En ce troisième dimanche de l’Avent, 13 décembre 2020, et avant de réciter la prière de l'Angélus, le Pape François a médité sur la joie chrétienne. Pour l’atteindre, la première des conditions est d’opérer «un décentrement de soi-même», dans le sillage de Jean le Baptiste dans les Évangiles.
Devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre de Rome, le Saint-Père a d'abord invité à la joie, «si caractéristique de la période de l'Avent»; car «l'attente que nous vivons est joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d'une personne que nous aimons beaucoup, par exemple un grand ami que nous n'avons pas vu depuis longtemps», a relevé le Pape.
Cette dimension de la joie émerge particulièrement aujourd'hui, troisième dimanche de l'Avent, qui s'ouvre avec l'exhortation de saint Paul: «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Antienne d'entrée; cf. Ph 4,4,5).
Dieu proche, la joie règne
«Plus le Seigneur est proche de nous, plus nous sommes dans la joie; plus Il est loin, plus nous sommes dans la tristesse», a ainsi observé le Pape, ajoutant: «Un visage triste ne témoigne pas de la joie du Christ».
François a ensuite souhaité attirer l’attention des fidèles sur la figure de saint Jean-Baptiste, dit le Baptiste, présenté dans l’Évangile du jour selon saint Jean. «La figure biblique la première et la plus expérimentée dans l’attente du Messie», relève l’évêque de Rome à son sujet.
L'évangéliste Jean présente d'ailleurs Jean-Baptiste très solennellement: «Un homme est venu, envoyé par Dieu [...]. Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la lumière» (vv. 6-7). Le Baptiste est en effet le premier témoin de Jésus, «avec la parole et avec le don de la vie».
Résister à la tentation d’attirer l’attention sur soi
Tous les Évangiles s'accordent à montrer comment il a accompli sa mission en désignant Jésus «comme le Christ, le Messager de Dieu promis par les prophètes». «Il était un leader en son temps», explique le Souverain Pontife, précisant combien sa renommée s'était étendue à toute la Judée, et au-delà, jusqu'en Galilée. Mais, pourtant, a fait remarquer le Pape, «il n'a pas cédé un seul instant à la tentation d'attirer l'attention sur lui-même: il l'a toujours dirigée vers Celui qui devait venir. Il disait même: "Je ne suis pas même digne de délier la courroie de ses sandales."(v. 27)».
Voici donc la première condition de la joie chrétienne développé par le Pape François: se décentrer de soi-même, et mettre Jésus au centre.
Un chemin d’amour et dépouillement
«Ce n'est pas une aliénation, car Jésus est effectivement le centre, il est la lumière qui donne tout son sens à la vie de chaque homme et femme qui vient au monde. C'est le même dynamisme de l'amour, qui me conduit à sortir de moi-même, à ne pas me perdre, mais à me retrouver comme je me donne, comme je cherche le bien des autres», a assuré le Primat d’Italie.
Jean le Baptiste a parcouru un long chemin pour venir témoigner de Jésus, mais ce chemin de la joie n'est pas une promenade, a continué le Pape. Au contraire, «il a tout quitté, même jeune, pour mettre Dieu à la première place, pour écouter de tout son cœur et de toute sa force sa Parole. Il se retira dans le désert, se dépouillant de toutes choses superflues, pour être plus libre de suivre le vent du Saint-Esprit».
Le modèle Jean-Baptiste
Le Pape convient bien sûr que certains traits de la personnalité de Jean-Baptiste sont uniques et non accessibles à tous, mais son témoignage est «paradigmatique» pour quiconque «veut chercher le sens de sa vie et trouver la vraie joie».
En particulier, affirme le Saint-Père, le Baptiste est un modèle pour ceux qui, dans l'Église, sont appelés à annoncer le Christ aux autres. Or, «ils ne peuvent le faire qu'en se détachant d'eux-mêmes et de la mondanité, non pas en attirant les gens à eux, mais en les orientant vers Jésus», a détaillé le Successeur de Pierre, concluant sa catéchèse tournant le regard vers la Vierge Marie. «Elle a attendu en silence la Parole de salut de Dieu; elle l'a entendue, l'a accueillie, l'a conçue. En elle, Dieu s'est fait proche. C'est pourquoi l'Église appelle Marie "Cause de notre joie"».
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Source : www.vaticannews.va/fr/Pape François : Commentaire de l’Évangile du dimanche de « Gaudete » :
Chers frères et sœurs, bonjour!
L’invitation à la joie est caractéristique du temps de l’Avent: l’attente de la naissance de Jésus, l’attente que nous vivons est joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d’une personne que nous aimons beaucoup, par exemple un ami que nous ne voyons plus depuis longtemps, un parent … Nous sommes dans une attente joyeuse. Et cette dimension de joie émerge surtout aujourd’hui, troisième dimanche, qui s’ouvre sur l’exhortation de saint Paul «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Antienne d’entrée; cf. Ph 4, 4.5). « Réjouissez-vous! ». La joie chrétienne.
