En cette première audience générale de février depuis la Bibliothèque du Palais apostolique, le Saint-Père a médité sur l’importance de la liturgie dans le catholicisme, en tant que «manifestation du Christ et de son corps sacramentel».
«Dans l’histoire de l’Église, on a plusieurs fois enregistré la tentation de pratiquer un christianisme intimiste, qui ne reconnaît pas aux rites liturgiques publics leur importance spirituelle», constate d’emblée le Souverain pontife argentin. Le Pape rapproche cette tendance de la revendication d'une «grande pureté présumée» propre à une religiosité sans cérémonies extérieures, «considérées comme un poids inutile ou nuisible». Au centre de ces critiques est visée la liturgie.
Le Pape François regrette ainsi que de nombreux fidèles, bien que participant assidument aux rites, en particulier à la Messe dominicale, ont plutôt puisé à d’autres sources, de type dévotionnel, la nourriture pour leur foi et leur vie spirituelle.
Le Mystère du Christ s’exprime dans la liturgie
Mais depuis la Constitution Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II, des progrès ont été accomplis, celle-ci réaffirmant l’importance de la divine liturgie pour la vie des chrétiens.
Dans la divine liturgie en effet, souligne l’évêque de Rome, les chrétiens trouvent «la médiation objective demandée par le fait que Jésus Christ n’est pas une idée ou un sentiment, mais une Personne vivante, et son Mystère un événement historique».
La prière des chrétiens passe à travers des médiations concrètes: l’Écriture Sainte, les Sacrements, les rites liturgiques. «Dans la vie chrétienne on ne fait pas abstraction de la sphère corporelle et matérielle, car en Jésus Christ celle-ci est devenue une voie de salut», insiste le Successeur de Pierre, concluant: «Il n’existe donc pas de spiritualité chrétienne qui ne soit pas enracinée dans la célébration des saints mystères.»
Des signes sacramentels divins
Et le Souverain pontife de poursuivre sur la beauté et spiritualité de la liturgie: «Elle n’est pas seulement une prière spontanée, mais quelque chose de plus et de plus originel: elle est l’acte qui fonde l’expérience chrétienne tout entière et, donc, également la prière. Elle est un événement, elle est un fait, elle est une présence, elle est une rencontre».
Le Christ se rend ainsi présent dans l’Esprit Saint à travers les signes sacramentels: c’est de là que dérive pour nous, les chrétiens, la nécessité de participer aux mystères divins, assure le Pape François.
«Un christianisme sans liturgie est un christianisme sans Christ», ajoute le Saint-Père. «Même dans le rite le plus sobre, comme celui que certains chrétiens ont célébré et célèbrent dans les lieux de détentions, ou dans le secret d’une maison en temps de persécution, le Christ est réellement présent et se donne à ses fidèles».
Célébrer avec ferveur
La liturgie, précisément en raison de sa dimension objective, demande donc à être célébrée avec ferveur.
Selon le Saint-Père, chaque fois que nous célébrons un baptême, ou que nous consacrons le pain et le vin dans l’Eucharistie, ou que nous oignons le corps d’un malade avec l’huile sainte, le Christ est là.
«La prière du chrétien fait sienne la présence sacramentelle de Jésus», relève le Pape, continuant: «La Messe ne peut pas seulement être «écoutée», comme si nous n’étions que les spectateurs de quelque chose qui glisse sur nous, sans nous faire participer. La Messe est toujours célébrée, et pas seulement par le prêtre qui la préside, mais par tous les chrétiens qui la vivent. Le centre est le Christ! Nous tous, dans la diversité des dons et des ministères, nous unissons tous à son action, car c’est Lui le protagoniste de la liturgie».
Gestes, paroles et prières
Et le Saint-Père de rappeler l’exemple du culte des premiers chrétiens «Ils le vécurent en actualisant les gestes et les paroles de Jésus, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, afin que leur vie, touchée par cette grâce, devienne un sacrifice spirituel offert à Dieu. Cette approche fut une vraie ‘’révolution’’».
La vie est appelée à devenir un culte à Dieu, mais cela ne peut pas se produire sans la prière, en particulier la prière liturgique, en conclut le Successeur de Pierre.
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Source : www.vaticannews.va/fr/Catéchèse en intégralité :
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans l’histoire de l’Église, on a souvent observé une tentation de pratiquer un christianisme intimiste, qui ne reconnaît pas aux rites liturgiques publics leur importance spirituelle. Souvent, cette tendance revendiquait la plus grande pureté présumée d’une religiosité qui ne dépendrait pas des cérémonies extérieures, considérées comme un poids inutile et dommageable. Ce qui était au cœur des critiques, c’était non pas une forme rituelle particulière ou une manière spécifique de célébrer, mais la liturgie elle-même, la prière dans sa forme liturgique.
