouter ces paroles dans son cœur et les sentir adressées à vous, à chacun de vous, chacun à soi. C’est exactement comme cela: Jésus a donné sa Mère comme Mère de chaque disciple; et elle a dit «oui», comme le premier jour, elle a dit «fiat», «amen», et elle est devenue la Mère de l’Eglise. Nous pouvons nous confier à Elle avec la confiance de l’enfant, du pauvre, du simple qui sait que sa Mère est proche de lui, avec soin et tendresse.

Je vous encourage à vivre en vous confiant quotidiennement à la Vierge Marie, qui vous aidera également à grandir comme équipe, en partageant les dons reçus dans un esprit de dialogue et d’accueil mutuel. Cela vous aidera à avoir un cœur généreux, à découvrir la joie du service dans la gratuité, comme elle l’a fait lorsqu’elle est allée rendre visite à sainte Elisabeth. Le thème de la prochaine Journée mondiale de la jeunesse, qui aura lieu à Lisbonne en août de l’année prochaine, est tiré précisément de cet épisode de l’Evangile: «Marie partit et se rendit en hâte» (Lc 1, 39). Il y a un «titre» de la Vierge que j’aime beaucoup. Il y a la Vierge del Carmine, la Vierge Immaculée, beaucoup de titres... J’aime «la Vierge qui se hâte», qui ne perd pas de temps pour aller aider: elle fait toujours des choses pour aider, comme elle l’a fait avec sainte Elisabeth: «Marie partit et se rendit en hâte». Se lever pour servir, sortir pour prendre soin des autres et de la création: ce sont des valeurs typiques des jeunes. Je vous invite à les mettre en pratique en vous préparant aux jmj de Lisbonne. Et parmi vous il y a de nombreux jeunes portugais! Levez la main, les Portugais! Vous travaillez, vous travaillez avec l’évêque auxiliaire, qui est bien, il est bien et il vous fera beaucoup travailler!

Et le troisième mot est les jeunes. L’avenir appartient aux jeunes. Attention cependant! Des jeunes avec deux qualités: des jeunes avec des ailes et des jeunes avec des racines. Avec des ailes pour voler et des racines pour rester sur terre. Les ailes pour voler, rêver, créer; et les racines pour recevoir des personnes âgées la sagesse qu’ils vous offrent. Unis aux racines, unis aux grands-parents. Je pose une question, à laquelle chacun répondra pour soi plus tard: parlez-vous à vos grands-parents? Allez-vous leur rendre visite? Est-ce que tu les écoutes, tes grands-parents, ou est-ce que tu dis «c’est des trucs de vieux, ça ne sert pas»? Ce sont tes racines et si tu n’es pas capable de parler à tes grands-parents, tu ne pourras pas voler. Alors vous pouvez essayer de vous demander: comment vont mes ailes? Mon regard est-il baissé, replié sur moi-même ou est-ce que je sais lever les yeux vers l’horizon? Y a-t-il des rêves, des projets, de grands désirs dans mon cœur, ou est-il plein de plaintes, de pensées négatives, de jugements et de préjugés? Et quand un jeune se plaint, il cherche l’anesthésie de posséder des choses, des choses du dernier modèle, d’avoir ceci, cela..., ce fantasme d’avoir. Et cela vous appesanti et ne vous laisse pas voler. Et puis vous pouvez aussi vous demander: comment vont mes racines? Est-ce que je pense que le monde commence avec moi, ou ai-je le sentiment de faire partie d’un grand fleuve qui a parcouru un long chemin? Si j’ai la chance d’avoir encore mes grands-parents, quelle est ma relation avec eux? Est-ce que je leur parle? Est-ce que je sais les écouter? Est-ce que je leur demande parfois de me raconter quelque chose d’important de leur vie? Est-ce que je garde précieusement leur sagesse? Lever les yeux mais avec les racines. Et le signe que les racines vont bien, c’est si vous savez comprendre et approcher les grands-parents et parler aux grands-parents.

Et enfin, je vois que vous n’êtes pas tous jeunes, et je voudrais aussi dire un mot à vous adultes, couples d’époux et prêtres-assistants. Je pense que c’est une grande joie pour vous d’accueillir et d’accompagner ces jeunes. Puissiez-vous être pour eux des témoins, avec humilité et simplicité. Témoins d’amour pour le Christ et l’Eglise, témoins d’écoute et de dialogue, témoins de service gratuit et généreux, témoins de prière. Merci pour votre présence aux côtés des jeunes: pour le temps et l’attention que vous leur consacrez.

Merci à tous d’être venus, et de me faire connaître de près la réalité des jeunes des Equipes Notre-Dame. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge vous protège. Bon chemin! Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci!

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