Après avoir présidé dans la matinée à la basilique Saint-Pierre une messe d’ordination épiscopale, le Pape François a prié l'Angélus depuis la fenêtre des appartements pontificaux. Lors de sa brève catèchèse, il a attiré l'attention sur les dangers qu'implique la recherche du prestige personnel, «une maladie de l’esprit».
François est revenu sur l'Évangile du jour, au cours duquel les deux disciples Jacques et Jean demandent au Seigneur de siéger un jour avec lui dans la gloire. Ces velléités provoquent l’indignation des autres disciples, a rappelé le Pape à la foule rassemblée place Saint-Pierre, et Jésus «avec patience», leur offre alors une grande leçon : «la vraie gloire ne s'obtient pas en s'élevant au-dessus des autres, mais en vivant le même baptême que celui qu'il recevra, peu après, à Jérusalem».
Le mot «baptême», a expliqué le Saint-Père, signifie «immersion»: «par sa Passion, Jésus s'est immergé dans la mort, offrant sa vie pour nous sauver. Sa gloire, la gloire de Dieu, est donc l'amour qui devient service, et non la puissance qui cherche à dominer. C'est pourquoi Jésus conclut en disant aux siens et à nous aussi : "Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur" (Mc 10,43).»
Émerger
Nous sommes confrontés à deux logiques différentes, a continué le Souverain Pontife: «les disciples veulent émerger et Jésus veut s'immerger», avant de revenir sur le sens même des verbes «émerger» et «immerger». «Emerger» exprime une «mentalité mondaine à laquelle nous sommes toujours tenté», a détaillé François, «vivre toutes choses, même les relations, afin de nourrir notre ambition, de gravir les échelons du succès, d'atteindre des postes importants», avant d’avertir : «la recherche du prestige personnel peut devenir une maladie de l'esprit, se dissimulant même derrière de bonnes intentions». Il faut donc toujours vérifier les intentions du cœur et se demander : «Pourquoi est-ce que j'effectue ce travail, cette responsabilité ? Pour offrir un service ou pour être remarqué, félicité et recevoir des compliments ?».
A cette logique mondaine, a continué François, «Jésus oppose la sienne : au lieu de t'élever au-dessus des autres, descends de ton piédestal pour les servir ; au lieu de t'élever au-dessus des autres, plonge-toi dans la vie des autres.»
Immerger
Jésus demande à chacun de s’immerger avec compassion dans la vie des autres, «comme il l’a fait avec nous». «Nous regardons le Seigneur crucifié, plongé au plus profond de notre histoire blessée, et nous découvrons la manière de faire de Dieu. Nous voyons qu'il n'est pas resté là-haut dans le ciel, à nous regarder de haut, mais qu'il s'est abaissé pour nous laver les pieds.» Comme l’a précisé l’évêque de Rome, Dieu ne s’élève pas «mais descend, comme la pluie qui tombe sur la terre et donne la vie.»
Alors comment passer de la mentalité de prestige à celle de service ? a questionné François : «nous avons en nous une force qui nous aide. C'est celle du baptême, de cette immersion en Jésus que nous avons déjà reçue par grâce et qui nous oriente, nous pousse à le suivre, à ne pas chercher notre propre intérêt mais à nous mettre à son service. C'est une grâce, c'est un feu que l'Esprit a allumé en nous et qui doit être nourri».
«Demandons à l'Esprit Saint de renouveler en nous la grâce du baptême, l'immersion en Jésus, dans sa manière d'être, dans le service», a conclu le Saint-Père.