Effectivement, on peut trouver dans l’Église certaines formes de spiritualité qui n’ont pas su intégrer le moment liturgique de façon appropriée. De nombreux fidèles, tout en participant assidument aux rites, en particulier à la messe dominicale, ont plutôt puisé à d’autres sources de type dévotionnel pour nourrir leur foi et leur vie.
Au cours des dernières décennies, un long chemin a été fait. La Constitution Sacrosanctum Concilium du concile Vatican II représente le cœur de ce long parcours. Elle rappelle concrètement et avec cohérence l’importance de la liturgie pour la vie des chrétiens : en elle, en effet, ils trouvent la médiation objective en vertu du fait que Jésus-Christ n’est pas une idée ou un sentiment, mais une Personne vivante, et son mystère un événement historique. La prière des chrétiens passe par des médiations concrètes : l’Écriture Sainte, les sacrements, les rites liturgiques, la communauté. La dimension corporelle et matérielle n’est pas exclue de la vie chrétienne, parce qu’en Jésus-Christ elle est devenue une voie de salut. Nous pourrions dire que nous devons prier également avec notre corps : le corps participe à la prière.
Il n’existe donc pas de spiritualité chrétienne qui ne soit pas enracinée dans la célébration des saints mystères. Le Catéchisme écrit : « La mission du Christ et de l’Esprit Saint qui, dans la liturgie sacramentelle de l’Église, annonce, actualise et communique le mystère du salut, se poursuit dans le cœur qui prie » (n. 2655). La liturgie, en elle-même, n’est pas seulement une prière spontanée, mais quelque chose de plus et de plus originel : c’est l’acte qui fonde l’expérience chrétienne tout entière et, par conséquent, la prière est également un événement, une survenance, une présence, une rencontre. C’est une rencontre avec le Christ. Le Christ se rend présent dans l’Esprit Saint à travers les signes sacramentaux : il en découle pour nous, chrétiens, la nécessité de participer aux divins mystères. J’oserais dire qu’un christianisme sans liturgie est peut-être un christianisme sans le Christ. Sans le Christ total. Même dans le rite le plus dépouillé, comme celui qu’ont célébré et que célèbrent certains chrétiens dans les lieux de détention, ou cachés dans une maison en temps de persécution, le Christ se rend réellement présent et se donne à ses fidèles.
En raison précisément de sa dimension objective, la liturgie demande à être célébrée avec ferveur, pour que la grâce répandue dans le rite ne soit pas perdue mais rejoigne le vécu de chacun. Le Catéchisme l’explique très bien ainsi : « La prière intériorise et assimile la liturgie pendant et après sa célébration » (ibid.). De nombreuses prières chrétiennes ne proviennent pas de la liturgie mais, si elles sont chrétiennes, toutes présupposent la liturgie, à savoir la médiation sacramentelle de Jésus-Christ. Chaque fois que nous célébrons un baptême ou que nous consacrons le pain et le vin dans l’Eucharistie, ou que nous oignons d’huile sainte le corps d’un malade, le Christ est là ! C’est lui qui agit et qui est présent comme lorsqu’il guérissait les faibles membres d’un infirme, ou qu’il remettait son testament pour le salut du monde, à la dernière Cène.
La prière du chrétien fait sienne la présence sacramentelle de Jésus. Ce qui est extérieur à nous devient une partie de nous : la liturgie l’exprime même à travers l’acte si naturel de manger. La messe ne peut pas être seulement « écoutée » ; l’expression « je vais écouter la messe » n’est pas juste. La messe ne peut pas être seulement écoutée, comme si nous n’étions que des spectateurs de quelque chose qui glisse sur nous sans nous impliquer. La messe est toujours célébrée et pas uniquement par le prêtre qui la préside, mais par tous les chrétiens qui la vivent. Et le centre est le Christ ! Nous tous, dans la diversité des dons et des ministères, nous nous unissons tous à son action parce que c’est lui, le Christ, qui est le protagoniste de la liturgie.
Quand les premiers chrétiens commencèrent à vivre leur culte, ils le firent en actualisant les gestes et les paroles de Jésus, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, afin que leur vie, rejointe par cette grâce, devienne un sacrifice spirituel offert à Dieu. Cette approche fut une véritable « révolution ». Saint Paul écrit dans la Lettre aux Romains : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte » (Rm 12, 1). La vie est appelée à devenir un culte rendu à Dieu, mais cela ne peut pas se produire sans la prière, en particulier la prière liturgique. Que cette pensée nous aide tous lorsque nous allons à la messe : je vais prier en communauté, je vais prier avec le Christ qui est présent ; Quand nous allons à la célébration d’un baptême, par exemple, le Christ est là, présent, qui baptise. « Mais Père, c’est une idée, une façon de dire » : non, c’est n’est pas une façon de dire. Le Christ est présent et, dans la liturgie, tu pries avec le Christ qui est à tes côtés.