Et quelle est la raison de cette joie? «Le Seigneur est proche» (v. 5). Plus le Seigneur est proche de nous, plus nous sommes dans la joie; plus il est loin, plus nous sommes dans la tristesse. C’est une règle pour les chrétiens. Un jour, un philosophe a dit plus ou moins ceci: «Je ne comprends pas comment on peut croire aujourd’hui, parce que ceux qui disent croire ont un visage de veillée funèbre. Ils ne témoignent pas de la joie de la résurrection de Jésus-Christ ». Tant de chrétiens avec ce visage, oui, un visage de veillée funèbre, le visage de la tristesse … Mais le Christ est ressuscité! Le Christ t’aime! Et tu n’as pas de joie? Pensons-y un moment et disons: « Est-ce que je suis heureux parce que le Seigneur est proche de moi, parce que le Seigneur m’aime, parce que le Seigneur m’a racheté? »
L’Évangile selon Jean nous présente aujourd’hui le personnage biblique qui – Marie et saint Joseph exceptés – a le premier et le plus vécu l’attente du Messie et la joie de le voir arriver: nous parlons naturellement de Jean-Baptiste (cf. Jn 1, 6- 8.19-28).
L’évangéliste le présente de manière solennelle: «Un homme est venu envoyé par Dieu […]. Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la lumière » (vv. 6-7). Le Baptiste est le premier témoin de Jésus, par la parole et par le don de sa vie. Tous les Evangiles sont d’accord pour montrer comment il a accompli sa mission en désignant Jésus comme le Christ, l’Envoyé de Dieu promis par les prophètes. Jean était un leader de son temps. Sa renommée s’était répandue dans toute la Judée et au-delà, jusqu’en Galilée. Mais il ne céda pas même un instant à la tentation d’attirer l’attention sur lui: il orientait toujours vers Celui qui allait venir. Il disait: «Pour lui, je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa sandale» (v. 27). Il indiquait toujours le Seigneur. Comme la Vierge Marie: elle indique toujours le Seigneur toujours: «Faites ce qu’il vous dira». Toujours le Seigneur au centre. Les saints autour, indiquant le Seigneur. Et quiconque n’indique pas le Seigneur n’est pas saint!
Voilà la première condition de la joie chrétienne: se décenter de soi-même et mettre Jésus au centre. Ce n’est pas de l’aliénation, parce que Jésus est effectivement le centre, il est la lumière qui donne tout son sens à la vie de chaque homme et de chaque femme qui vient dans ce monde. C’est le dynamisme même de l’amour, qui me conduit à sortir de moi non pas pour me perdre, mais pour me retrouver alors que je me donne, alors que je cherche le bien de l’autre.
Jean-Baptiste a parcouru un long chemin pour rendre témoignage à Jésus. Le chemin de la joie n’est pas une promenade. Il faut du travail pour toujours être dans la joie. Jean a tout quitté, dès son plus jeune âge, pour mettre Dieu en premier, pour écouter sa Parole de tout son cœur et de toute sa force. Jean s’est retiré dans le désert, se dépouillant de tout ce qui était superflu, pour être plus libre de suivre le vent du Saint-Esprit. Bien sûr, certains traits de sa personnalité sont uniques, inimitables, impossibles à proposer à tout le monde. Mais son témoignage est paradigmatique pour quiconque veut chercher le sens de sa vie et trouver la vraie joie.
En particulier, le Baptiste est un modèle pour ceux qui, dans l’Église, sont appelés à annoncer le Christ aux autres: ils ne peuvent le faire que dans le détachement d’eux-mêmes et de la mondanité, non pas en attirant les gens à eux mais en les orientant vers Jésus. Voilà la joie: orienter vers Jésus. Et la joie doit être la caractéristique de notre foi. Même dans les moments sombres, cette joie intérieure, de savoir que le Seigneur est avec moi, que le Seigneur est avec nous, que le Seigneur est ressuscité.
Le Seigneur! Le Seigneur! Le Seigneur! Voilà le centre de notre vie, et voilà le centre de notre joie. Pensez-y bien aujourd’hui: comment est-ce que je me comporte? Suis-je une personne joyeuse qui sait transmettre la joie d’être chrétien, ou suis-je toujours comme ces [gens] tristes, qui, comme je l’ai dit auparavant, semblent être à une veillée funèbre? Si je n’ai pas la joie de ma foi, je ne pourrai pas témoigner et d’autres diront: « Mais si la foi est triste à ce point, mieux vaut ne pas l’avoir ».
Maintenant en priant l’Angélus, nous voyons tout cela pleinement réalisé dans la Vierge Marie: elle a attendu en silence la Parole de salut de Dieu; elle l’a écoutée, elle l’a accueillie, elle l’a conçue. En elle, Dieu s’est fait proche. C’est pourquoi l’Église appelle Marie « Cause de notre joie ».
Paroles du pape François après l’angélus :
Chers frères et sœurs,
Je vous salue tous, Romains et pèlerins.
Je salue ne particulier le groupe qui est venu représenter les familles et les enfants de Rome, à l’occasion de la bénédiction des « Enfants Jésus », rendez-vous organisé par le Centre des patronages romains. Cette année, vous êtes peu nombreux ici à cause de la pandémie, mais je sais que de nombreux enfants et des jeunes sont rassemblés dans des patronages et chez eux et nous suivent grâce aux médias.
Je salue chacun et je bénis les santons de Jésus, qui seront placées dans la crèche, signe d’espérance et de joie. En silence, bénissons les « Bambinelli »: Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Lorsque vous prierez chez vous, devant la crèche avec votre famille, laissez-vous attirer par la tendresse de l’Enfant Jésus, né pauvre et fragile parmi nous, pour nous donner son amour.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas la joie! Le chrétien a le cœur joyeux, même dans les épreuves; il est joyeux parce qu’il est proche de Jésus: c’est lui qui nous donne la joie. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!