Centenaire de "Terre Sainte Magazine"

DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS
A LA DELEGATION DE LA CUSTODE DE TERRE SAINTE
À L'OCCASION DU CENTENAIRE DU MAGAZINE "LA TERRA SANTA"

Chers frères et sœurs, bonjour!

[Excusez-moi si je reste assis, mais j'ai mal à la jambe aujourd'hui. Ça fait mal, ça fait mal si je suis debout. Donc c'est mieux pour moi.]

Je vous souhaite la bienvenue à l'occasion du 100e anniversaire de la revue « La Terra Santa ». Je remercie le Custode de Terre Sainte, le Père Francesco Patton, O.F.M., pour ses mots d'introduction. Et je salue avec gratitude vous tous qui travaillez à la rédaction de la revue dans les différentes éditions linguistiques et pour les Editions Terre Sainte ; ainsi que les responsables des sites Web et des médias sociaux et tous les employés du Christian Media Center. Le service que vous accomplissez aujourd'hui est conforme à l'intuition communicative qui a guidé le Custode Ferdinando Diotallevi il y a cent ans et consiste - comme il l'écrivait dans le premier numéro de la revue - à «faire de la Terre Sainte, la Terre de Dieu, le berceau du christianisme, les sanctuaires vénérables où s'est opérée la Rédemption du genre humain ».

Faire connaître la Terre Sainte, c'est transmettre le « Cinquième Évangile », c'est-à-dire le milieu historique et géographique dans lequel la Parole de Dieu s'est révélée puis s'est faite chair en Jésus de Nazareth, pour nous et pour notre salut. C'est aussi faire connaître aux gens qui y vivent aujourd'hui, la vie des chrétiens des différentes Églises et confessions, mais aussi celle des juifs et des musulmans, pour tenter de construire, dans un contexte complexe et difficile comme le Moyen-Orient, une société fraternelle. .

La communication, à l'heure des réseaux sociaux, doit contribuer à construire des communautés, ou mieux encore, de la fraternité (cf. Message pour la Journée mondiale des communications sociales 2019). Je vous encourage à parler de la fraternité possible : celle entre chrétiens d'Églises et de confessions malheureusement encore séparées, mais qui en Terre Sainte sont souvent déjà proches de l'unité, comme j'ai moi-même eu l'occasion de le constater. Raconter la fraternité possible entre tous les enfants d'Abraham, juifs, chrétiens et musulmans. Raconter la fraternité ecclésiale qui s'ouvre aux migrants, déplacés et réfugiés, pour leur redonner la dignité dont ils ont été privés lorsqu'ils ont dû quitter leur patrie à la recherche d'un avenir pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Raconter cette réalité.

Je vous remercie car, pour parler de la Terre Sainte, vous vous efforcez de rencontrer les gens où et comment ils sont (cf. Message pour le G.M.C.S. 2021). En effet, pour réaliser vos prestations, vos enquêtes et vos publications vous ne vous limitez pas aux territoires les plus pacifiques, mais aussi à visiter les réalités les plus difficiles et les plus souffrantes, comme la Syrie, le Liban, la Palestine et Gaza. Je sais que vous essayez de présenter les histoires du bien, celles de la résistance active au mal de la guerre, celles de la réconciliation, celles de la reddition de dignité aux enfants spoliés de leur enfance, celles des réfugiés avec leurs drames mais aussi avec leurs rêves et leurs espoirs. Merci car, pour faire votre travail de cette manière, vous n'avez pas épargné les semelles de vos chaussures, et je sais que vous ne les épargnerez pas même à l'avenir, afin de pouvoir raconter tout cela.

En fait, pour communiquer une certaine réalité, rien ne peut complètement remplacer l'expérience personnelle d'y vivre. Et vous vivez et travaillez à l'endroit même où la Parole de Dieu, son message de salut s'est fait chair et rendu "rencontrable" en Jésus-Christ, non seulement dans ses paroles, mais dans ses yeux, dans sa voix, dans ses gestes (voir Message pour GMCS 2021). L'attrait de Jésus « dépendait de la vérité de sa prédication, mais l'efficacité de ce qu'il disait était inséparable de son regard, de ses attitudes et même de ses silences. Les disciples n'écoutaient pas seulement ses paroles, ils le regardaient parler. En effet en lui - le Verbe incarné- le Verbe s'est fait Visage, le Dieu invisible s'est laissé voir, sentir et toucher […] (cf. 1 Jn 1, 1-3). La parole n'a d'effet que si vous la « voyez », que si elle vous implique dans une expérience, dans un dialogue » (ibid.).

Chers communicateurs de la Custodie de Terre Sainte, vous êtes appelés à faire connaître ce que le Synode sur la Parole de Dieu (2008) puis le Pape Benoît XVI ont appelé "le Cinquième Évangile", c'est-à-dire la terre dans laquelle l'histoire et la géographie de salut qu'elles rencontrent et permettent de faire une nouvelle lecture du texte biblique, en particulier des textes évangéliques. Là « nous pouvons voir, voire toucher la réalité de l'histoire que Dieu a faite avec les hommes. Des lieux de la vie d'Abraham aux lieux de la vie de Jésus, de l'Incarnation au tombeau vide, signe de la résurrection. Oui, Dieu est entré sur cette terre, il a agi avec nous dans ce monde » (Benoît XVI, Regina Caeli, 17 mai 2009). Et le mystère pascal éclaire et donne aussi un sens à l'histoire d'aujourd'hui, au chemin des peuples qui vivent aujourd'hui sur cette terre, un chemin malheureusement marqué par des blessures et des conflits encore aujourd'hui, mais que la grâce de Dieu ouvre toujours à l'espérance, à l'espérance de la fraternité et de la paix (cf. ibid.). Dans ce sens également, en racontant la Terre Sainte, vous narrez le « cinquième évangile », ce que Dieu continue d'écrire dans l'histoire.

Grâce aux moyens de communication sociale, vous pouvez enrichir la foi de beaucoup, même ceux qui n'ont pas la possibilité de faire un pèlerinage dans les lieux saints. Vous le faites par votre engagement professionnel, mené chaque jour avec compétence au service de l'Evangile. C'est précieux pour les croyants du monde entier et, en même temps, cela soutient les chrétiens qui vivent sur la Terre de Jésus, et je veux profiter de cette occasion pour leur exprimer ma proximité. Je me souviens toujours d'eux, même dans la prière. Je vous prie, en rentrant chez vous, d'apporter mes salutations et ma bénédiction aux familles et aux communautés chrétiennes de Terre Sainte.

Chers frères et sœurs, que la providence du Seigneur et la protection de la Sainte Vierge vous accompagnent toujours dans votre activité. Je donne cordialement la Bénédiction à vous tous et aux autres collaborateurs qui n'ont pas pu venir. Et je vous demande, de la Terre Sainte, une prière pour moi aussi. Merci!

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